Bientôt un programme national de dépistage du cancer du poumon en France ? Il pourrait réduire la mortalité de 25 %
Y aura-t-il dans quelques années un dépistage organisé du cancer du poumon en France, comme il existe déjà pour le cancer du sein, le cancer du col de l'utérus et le cancer colorectal ? "On peut raisonnablement espérer une généralisation avant 2030", estime le Pr Norbert Ifrah, le président l'Institut National du Cancer (INCa) lors d'une conférence de presse pour présenter le projet de dépistage de cancer du poumon qu'ils financent. 20 000 personnes en France vont y participer dès 2025 et pendant les prochaines années. Il s'agit de fumeurs entre 50 et 74 ans, qui fument l'équivalent d'un paquet par jour depuis 20 ans, ou d'anciens fumeurs ayant arrêté depuis moins de 15 ans. Le tabac est en effet responsable de 8 cancers du poumon sur 10.
Concrètement, le projet consiste à réaliser un scanner thoracique à faible dose chez ces 20 000 personnes, et proposer à ceux qui fument toujours une aide au sevrage tabagique. Deux scanners à un an d'intervalle, puis un tous les deux ans, seront réalisés. Les résultats du projet, attendus d'ici minimum trois ans, vont "conditionner" une éventuelle généralisation d'un dépistage organisé en France, qui pourrait être déployé "avant 2030", selon le président de l'INCa.
"Les trois quarts des cas sont détectés à un stade avancé"
Il rappelle que "l’intérêt de ce dépistage est majeur pour la santé publique, et que ce programme pilote marque une avancée significative dans la lutte contre les cancers du poumon". Le cancer du poumon est en effet le plus meurtrier en France. Plus de 30 000 personnes en décèdent chaque année, et 53 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Si le nombre de cas diminue légèrement depuis plusieurs années chez les hommes, il augmente d'environ 4 % par an chez les femmes.
Le problème est que le cancer du poumon est souvent détecté trop tard : "les trois quarts des cas sont détectés à un stade avancé", rappelle le Pr Ifrah. "La survie à 5 ans n'est ainsi que de 4 % pour une détection au stade IV de ce cancer, stade auquel il est aujourd'hui diagnostiqué dans 40 % à 55 % des cas", d'après la Haute Autorité de Santé (HAS). À l'inverse, "le cancer du poumon, pris au tout début, est curable chirurgicalement", d'où l'intérêt de le détecter le plus tôt possible.
C'est pour cette raison que la Haute Autorité de Santé a recommandé en 2022 le lancement de ce programme pilote. La HAS s'est basée sur des études récentes menées sur plusieurs dizaines de milliers de personnes, qui ont montré "que le dépistage permet de dépister plus tôt la maladie", réduisant ainsi la mortalité d'environ 20 à 25 %. Cela représenterait environ 6 000 vies sauvées chaque année en France.