Pas de pape français... à cause de Macron ? Et si l'Elysée avait plombé Aveline ?

Pas de pape français... à cause de Macron ? Et si l'Elysée avait plombé Aveline ? L'interventionnisme d'Emmanuel Macron - largement décrié par la presse italienne - a peut-être été fatal au cardinal français Jean-Marc Aveline.

Polémique autour d'Emmanuel Macron. Le président français a été accusé d'influencer le conclave et l'élection du futur pape par la presse italienne conservatrice. "C'est de l'interventionnisme digne d'un roi Soleil moderne", pouvait-on lire dans les colonnes de Il Tempo en début de semaine. "Macron veut même choisir le pape", s'agaçait le journal La Verità. De son côté, Libero assurait que "Macron s'incruste même dans le conclave", fin avril. En cause : les relations du chef de l'Etat français avec le mouvement catholique Sant'Egidio - proche du pape François - et deux dîners qui ont mis le feu aux poudres. 

En marge des funérailles du pape François, Emmanuel Macron aurait selon la presse italienne "agi en coulisses" pour favoriser un cardinal français, à savoir l'archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline, parmi les favoris annoncés pour prendre la succession de François. C'est ce que sous-entendent certains titres transalpins. Une colère qui se concentre autour de deux repas, le premier a eu lieu avec Andrea Riccardi, fondateur de la communauté de Sant'Egidio, figure influente dans les cercles catholiques et engagée dans la lutte contre la pauvreté dans le monde. Le second s'est déroulé avec plusieurs cardinaux français, dont Jean-Marc Aveline. Justement, l'élection d'un pape français permettrait à Emmanuel Macron de retrouver du poids sur la scène internationale, selon le média italien Libero.

"C'est une manœuvre de l'extrême droite italienne, le président d'une République laïque ne se mêle pas de l'élection du pape", assure l'entourage du président de la République auprès d'Europe 1. Toujours est-il que la presse italienne lui est tombée dessus, et que le "papabili" français est désormais étiquette comme le pape d'Emmanuel Macron. Un désavantage certain, notamment auprès de l'aile plutôt conservatrice de l'Eglise, en plus de la presse italienne. La présence d'Emmanuel Macron dans le cercle religieux pourrait finalement être contre-productive pour Jean-Marc Aveline, les cardinaux seront sans doute relativement réfractaires à l'élection d'un pape déjà auréolé d'une hypothétique complicité politique.

Pour le vice-doyen de la faculté de droit canonique de l'Institut catholique de Paris, il n'y a rien d'anormal à ce que "le président français ait dîné avec des cardinaux français à la villa Bonaparte, le soir des funérailles de François". En revanche, "dans l'histoire de l'Église, il y a toujours eu la tentation pour le pouvoir politique de se mêler de cette élection", poursuit-il chez RFI. Selon lui, ces querelles ont également une autre explication, les divergences marquées entre les gouvernements français et italien. Les médias italiens pro-Meloni n'auraient pas forcément intérêt à voir un pape au profil comme celui de Jean-Marc Aveline, plutôt progressiste sur la question de l'accueil des migrants, comme son prédécesseur. L'ombre d'un pape français s'éloigne donc.

Dans les faits, aucun élément ne permet d'affirmer qu'Emmanuel Macron a tenté de peser sur l'élection du prochain souverain pontife. Mais "dans l'histoire de l'Eglise, il y a toujours eu la tentation pour le pouvoir politique de se mêler de cette élection. De tous temps, des gouvernements ont essayé de savoir, d'anticiper, peut-être même de s'opposer à tel ou tel cardinal", rappelle Cédric Burgun, toujours pour RFI. Pour autant, les règles relativement strictes du conclave, combinées au silence des cardinaux, reclus pour négocier et voter sont censées leur permettent d'éviter toute tentative extérieure d'influence, notamment politique.

Le fait est qu'Emmanuel Macron est soupçonné de pousser Jean-Marc Aveline sur le trône de Saint-Pierre. Si la communauté de Sant'Egidio dénonce des "raccourcis" sans fondement, l'intervention du président français pourrait bien, malgré lui, avoir coupé l'herbe sous le pied du "papabili" français, le mieux placé depuis près de 650 ans. Le dernier pape français ayant été élu en 1370.