60 000 habitants "empoisonnés" aux PFAS dans l'eau du robinet ? Un nouveau scandale et une plainte envisagée

60 000 habitants "empoisonnés" aux PFAS dans l'eau du robinet ? Un nouveau scandale et une plainte envisagée Une plainte collective va être déposée dans le Haut-Rhin pour dépassement du taux de PFAS dans l'eau du robinet. Le problème daterait de 2023, au moins, mais "rien n'a été fait".

Dans le Haut-Rhin, onze communes regroupant 60 000 habitants sont soumises à des restrictions de la préfecture concernant leur consommation d'eau du robinet depuis le 5 mai dernier. En cause, la présence de polluants éternels, les PFAS, dans cette eau et à un taux trop important depuis au moins 2023. Voilà pourquoi, plus de 400 habitants ont pris l'initiative d'attaquer en justice Saint-Louis Agglomération et son délégataire de service public, Veolia, par l'intermédiaire d'une plainte collective, révèle ce jeudi 31 juillet, Ici Alsace.

Cette plainte est largement appuyée par un avocat de Mulhouse et devrait être déposée auprès du procureur de la République pour "mise en danger de la vie d'autrui", "distribution d'un produit nuisible à la santé" et "infractions environnementales". Les PFAS dépassent jusqu'à quatre fois les normes en vigueur, fixées à 0,1 microgramme par litre. Problème, une lettre de l'Agence régionale de santé a bien été envoyée au président de Saint-Louis Agglomération dès 2023 pour alerter. Malgré cela, "rien n'a été fait, aucune information", déplore Me André Chamy. Jusqu'à 0,3 microgramme par litre a été relevé, soit trois fois la limite autorisée.

Un courrier a également été transmis aux habitants pour les alerter en 2024. Cette fois-ci, les concentrations en PFAS étaient parfois quatre fois supérieures aux normes. Aucune correction n'est apportée, et ce niveau élevé n'est pas communiqué aux habitants concernés. "Ils ont mené des études, mais sans la moindre information à l'intention de la population", dénonce l'avocat au barreau de Mulhouse.

Un acte "criminel à l'égard de la population"

La situation s'est décantée l'été dernier, sous l'impulsion de la préfecture. "Sans l'intervention du préfet, rien n'aurait été fait", peste l'avocat. "On aurait traîné encore pendant des mois, c'est ce que je trouve criminel à l'égard de la population, on l'a empoisonnée", lance-t-il, dans les colonnes de Ici Alsace. Ce dernier entend bien "rechercher les responsables" et les "traduire devant le tribunal compétent". La plainte en question demande aussi à Veolia de rembourser les factures d'eau contaminée aux PFAS réglées par les habitants, pendant au moins deux ans.

Dans les faits, la directive européenne selon laquelle les taux de PFAS dans les réseaux d'eau potable ne doivent pas dépasser 0,1 microgramme par litre entrera en vigueur le 12 janvier 2026. Voilà pourquoi, Saint-Louis Agglomération n'est pas en retard. En revanche, ce que lui reproche l'avocat porteur de la plainte, c'est de ne tout simplement pas avoir informé les habitants. "Encore faut-il qu'ils nous donnent les informations (...) Si Saint-Louis Agglomération ne dit pas que l'eau dépasse les limites légales, il y a un problème au niveau de l'information portée à la connaissance du public", explique-t-il.