Les marques parlent aux lecteurs de Linternaute.com - en savoir plus ?

Les géants du numérique signent-ils la mort du cinéma français ?

Les géants du numérique signent-ils la mort du cinéma français ? Décalés et spontanés, les débats des Éclaireurs nous donnent une autre vision de la culture. Organisés depuis 2017 par les Espaces Culturels E.Leclerc, ils réunissent autour de Frédéric Taddeï et de Michel-Édouard Leclerc les acteurs du monde de la culture.

Pour cette  soirée où l'on s'est demandé si "les géants du numérique étaient en train de tuer le cinéma français", Michel-Édouard Leclerc et Frédéric Taddeï ont invité des professionnels du monde du cinéma à débattre sans langue de bois, comme c'est l'usage lors des débats des Éclaireurs. Autour d'eux : le scénariste Alexandre Charlot (Astérix aux Jeux olympiques, Bienvenue chez les Ch'tis...), le directeur du Film français Laurent Cotillon, Pierre Kreidl, responsable de l'Espace Culturel E.Leclerc de Vernon en Normandie et le producteur, scénariste et réalisateur Frank Ribière.

Linternaute.com : Quel type de spectateur êtes-vous ?

Frédéric Taddéi : Je suis avant tout un spectateur de DVD parce que c'est le seul support où je peux retrouver les grands films des grands cinéastes qui m'ont donné l'amour du cinéma. J'en fais venir du monde entier et j'ai des lecteurs de toutes les zones ! Mais si je ne regarde quasiment jamais la télévision et que je ne vais jamais dans une salle de cinéma, j'utilise Netflix pour visionner des séries.

Michel-Édouard Leclerc : Comme mon ami Frédéric Taddeï, je me suis construit une vidéothèque de DVD mais j'ai des pratiques "multicanal" ! C'est Michel Lebris, créateur du festival Étonnants Voyageurs, qui m'a fait découvrir les séries. Après David Lynch, je suis tombé amoureux des deux bad girls de Casa de Papel ! Néanmoins, j'aime toujours aller au cinéma, ressentir des émotions auprès d'autres et finir la soirée dans un bar ou un restaurant. C'est un plaisir collectif.

Selon vous, comment le cinéma français peut rivaliser avec le succès et le format des séries ?

F.D : Il doit se transformer ! Le cinéma est en concurrence avec les séries mais aussi avec tout ce qui nous prend du temps chaque jour. La "part de marché" de notre temps que l'on consacre au cinéma français ne cesse de se rétrécir. Il n'est plus assez concurrentiel et le niveau est faible, que ce soit l'écriture ou la réalisation.

M-E.L : Le numérique et les nouveaux formats demandent que les artistes s'adaptent, écrivains ou cinéastes. Ce n'est pas une mauvaise chose : cela les pousse à inventer pour garder l'attention du public. Il ne faut pas être nostalgique : certains péplums que l'on regardait durant notre enfance sont jugés "vieux et ridicules" par les jeunes d'aujourd'hui.

La mutation est donc inévitable ?

F.D : Peut-être que ce n'est plus là que cela se passe et que les créatifs délaissent le cinéma pour les séries ou les jeux vidéos.

M-E.L : Regardez aussi sur Youtube : on y découvre une prolifération de très bons petits films, réalisés par de jeunes auteurs issus d'écoles de cinéma. Les circuits de distribution ont changé.

Extrait du débat "Les géants du numérique signent-ils la mort du cinéma français ?"

Quelques réactions du public à l'issue du débat

Pour Guillaume, 33 ans, des plateformes comme Netflix "ne vont pas tuer le cinéma français mais au contraire ouvrir de nouvelles opportunités, en mettant en avant des réalisateurs qui n'ont pas la possibilité d'être diffusés dans les salles de cinéma". Elles donnent accès "à des milliers de films", se réjouit-il. Camille, 38 ans, pense aussi que "c'est un faux débat" et que "les cartes sont redistribuées différemment : les modes de consommation changent", analyse-t-elle. Quant à Jacky, critique de cinéma, passionné par le débat, il affirme que l'histoire est vieille comme le cinéma : "A chaque fois, tel un phœnix, le cinéma est déclaré mort mais renaît de ses cendres".

En vidéo, l'intégrale du débat "Les géants du numérique signent-ils la mort du cinéma français ?"