Comment décrypter le langage de la Réserve fédérale américaine ?

Rien de tel qu'un petit dictionnaire pour comprendre le dialecte de la toute puissante FED, la Réserve fédérale des Etats-Unis. Dont les prises de position fixent le tempo des marchés financiers.

Il est difficile pour un néophyte de comprendre la sémantique des marchés financiers, et particulièrement celle de la Réserve Fédérale des Etats-Unis surnommée  « FEDspeak » tant celle-ci est particulière.
Pour Alan Greenspan, ancien Président de la FED, parler le FEDspeak implique souvent « une obfuscation délibérée pour éviter certaines questions auxquelles il n’est pas possible de répondre ».

Puisque répondre « sans commentaire » est, selon Greenspan, peu apprécié par les interviewers, celui-ci préfère répondre de manière stratégique « avec quatre ou cinq phrases qui deviennent de plus en plus vagues. Le demandant pense donc que j’ai répondu à sa question et il passe à la suite ». Ben Bernanke, Président actuel de la FED, utilise également cette tactique pour répondre de manière verbeuse aux questions posées par le Congrès américain.
La nature ambigüe du FEDspeak s’illustre parfaitement par une expression typiquement Greenspannienne : « Je sais que vous pensez avoir compris ce que vous pensez que j’ai dit, mais je ne sais pas si vous vous rendez compte que ce que vous avez entendu n’est pas ce que je voulais dire ». Le Comité Fédéral de l’Open Market a également été soupçonné de se servir du FEDspeak en parlant d’ « inflation bien maîtrisée » dans une annonce de mai 2005.

En outre, quand est envisagé d’augmenter nettement la masse monétaire des Etats-Unis, la Réserve Fédérale utilise rarement, voire jamais, la phrase « imprimer de l’argent ». Préférant des alternatifs difficilement compréhensible pour l’individu lambda, elle fera référence à « l’augmentationde son capital pour équilibrer son bilan » ou parlera de quantitative easing, récemment popularisé par Bernanke. La FED évoque aussi les achats d’actifs, la régulation de la dette de l’agence ou les disponibilités du trésor pour faire tourner la planche à billet.

Quelques définitions du FEDspeak :

* Capital Privé : Fonds que les investisseurs placent volontairement dans un actif pour une raison spécifique.
* Capital Public :
Fonds publics financés par les impôts, les frais etc.
* Dérivé sur un évènement de crédit :
Assurance qui protège l’acheteur d’un titre de créance contre le risque que l’émetteur n’accomplisse pas les obligations de ce titre, le remboursant de la valeur nominale de la dette.
* Devise :
Unité de valeur pour l’achat et la vente d’un actif. Elle est représentait par trois lettres. Exemples : USD (dollar américain), EUR (euro),  YEN (yen), et GPB (livre sterling).
* Déflation :
Baisse générale et continue des prix, une situation que la FED préférerait éviter.
* Echéance :
Date à laquelle une opération financière doit être réalisée.
* Effet de Commerce
: Dette que l’on doit payer dans le futur.
* Indice des Prix à la Consommation (IPC) :
Pouvoir d’achat en devise, mesuré par le prix d’un panier représentatif  de biens de consommation.
* Inflation:
Augmentation générale et continue des prix, suivie par la dévaluation de pouvoir d’achat de la devise d’un pays.
* Intervention sur devise :
Achat ou vente d’une devise par une banque centrale pour pouvoir influer sur son cours.
* Liquidités :
Fonds disponibles pour investir.
* Note de la FED :
Créance bénéficiant de la garantie du gouvernement des Etats-Unis, au lieu d’une garantie supplémentaire.
* Titrisation d’actifsfinanciers :
Confier ses actifs à des investisseurs privés dans le but de les vendre sur le marché des capitaux.
* Risque de Contrepartie:
Risque qu’une ou plusieurs parties impliquées dans une transaction ne tiennent pas leur parole.
* Stabilité des Prix:
Un des buts politiques monétaires de la FED qui implique l’augmentation de l’inflation par quelques pourcentages par an, mesuré par les changements dans l’Indice des Prix à la Consommation.

Exemple concret d’une expression typiquement FEDspeak  : « sur une longue période ».

« Sur une longue période » est souvent utilisée pour parler du prix de référence du taux directeur de la FED, qui n’a pas dépassé la barre des 0,25% depuis le 16 décembre 2008.

Le 27 avril dernier, le Comité Fédéral de l’Open Market a annoncé maintenir le taux directeur à un niveau bas et a ainsi annoncé : «  Le Comité maintiendra une fourchette de 0 à 0,25% pour son taux directeur et continue d’anticiper les évolutions économiques, y compris les taux faibles d’utilisation des ressources, les tendances très modérées d’inflation ainsi que les prévisions stables de l’évolution de l’inflation. Il en résulte que le taux directeur restera exceptionnellement bas sur une longue période. »

Officiellement, cette phrase doit être comprise comme-ci : « Le taux directeur est conditionné par les ressources superflues, l’inflation modérée et les attentes d’une inflation stable. C’est pourquoi, il sera bas sur une longue période. » Cependant beaucoup l’ont interprété de la manière suivante : «  L’économie des Etats-Unis reste incertaine et cela pour une durée encore inconnue ce qui empêche la FED de remonter son taux directeur ».
Pour conclure, pour de nombreux investisseurs, lorsque ce type de phrases ne se retrouvera plus dans les annonces officielles de la FED, cela sera un signe d’une augmentation certaine de son taux directeur.