Les Dogons sont au musée du quai Branly
Lieu de rencontre et d'échange, le plateau dogon a été le berceau d'une production artistique particulièrement riche à travers les siècles. Masques, statues, pièces cultuelles... Le musée du quai Branly expose 350 oeuvres d'exception rassemblées pour la première fois en France.
Un ambitieux panorama qu'Hélène Joubert responsable de l'unité Afrique, a présenté en 3 questions.
L'Internaute Magazine : qui sont les Dogons ? Pourriez-vous présenter ce peuple ?
Hélène Joubert : les Dogons sont un ensemble de population d'environ 400 000 personnes qui vivent dans un environnement assez spectaculaire, particulièrement escarpé entre falaises et plateau au Mali, à la frontière du Burkina Faso. Ils sont arrivés dans cette région à la suite d'une migration et se sont installés, sans doute en partie pour fuir l'Islam et conserver leur tradition animiste entre le XIVe et le XVe siècle. Ils ont trouvé d'autres habitants dans ces falaises, les Tellem avec lesquels ils se sont mélangés. Ils ont conservé jusqu'au XXe siècle, jusqu'à la période coloniale ces croyances qu'ils avaient farouchement défendues.
Quelles sont ces croyances ? Pourriez-vous les décrire ?
Elles concernent la relation avec les forces de la nature, les ancêtres et les esprits qui peuplent le monde et un certain nombre de production en bois sculpté, notamment l'art statuaire qui est souvent cité lorsqu'on parle des Dogons qui est souvent lié à la commémoration d'un héros fondateur de lignage ou de groupe. Ou qui est lié à la guérison, on a des statues de protection lié à la fertilité... Des images récurrentes pendant plusieurs siècles puisque nous parlons d'une histoire longue : les Tellem sculptaient déjà au Xe siècle. Ils figuraient des personnages avec les bras levés au dessus de la tête en signe d'imploration.

Quelle vision de la création du monde ont les Dogons ?
C'est une vision de la création très complexe et très riches, avec des génies à l'origine de l'humanité des couples de Nommo qui sont à la fois féminins et masculins et qui sont très représentés à travers les arts des serrures et des portes de grenier. Il y a aussi les grandes cérémonies de masques pour le Dama, ceux sont des cérémonies funéraires qui servaient à prendre congé de l'âme du mort. On avait ainsi autrefois des centaines de masques qui se rassemblaient et mettaient en scène tous les éléments du vivant aussi bien les hommes que les animaux. Le Dama se déroulait plusieurs années après la mort d'un personnage qui était commémoré, en même temps qu'on l'envoyait dans le monde des ancêtres, en le séduisant par cette cérémonie de masque.

Pourriez-vous nous parler de l'une des pièces exposée en particulier ?
Oui, il y a celle des joueurs de balafons qui est assez unique, d'ailleurs elle est seule dans sa vitrine. Je vous parlais il y a un instant des Nommo, les créateurs de l'humanité, à l'origine des Hommes.
Là, on a deux personnages qui sont à la fois un homme et une femme et qui font clairement référence à ces génies de l'aube de l'humanité descendus du ciel. Tous les deux sont en train de jouer d'un instrument de musique très africain, le balafon. C'est une sorte de xylophone, mais ils y jouent à deux, ce qui est plutôt rare. Ils évoquent un autre élément du mythe qui est la remise en ordre de l'univers à la suite d'une rupture d'interdits causée par un autre protagoniste de la première heure : le Renard Pâle. Il s'agit de rétablir l'équilibre et l'harmonie par le jeu et les sons du balafon. C'est une très belle image.
En savoir plus : Le site de l'exposition DOGON
Sur L'Internaute : Mali, voyage en terre dogon