Un enfant de Gaza sans bras : la terrifiante image qui remporte le World Press Photo
Elle va faire le tour du monde. La photo d'un garçon palestinien de neuf ans qui a perdu ses deux bras alors qu'il fuyait une attaque israélienne sur sa propre maison dans la bande de Gaza a remporté ce jeudi 17 avril 2025 le Premier prix du World Press Photo 2025 (le plus prestigieux des prix récompensant le travail documentaire des photographes de presse). Le cliché est signé de la photographe palestinienne Samar Abu Elouf pour le New York Times. Le portrait de Mahmoud Ajjour, évacué à Doha après qu'une explosion lui a arraché un bras et mutilé l'autre l'année dernière, suscite une émotion rare, touchant, il oscille entre extrême fragilité et force surnaturelle de ce jeune garçon, toujours vivant après l'ignominie des combats.
"L'une des choses les plus difficiles que la mère de Mahmoud m'ait expliquées, c'est que lorsque Mahmoud a réalisé que ses bras étaient amputés, la première phrase qu'il lui a dite a été : 'Comment vais-je pouvoir te serrer dans mes bras'", a déclaré Samar Abu Elouf. Les yeux ouverts et le regard porté vers un avenir toujours incertain pour les populations de Gaza, le garçon porte un léger débardeur. Simple, pur à la fois et doté d'une immense portée, ce cliché est une "photo silencieuse", explique Joumana El Zein Khoury, directrice exécutive de World Press Photo.
"Je deviendrai pilote et je jouerai au foot avec mes amis"
Pour autant, cette photo "parle très fort. Elle raconte l'histoire d'un garçon, mais aussi d'une guerre encore plus large qui impactera les générations futures", poursuit-il. Le jury, lui, a salué la "forte composition et l'attention portée à la lumière". En effet, la lumière démarre depuis son visage et file vers de nouveaux horizons. Désormais à Doha, le jeune garçon apprend à jouer sur son téléphone, à écrire et à ouvrir des portes avec ses pieds, a déclaré le jury. "Mahmoud a un rêve très simple : il veut obtenir des prothèses et vivre sa vie comme n'importe quel autre enfant", précisent les organisateurs du World Press Photo dans un communiqué.
À l'école palestinienne de Doha, s'il ne peut pas écrire en raison de son handicap, il participe à d'autres activités de la classe de manière assidue. "Je vais continuer à tout essayer", disait-il en septembre dernier. "Je deviendrai pilote et je jouerai au foot avec mes amis", concluait-il. Les photos choisies pour cette 68e édition seront exposées à partir de vendredi à Amsterdam (Pays-Bas), jusqu'au 21 septembre prochain.

Deux autres photos faisaient également partie des finalistes de ce concours. "Sécheresse en Amazonie", d'abord, prise par Musuk Nolte pour Panos Pictures et la Fondation Bertha, montre un homme sur le lit d'une rivière asséchée en Amazonie, transportant des provisions vers un village autrefois accessible en bateau. La seconde, "Traversée de nuit" de John Moore pour Getty Images, montre des migrants chinois se blottissant près d'un feu pendant une averse froide après avoir franchi la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. L'an passé en 2024, un cliché du conflit à Gaza avait déjà remporté le premier prix. Il s'agit de celui de Mohammed Salem, photographe de l'agence Reuters, montrant une Palestinienne endeuillée tenant dans ses bras sa petite-nièce, tuée par une frappe israélienne.