Conclave : quel jour et à quelle heure est prévue l'élection du nouveau pape ?
Le conclave a débuté ce mercredi 7 mai au Vatican. L'élection du souverain pontife respecte un protocole très strict mais peut survenir plus ou moins rapidement. Plusieurs moments sont à surveiller.
L'élection du nouveau pape commence enfin. Le Collège des cardinaux se réunit ce mercredi 7 mai 2025, à 16h30, au sein de la chapelle Sixtine pour le fameux conclave chargé d'élire le prochain souverain pontife. Ce conclave, très attendu, vient en réalité entériner les réflexions déjà bien avancées des cardinaux sur l'homme à placer sur le siège de Saint-Pierre.
Pour ce moment solennel, les cardinaux se rassemblent à huis clos dans la chapelle romaine pour procéder à des votes successifs jusqu'à ce qu'un pape soit nommé. Seul les cardinaux électeurs, ceux âgés de moins de 80 ans le jour où le Saint-Siège est devenu vacant, sont autorisés à voter. Deux de ces cardinaux électeurs ont annoncé ne pas participer au conclave pour des raisons de santé. Ils sont donc 133 religieux à choisir le successeur du pape François, lequel doit être élu par la majorité des deux tiers du Collège des cardinaux, soit 89 voix.
Parmi ces cardinaux, nombreux sont ceux à avoir rejoint le Collège durant le pontificat du pape François. Des nominations qui ont rendu l'assemblée religieuse plus représentative et diversifiée : si 53 cardinaux sont Européens, dont de nombreux Italiens, 23 cardinaux viennent d'Asie et autant sont originaires d'Amérique latine, 18 religieux sont Africains et 14 sont issus d'Amérique du Nord, enfin 4 cardinaux d'Océanie complètent la liste des électeurs du pape. Si des religieux aux idées progressistes, héritières de celles du pape François font partie des cardinaux électeurs, d'autres suivent des idéologies plus conservatrices. Des spécificités qui influencent inévitablement le choix du nouveau pape. Théoriquement, tous les hommes baptisés peuvent prétendre à la papauté, mais en pratique le pape est choisi parmi les cardinaux depuis 1379.
Comment se déroule le conclave ?
La messe et le serment
La journée du conclave commence avec une messe spéciale "Pro Eligendo Romano Pontifice" présidée par le doyen des cardinaux, Giovanni Battista Re, dans la basilique Saint-Pierre. Les cardinaux se réunissent ensuite dans la chapelle Pauline pour entamer la procession vers la chapelle Sixtine en entonnant le chant "Veni Creator". Une fois dans la chapelle où doit se tenir le huis clos, les cardinaux électeurs prêtent un serment de discrétion puis le maître des célébrations liturgiques papales donne l'ordre "Extra omnes" qui se traduit par "ceux qui sont en trop partent". Les votes du conclave peuvent alors débuter.
Le vote
Les cardinaux peuvent voter jusqu'à quatre fois par jour, deux fois le matin et deux fois l'après-midi. Pour chaque scrutin, neuf cardinaux sont choisis pour surveiller le vote : trois scrutateurs pour superviser le vote, trois infirmiers pour recueillir les voix des cardinaux malades retenus dans leur chambre et trois réviseurs pour vérifier les résultats. Les cardinaux reçoivent un bulletin sur lequel ils doivent inscrire secrètement le nom de la personne qu'ils souhaitent voir élue et glissent leur bulletin tour à tour dans l'urne par ordre d'ancienneté.
Le dépouillement
Lorsque tous les cardinaux ont voté, les scrutateurs s'assurent que le nombre de bulletins correspond au nombre d'électeurs. S'il y a une erreur, les bulletins sont brûlés et le vote doit recommencer. Les réviseurs constatent ensuite le résultat : le premier ouvre le bulletin, le deuxième note le nom inscrit et le troisième lit à voix haute le nom plébiscité. Les bulletins sont enfilés au fur et à mesure du dépouillement, puis tous réunis autour d'un fil pour être brûlés dans la cheminée de la chapelle Sixtine. L'issue du vote est alors connue et communiquée au reste du monde par la couleur de la fumée qui s'élève : une fumée noire signifie qu'aucun pape n'a été élu, une fumée blanche que le conclave s'est accordé sur le nom d'un nouveau souverain pontife. Les signaux de fumée sont généralement attendus vers 12 heures et vers 19 heures, mais ils peuvent être décalés si le premier vote de la mi-journée aboutit.
