La mort subite est un décès inattendu seulement quelques heures après le début de symptômes. Ce phénomène peut concerner plusieurs dizaines de milliers de Français chaque année.
On prend des médicaments pour aller mieux, mais ils peuvent parfois être dangereux pour notre santé. Des chercheurs danois ont récemment étudié l'impact d'un traitement en particulier sur le risque de mort subite cardiaque. Leur recherche, présentée au congrès 2025 de la Société européenne de cardiologie, a mis en évidence que le risque de mort subite était "significativement plus élevé" chez les personnes qui avaient pris ce traitement par rapport à celles qui ne le prenaient pas.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont examiné l'ensemble des décès des adultes danois sur une année. Résultat : les personnes qui avaient pris des antidépresseurs pendant moins de 5 ans avaient un risque de mort subite accru de 56 %, et pour celles qui en avaient pris pendant 6 ans ou plus, le risque était 2,2 fois plus élevé. Le risque était différent en fonction de l'âge : il était multiplié par 5 chez les 30-40 ans qui avaient pris des antidépresseurs pendant 6 ans ou plus, et multiplié par 4 chez les cinquantenaires qui avaient pris le traitement pendant la même durée. Le risque était de moins en moins élevé avec l'âge, et ne concernait pas les moins de 30 ans.

D'après les chercheurs, ce lien entre les antidépresseurs et le risque de mort subite pourrait être directement liée au traitement, mais pas forcément. "Le risque accru de mort subite d'origine cardiaque peut être attribué aux effets néfastes potentiels des antidépresseurs. Toutefois, la durée d'exposition aux antidépresseurs pourrait également servir de marqueur pour une maladie sous-jacente plus grave", a expliqué le Dr Jasmin Mujkanovic, un des auteurs de l'étude, dans un communiqué. Autre hypothèse, cette association "pourrait être influencée par des facteurs liés au comportement ou au mode de vie associés à la dépression, tels que la recherche tardive de soins de santé et une mauvaise santé cardiovasculaire", d'après le Dr Mujkanovic.
Les chercheurs rappellent en effet que les personnes qui souffrent de troubles psychiatriques ont "une mortalité accrue, toutes causes confondues". Le lien avec les antidépresseurs doit encore être prouvé. Ces médicaments, même s'ils peuvent représenter un risque pour la santé, sont essentiels aux personnes à qui ils sont prescrits. Mais en cas de troubles dépressifs, la psychothérapie est le traitement de première intention. Les antidépresseurs ne doivent être prescrits qu'en cas d'échec de cette méthode, ou si les troubles dépressifs sont sévères.
En France, plusieurs millions de personnes prennent des antidépresseurs. Et les jeunes sont de plus en plus concernés : "la dégradation de la santé mentale des 12-25 ans depuis la crise sanitaire se traduit par une augmentation préoccupante de la consommation de psychotropes", avec une augmentation de 60 % "de jeunes sous antidépresseurs entre 2019 et 2023", a rapporté récemment l'Assurance maladie. Il est donc essentiel de mieux connaître les risques associés à ces médicaments.