Megalopolis : le fiasco de Francis Ford Coppola à Cannes Alors que le retour du cinéaste de 85 ans sur la Croisette était présenté comme un événement, le film ne s'élève pas à la hauteur des attentes, bien au contraire. Notre critique.

Mais qu'est-il arrivé à Francis Ford Coppola ? Le cinéaste a présenté ce jeudi soir son dernier film, Megalopolis, en avant-première mondiale au Festival de Cannes. Et si le cinéaste est révéré pour plusieurs films de sa filmographie, la trilogie du Parrain, Apocalypse NowDracula et Conversations Secrètes, il ne le sera probablement pas pour son nouveau film.

Megalopolis se présente comme une fable romaine, un récit futuriste dans lequel deux visions de la ville de demain s'opposent : celle, idéaliste et novatrice, d'un architecte brillant et ambitieux, et celles d'un maire d'avant-garde réfractaire au changement ou des arrivistes populistes et corrompus. Et au milieu de tout ça, se trouve la fille du maire, qui essaie de concilier les vues de son père et de cet architecte dont elle est amoureuse.

Sur le papier, Megalopolis suscitait la curiosité et semblait très prometteur dans sa volonté de transposer la mythologie romaine dans notre société moderne pour en pointer du doigt les dérives. Mais l'exécution est totalement ratée. L'écriture d'abord est pompeuse. Sous ses grands airs de parler de la décadence de la société américaine, le film se noie sous les poncifs, servis par une voix off sentencieuse et des dialogues maniérés. Tout y est déjà vieux : la vision des femmes est archaïque (la mère, la vierge et la putain, littéralement) comme la vision de la société fracturée en deux camps simplistes (les riches décadents et les pauvres sans histoire). Les réflexions pseudo-philosophiques enrobées de beaux mots et de citations de Marc-Aurèle sur le progrès et la civilisation ne rendent pas le film plus intelligent, bien au contraire.

Fourre-tout indigeste

Du côté de la mise en scène, ce n'est malheureusement pas mieux tant le film est laid. Les quelques bonnes idées distillées ça et là qui réussissent à surprendre sont noyées dans un fourre-tout indigeste et prétentieux. La faute, aussi, à des effets spéciaux souvent ratés et des effets de style franchement ringards. Le casting, alléchant sur le papier encore un fois, ne suffit pas à sauver le film, et certains ne servent qu'à faire de la figuration, comme Jason Schwartzmann ou Dustin Hoffmann. 

Pour un film qui se revendique comme futuriste, Megalopolis est déjà daté, et la projection a été ponctué de plusieurs rires moqueurs. Difficile de comprendre comment un projet mûri depuis plusieurs décennies et aussi attendu a pu donner naissance à un tel naufrage. Si le nom n'était pas celui de Coppola, on se demande si Megalopolis aurait vraiment été sélectionné en compétition à Cannes.

Synopsis - Megalopolis est une épopée romaine dans une Amérique moderne imaginaire en pleine décadence. La ville de New Rome doit absolument changer, ce qui crée un conflit majeur entre César Catilina, artiste de génie ayant le pouvoir d'arrêter le temps, et le maire archi-conservateur Franklyn Cicero. Le premier rêve d'un avenir utopique idéal alors que le second reste très attaché à un statu quo régressif protecteur de la cupidité, des privilèges et des milices privées. La fille du maire et jet-setteuse Julia Cicero, amoureuse de César Catilina, est tiraillée entre les deux hommes et devra découvrir ce qui lui semble le meilleur pour l'avenir de l'humanité.

Une date de sortie encore floue

Au casting du film, on retrouve des stars connues du public, comme Adam Driver (Star Wars), Nathalie Emmanuel (Game of Thrones), Dustin Hoffman (Le Lauréat), Shia LaBeouf (Transformers), Giancarlo Esposito (Breaking Bad), Laurence Fishburne (Matrix), Aubrey Plaza (Parks and Recreation) ou Jason Schwartzman (A Bord du Darjeeling Limited).

Pour l'heure, la date de sortie n'a pas été officiellement annoncée. Selon des informations du Point, une sortie cinéma en France en septembre prochain a été évoquée, mais encore rien de précis ni d'officiel. Il faut dire que, si le projet est assurément ambitieux, son potentiel commercial est encore très incertain. Ce qui est certain, c'est que le film est prévu pour sortir en 2024. 

Des accusations contre Francis Ford Coppola

Dans une enquête du Guardian publiée avant la projection de Megalopolis à Cannes, le comportement de Francis Ford Coppola sur le tournage a été jugé très déplacé par des membres de l'équipe. Le journal raconte que le réalisateur "aurait contraint des femmes à s'asseoir sur ses genoux, par exemple", et aurait "tenté d'embrasser certaines des figurantes, qui étaient alors topless et peu vêtues". Son manque de professionnalisme ("parce qu'aucun plan n'avait été établi, et qu'il ne permettait pas à ses collaborateurs d'en établir un, il restait souvent assis dans sa caravane pendant des heures, ne parlait à personne, fumait souvent de la marijuana…") a également été pointé du doigt.

Le producteur exécutif Darren Demeter a démenti, assurant que "Francis se promenait sur le plateau" lors d'une scène "pour établir l'esprit de la scène en donnant de gentils câlins et des baisers sur la joue aux acteurs et aux figurants. C'était sa façon d'aider à insuffler et inspirer l'atmosphère du club, qui était si importante pour le film. Je n'ai jamais eu connaissance de plaintes pour harcèlement ou mauvais comportement au cours du projet."