La nomination du pape ou Habemus papam
Après l'élévation de la fumée blanche, les cardinaux qui n'ont pas le droit d'assister au vote peuvent à nouveau entrer dans la chapelle Sixtine et le doyen du Collège des cardinaux pose deux questions au pape nouvellement élu : est-ce qu'il accepte sa nouvelle fonction et quel nom papal souhaite-t-il porter ? Le nouveau pape se rend ensuite dans une salle nommée la "chambre des Larmes" dans laquelle il revêt sa tenue de pape. Une prière est récitée et les cardinaux lui rendent hommage. Pendant ce temps, le cardinal protodiacre prononce l"Habemus papam" et donne le nom du pape au balcon de la basilique Saint-Pierre : "Annuntio vobis gaudium magnum; Habémus Papam !", ou "Je vous annonce une grande joie; nous avons un Pape !" en français. Le nouveau pape s'avance ensuite au balcon pour donner sa première bénédiction Urbi et Ordi (qui signifie "à la ville et au monde").
Pas de candidats, mais des favoris pour devenir pape
Si certains cardinaux convoitent la place de Saint-Père, aucun n'est officiellement candidat pour accéder à la fonction de pape. Il y a toutefois des favoris, nommés "papabili", qui peuvent profiter des congrégations précédant le conclave pour s'assurer du soutien d'un certain nombre de cardinaux. Pour les religieux qui ne se voient pas à la tête de l'Eglise, l'enjeu est soit de choisir quel cardinal soutenir selon ses idées, soit de convaincre d'autres cardinaux-électeurs de faire le même choix que vous. Avant le conclave du 7 mai, une poignée de cardinaux apparaissent comme les favoris, mais des surprises sont toujours possibles. En 2013, Jorge Bergoglio devenu pape François ne faisait pas partie des favoris.
Le conclave de 2025 s'annonce comme l'un des plus ouverts des dernières décennies et trois hypothèses se dégagent, avec à chaque fois plusieurs candidats possibles : l'élection d'un pape réformiste dans la lignée du pape François avec le Français Jean-Marc Aveline ou le Maltais Mario Grech, un retour à la tradition avec un pape plus conservateur comme le Hongrois Péter Erdö et le Suédois Anders Arborelius - qui juge sa nomination "très peu probable" - ou encore le Guinéen Robert Sarah, et enfin un pape à même de concilier ces différences avec l'Italien et numéro deux du Vatican Pietro Parolin, le patriarche italien de Jérusalem Pierbattista Pizzaballa ou le Philippin Luis Antonio Tagle.
Combien de temps peut durer le conclave ?
Le conclave n'a pas de durée prédéterminée, il peut être long comme assez court. A compter du début du huis clos, les cardinaux peuvent procéder jusqu'à quatre votes par jour pendant quatre jours, exception faite de la première journée du conclave durant laquelle un seul vote a le temps d'avoir lieu. Si aucun vote n'a abouti, le conclave est suspendu et les religieux peuvent s'accorder des temps de prières, de réflexion et de discussions informelles. Les votes reprennent au sixième jour pour une série de sept scrutins maximum répartis sur deux jours avant une nouvelle pause, et ainsi de suite. En cas d'impasse, après 13 jours de conclave, les cardinaux peuvent décider de limiter le vote aux noms des deux personnes arrivées en tête du dernier scrutin en date. Auquel cas, la majorité absolue des voix suffit pour être élu.
Le conclave le plus long a duré plus de deux ans entre 1268 et 1271, tandis que le plus court a duré quelques heures en 1503. L'élection du pape Benoît XVI en 2005 a été l'une des plus courtes puisqu'elle n'a duré que deux jours comme celle du pape François en 2013. Depuis les années 1900, aucun conclave n'a duré plus d'une semaine, celui-ci pourrait suivre cette tendance. D'autant que plusieurs cardinaux s'attendent à un conclave court, à l'instar du cardinal salvadorien Gregorio Rosa Chavez qui affirme dans les colonnes du Corriere Della Sera que ce ne sera pas un long Conclave : "Je pense que ce sera trois jours au maximum".
La durée du conclave peut être accélérée par les discussions informelles qui se tiennent entre les cardinaux lors des congrégations auxquelles ils participent entre les obsèques du pape défunt et la veille du conclave. Entre le 28 avril et le 6 mai, les cardinaux se sont réunis plus d'une dizaine de fois pour échanger sur le profil du nouveau pape et la direction à donner à l'Eglise.