"Un cauchemar dont je ne pouvais pas me réveiller" : une actrice traine Roman Pokanski au tribunal pour la première fois en 45 ans

"Un cauchemar dont je ne pouvais pas me réveiller" : une actrice traine Roman Pokanski au tribunal pour la première fois en 45 ans Roman Polanski est jugé en diffamation ce mardi 5 mars 2024. En décembre 2019, il avait qualifié les accusations de viols proférées par Charlotte Lewis à son encontre de "mensonge odieux".

Roman Polanski se retrouve pour la première fois devant la justice depuis sa fuite des Etats-Unis, en 1977. Le réalisateur âgé de 90 ans est jugé ce mardi 5 mars par le tribunal correctionnel de Paris pour diffamation envers l'actrice Charlotte Lewis. Cette dernière l'avait publiquement accusé, en 2010, de l'avoir violée en 1983, sur le tournage du film Pirates, alors qu'elle était âgée de 16 ans. Le réalisateur, qui avait dénoncé un "mensonge odieux" en 2019, ne sera toutefois pas présent à l'audience, contrairement à la plaignante.

Roman Polanski n'est donc pas jugé pour les faits de viols, mais pour diffamation pour les propos qu'il a tenu dans cette interview à Paris-Match en 2019. En interview au Parisien, Charlotte Lewis estime avoir été victime d'une "campagne de diffamation", ce qui, selon elle, "a été bien pire" que le viol, "parce que la diffamation me fait souffrir chaque jour depuis quatorze ans (...] C'est comme si je vivais un cauchemar dont je ne pouvais pas me réveiller". La comédienne assure que, depuis, elle a développé un syndrome post-traumatique, elle a fait une dépression nerveuse et a été blacklistée en tant qu'actrice.

L'avocate de Roman Polanski, Me Delphine Meillet, a déclaré à l'AFP que son client "a le droit de se défendre publiquement" face aux accusations, tandis que le conseil de Charlotte Lewis, Me Benjamin Chouai, estime que "salir, discréditer, diffamer, ça fait partie intégrante du système Polanski".

Bataille médiatique

En décembre 2019, Roman Polanski avait été interrogé sur cette affaire par le magazine Paris Match. Il avait alors qualifié les propos de l'actrice de "mensonge odieux" : "Voyez-vous, la première qualité d'un bon menteur, c'est une excellente mémoire. On mentionne toujours Charlotte Lewis dans la liste de mes accusatrices sans jamais relever ses contradictions".

En substance, il fait référence à une interview qui avait été republiée dans le tabloïd News of the World, dans lequel l'actrice disait se prostituer à l'âge de 14 ans et qu'elle voulait "devenir la maîtresse" de Polanski. Elle a depuis contesté cette interview, mais la parole de la comédienne a été discréditée. Interrogé sur les raisons qui auraient pu pousser Charlotte Lewis de "l'accuser à tort", Roman Polanski avait alors répondu en 2019 : "Qu'est-ce que j'en sais ? Frustration ? Il faudrait interroger des psys, des scientifiques, des historiens, que sais-je".

En interview au Parisien ce mardi, Charlotte Lewis réplique en déclarant qu'elle a dû faire face depuis 2010 à "des gens qui pensent que je me suis prostituée à l'âge de 14 ans, ce que je n'aurais jamais pu faire et que je n'ai jamais fait". Elle assure également que "Roman Polanski sait très bien que je n'ai jamais été ni une prostituée ni une menteuse. Je veux juste laver mon nom pour mon fils et ses futurs enfants".