"C'est une aberration" selon les médecins : seuls 34% des Français concernés font ce geste important pour leur santé
Même s'il permet de sauver de nombreuses vies, ce dépistage est peu suivi par les Français.
Lorsque le cancer colorectal est dépisté tôt, il peut être guéri dans 9 cas sur 10. C'est pour cette raison qu'il existe un programme de dépistage organisé (comme pour le cancer du sein et le cancer du col de l'utérus), invitant les Français âgés de 50 à 74 ans à se tester tous les deux ans. Mais en 2021-2022, seuls un tiers des 17,7 millions de personnes éligibles ont réalisé le test. Les plus jeunes d'entre eux et les hommes sont ceux qui y participent le moins. Pour mieux comprendre cette situation, la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer a mené une enquête auprès des Français, dont les résultats ont été publiés en février 2025.
Ils révèlent que les raisons qui freinent le plus le dépistage sont : la peur des résultats pour 57 % des personnes concernées, puis... l'embarras pour 31 % d'entre eux et le dégoût d'en parler (29 %). Globalement, parler du sujet des selles est tabou pour plus d'un Français sur deux âgé de 45 ans et plus. "Cette gêne limite les discussions sur le dépistage, notamment avec les proches", d'après un communiqué de la Fondation ARC. Les personnes ciblées par le dépistage sont donc peu incitées par leur entourage à le réaliser.

Pourtant, d'après l'enquête, les personnes qui l'ont réalisé "l'ont trouvé rapide (93%), facile à faire (87%) et pas si désagréable (77%)". Elles pourraient donc rassurer les personnes qui n'ont pas encore fait le test, ces dernières étant particulièrement gênées de le faire. Globalement, la majorité des Français ont une bonne image du test, le considèrent comme important, fiable (84 %) et facile à réaliser (78 %). Le test de dépistage du cancer colorectal est en effet réalisé très simplement à la maison, et il est indolore et gratuit.
"C'est une aberration car 6600 vies pourraient être sauvées pour une question de tabou sur les selles", regrette la Fondation ARC dans les résultats de l'enquête. Elle estime qu'il y a "urgence" à "désacraliser et dédramatiser un dépistage crucial. Il est temps de lever ce tabou culturel et de normaliser la parole autour de ce sujet pour sauver des vies". Le cancer colorectal est le 2e cancer le plus meurtrier : il tue environ 18 000 personnes par an en France.