Les héritiers de Charles Aznavour gèrent une énorme fortune, sans drame mais avec quelques couacs
Des shows un peu partout en France, dont un concert événement diffusé sur France 3 ce vendredi, un film consacré à sa vie avec un Tahar Rahim époustouflant dans le rôle principal, des rues et des places rebaptisées dans plusieurs villes... Alors que Charles Aznavour aurait eu 100 ans cette année et qu'il a quitté la scène il y a six ans tout juste, en octobre 2018, il est au coeur de nombreux projets et hommages en cet automne 2024. Avec quelques millions d'euros à la clé en billetterie, cachets, droits de diffusion, ou publicité.
Mais c'est sans doute les droits d'auteurs qui impressionnent le plus quand on sait que les oeuvres de la légende de la chanson, qui était à la fois auteur et compositeur, sont encore massivement diffusées à la télévision comme à la radio. Anecdote parmi d'autres sur ce succès toujours phénoménal : Charles Aznavour est aujourd'hui l'artiste français le plus samplé du monde, comme le rappelait Radio France il y a peu.
Sa musique et sa voix ont été reprises récemment par les DJ à l'affiche des cérémonies des JO, mais aussi par Bad Bunny, rappeur portoricain aujourd'hui le plus streamé sur la planète. Avant, ce sont des artistes tels que Passy ou même Dr Dre, dans "What's The Difference" en 1999, qui reprenaient le fond sonore de "Parce que tu crois" et d'autres monuments de la chanson. De son vivant, Aznavour l'assurait : "les rappeurs et les slameurs écrivent merveilleusement notre langue". Et ils le lui rendent donc bien...

Radio France a estimé fin 2023 que Bad Bunny devrait reverser 50% des droits d'édition aux héritiers de Charles Aznavour, Mischa Aznavour, sa soeur Katia, son frère Nicolas et leur demi-soeur Seda, qui gèrent tous les quatre l'énorme patrimoine laissé par la star. Au total, les royalties (sommes versées à ses ayants droits à chaque fois qu'un morceau d'Aznavour est diffusé) représenteraient plus de 10 millions d'euros par an. Le tout dans un patrimoine global estimé en mai dernier dans la presse à 145 millions d'euros.
Dans Gala, Mischa Aznavour se confiait alors sur ce sujet sensible, assurant que "tout se décide en commun" avec ses frère et sœurs et "en bonne entente, pour que les projets n'interfèrent pas les uns avec les autres". Il faut dire que l'héritage a été bien préparé par la légende de la chanson. "Mon père avait tout organisé avant son départ. Il souhaitait qu'on n'ait aucun souci", expliquait encore Mischa Aznavour. Ce qui n'a pas empêché quelques vexations. "Pour vous donner une idée, on avait une forêt à Montfort-l'Amaury, que j'adorais. Je voulais qu'il me la laisse, mais il ne voulait rien entendre. Il disait : 'Ce n'est pas constructible, je vais la vendre, tu ne vas pas savoir quoi en faire...'"
La famille Aznavour a aussi dû gérer la vente de la propriété du chanteur à Mouriès, en Provence : "Cela a été près de trente ans de la vie de mon père, mais ce n'est pas un endroit qu'on a trop connu. En même temps, j'aurais bien gardé Mouriès pour y faire le musée Aznavour. Parce que, Erevan, c'est un peu comme la tombe de Johnny à Saint-Barth : c'est trop loin pour les fans", a reconnu Mischa Aznavour.