Margaux Pinot : proche de la "mort", la judokate enfonce Alain Schmitt dans un récit glaçant
MARGAUX PINOT. Voilà désormais quelques jours que les deux judokas s'écharpent à travers les médias à la suite d'une violente altercation. Si Margaux Pinot accuse son compagnon de violences conjugales, ce dernier a été relaxé et parle de "calomnies".
[Mis à jour le 3 décembre à 11h05] L'affaire a éclaté dans la nuit du 27 au 28 novembre lorsqu'Alain Schmitt, entraîneur et compagnon de Margaux Pinot, a été arrêté par la police à la suite du dépôt de plainte de Margaux Pinot pour violences conjugales. Le 1er décembre, après une comparution immédiate, l'ancien judoka a finalement été relaxé pour faute de preuves selon le juge. Depuis, les deux protagonistes se livrent une bataille dans les médias et livrent tous les deux une version différente. La championne olympique de Tokyo explique avoir eu peur de mourir, la photo de son visage tuméfié a choqué le monde du judo et les réseaux sociaux. Mais malgré cette image, Alain Schmitt, également le visage tuméfié, persiste en disant qu'il n'a jamais frappé de femme, encore moins la sienne.
Les faits selon Margaux Pinot
"J'ai cru que j'allais y laisser ma vie"
— BFMTV (@BFMTV) December 2, 2021
Le témoignage de Margaux Pinot qui accuse son compagnon de violences conjugales pic.twitter.com/oG8XZeVXJC
"Les faits se sont déroulés dans la nuit de samedi à dimanche, aux alentours de deux heures du matin. Je suis d'abord rentrée chez moi vers minuit, après avoir été au restaurant avec des amis. Il était convenu qu'on se retrouve chez moi avec Alain pour que je l'emmène le lendemain à l'aéroport, où il devait prendre un avion pour Israël. Il est arrivé vers deux heures du matin, alcoolisé. Il m'a demandé d'imprimer des papiers pour Israël, ce que j'ai fait, tout en lui faisant remarquer que je l'avais quand même attendu deux heures. Ensuite, je suis allée me coucher. Il m'a rejoint dans le lit en me disant que cela ne servait à rien que je l'emmène à l'aéroport, qu'il prendrait un Uber et que je pouvais me reposer.
Deux minutes après, il s'est levé, a allumé la lumière dans le couloir et il s'est rhabillé. Je lui ai demandé ce qu'il faisait et il m'a dit que de toute façon, je ne comprendrais jamais rien. Il m'a dit qu'il préférait rentrer chez lui et je lui ai dit : "d'accord, rentre chez toi, cela ne sert à rien de rester, je ne veux plus te voir". C'est là qu'il a commencé à tenir des propos méchants, violents. Il a commencé à me dire que ma carrière était foutue, qu'il trouverait quelqu'un pour me niquer dans le judo, que j'étais débile, destructrice. Je suis alors retournée dans mon lit et je me suis bouché les oreilles car j'ai l'habitude d'entendre de tels propos de sa part. J'en ai marre que cela reste ensuite dans ma tête pendant des semaines. Je me sens dévalorisée, j'ai moins de confiance en moi depuis des mois. Là, il s'est approché du lit, il a fait un geste vers moi et je l'ai repoussé. C'est à ce moment-là qu'il m'a pris par les cheveux et tiré vers le sol, à gauche du lit. J'étais sur le dos et il s'est mis à califourchon sur moi. Il a commencé à me mettre des coups de poing, droite-gauche. Je lui ai crié de s'arrêter. Je ne me suis même pas défendue, je ne savais plus où étaient mes bras. J'ai vraiment essayé de le raisonner et j'ai voulu me relever. J'ai réussi à aller dans la pièce d'à-côté où il m'a rattrapée et remise au sol. Il a commencé à prendre ma tête pour la cogner plusieurs fois au sol.
Après cet épisode, il a voulu m'étrangler. Ou en tout cas, il a mis ses mains autour de mon cou. J'étais de nouveau sur le dos, j'ai essayé de le repousser avec mes jambes pour qu'il ait moins de prise. Je lui ai dit : "Alain, je t'aime, je t'aime, je vais me remettre avec toi, stoppe ça et on va discuter." Il me dit d'accord, qu'on va discuter deux minutes. C'est le moment où il a desserré les mains et j'ai pu le repousser sur le côté. J'ai pu me relever. Dans le couloir, il m'a de nouveau rattrapé, on s'est mutuellement projeté sur les murs. À ce moment-là, je me suis dit que soit j'arrivais à me dégager de lui, soit j'étais morte. C'est mon instinct qui a parlé. Je devais sortir de mon appartement pour survivre. J'ai ouvert la porte et je me suis mise à courir. Il m'a suivi, nous nous sommes retrouvés dans le couloir de l'immeuble. Il m'a retenu une dernière fois par les cheveux.
J'ai crié dans les escaliers le plus fort possible "au secours !" Je suis montée chez mes voisins. Ils m'ont demandé ce qui s'était passé. Je leur ai raconté que je venais de me faire cogner par mon entraîneur, par mon mec. