Votre maison perd jusqu'à 20% de sa valeur à cause d'un document obligatoire qui est peu fiable

Votre maison perd jusqu'à 20% de sa valeur à cause d'un document obligatoire qui est peu fiable

Les propriétaires sont parfois contraints de baisser leur prix en raison d'une obligation administrative très critiquée.

Avec des taux de crédits encore très élevés, vendre sa maison ou son appartement au prix souhaité relève du miracle. Les acheteurs ne se bousculent plus et, voyant leur capacité d'emprunt diminuer, tentent de tirer les prix vers le bas. Pour les vendeurs, accepter de céder un bien à un prix inférieur à son achat ou sans plus-value est souvent difficile à encaisser. D'autant que le montant de la transaction peut parfois être diminué par un document dont la fiabilité est remise en cause.

Avant de vendre définitivement son appartement ou sa maison, tout propriétaire doit refaire calculer la surface de son habitation, faire évaluer la consommation annuelle d'électricité et/ou de gaz du bien et effectuer divers états des lieux sur l'installation électrique, la présence d'amiante, de termites et de plomb, les risques naturels et de pollution autour du logement. Autant de formalités obligatoires qui ne peuvent être effectuées que par un professionnel, moyennant 100 à 250 euros.

L'ensemble des résultats est compilé dans un seul document, appelé Diagnostic de performance énergétique (DPE). Parmi tous ces éléments évalués, la consommation énergétique est la plus regardée : un logement neuf, bien isolé et qui consomme peu pour le chauffer sera noté A, B ou C, tandis qu'un logement ancien, mal isolé et très énergivore verra un E, F ou G lui être attribué. Un logement moyen sera classé D.

Pourtant, les résultats du DPE ne sont pas forcément fiables, alors qu'ils ont un impact non-négligeable sur le prix de vente du bien. Selon les Notaires de France, une notation en E, F ou G fait perdre à une maison jusqu'à 22% de sa valeur et jusqu'à 12% pour un appartement.

Des comparaisons effectuées par l'association 60 millions de consommateurs et l'organisme HelloWatt montrent que pour un même bien, les résultats du DPE ne sont pas les mêmes selon les professionnels qui les réalisent : une même maison a été classée B et D par deux entreprises diverses, une autre C et E, quand d'autres logements ont reçu, d'un côté, un A, B ou C, avant d'être notées E, F ou G de l'autre.

La dernière enquête pointe un autre manque de fiabilité du document. Effectuée par le Conseil d'analyse économique (CAE), celle-ci estime que les résultats de consommation énergétique du logement donnés dans les DPE sont largement erronés et, surtout, largement surévalués.

Selon les formules de calcul du DPE, entre une habitation classée G et une autre classée A, les dépenses pour se chauffer seraient multipliées par six. Or, en réalité, elles ne doubleraient même pas, après l'analyse des données bancaires de 180 000 personnes. Le véritable montant des frais énergétiques d'un logement classé G par le DPE correspondrait en fait à un logement classé C par le DPE, selon les éléments publiés par Les Echos. Et la consommation de chaque classe serait bien moindre qu'estimée. Un acquéreur achetant une passoire thermique ne serait donc pas aussi perdant qu'annoncé. Les vendeurs ne devraient pas manquer de brandir cette étude pour contrer la demande de baisse de prix

Les questions autour du Diagnostic de performance énergétique ont abouti à une première modification du mode de calcul. Celle-ci va permettre à 140 000 logements de petite surface d'être mieux notés et ne plus être considérés comme énergivores, probablement à partir du 1er juillet 2024. De quoi alimenter encore le débat sur l'intérêt du DPE, déjà largement remis en cause.