Scandale Volkswagen : une économie de 300 euros à l’origine de la fraude ?
Le journal allemand Bild am Sonntag donne quelques clés permettant de comprendre, ce qui a conduit Volkswagen à commettre une fraude d’ampleur mondiale en installant un logiciel espion, maquillant et truquant les émissions de gaz polluants lors des tests antipollution réalisés, notamment aux Etats-Unis (plus d'infos sur le fonctionnement du logiciel). Tout commence en 2005 selon le journal. Volkswagen cherche à développer ses ventes sur le sol américain et compte pour cela sur sa technologie diesel, peu répandue aux Etats-Unis. Problème, le diesel rejette plus de particules de carbone et de dioxyde d’azote que l’essence. Or les normes sont plus sévères aux Etats-Unis et donc difficiles à respecter. Volkswagen se doit d’améliorer ses moteurs, des ingénieurs se penchent logiquement sur la question. C’est le cas notamment de Rudolf Krebs, encouragé par son responsable Wolfgang Bernard. Leurs travaux aboutissent au développement d’une technologie dite SCR permettant de neutraliser une grande partie des émissions de Nox (jusqu’à 80% selon les chiffres donnés par la presse allemande).
Problème, son installation coûte cher : 300 euros par véhicule. Or, Volkswagen est alors en pleine politique de réduction des coûts. Ce "cost killing" aboutit à une autre décision : installer un logiciel permettant de contrer les tests et de frauder. Celui-ci aurait été développé et fourni à Volkswagen par Bosch. Le célèbre équipementier aurait prévenu son client : ce logiciel ne doit avoir qu’un usage interne, son utilisation en série étant illégale. La mention figure dans un document présenté comme "explosif" par le tabloid Bild. L’avertissement restera sans suite comme celui d’un technicien en 2011. Ce dernier faisait partie des effectifs de Volkswagen. Au final, l’économie de 300 euros par véhicule pourrait couter plusieurs milliards à Volkswagen, dont une amende de 16 milliards d'euros. L’enquête suit son cours et de nombreuses questions restent en suspens : combien coûtait le logiciel fourni par Bosch ? Qui l’a fabriqué à grande échelle et l’a installé ? Quels membres de la direction étaient au courant de la fraude ? Lundi, un parquet allemand, s’appuyant sur des plaintes au pénal de clients de Volkswagen, a ouvert une information judiciaire contre l’ancien patron de Volkswagen, Martin Winterkorn. Ce dernier a présenté sa démission mercredi et a été remplacé vendredi par Matthias Müller. Volkswagen a également porté plainte contre X.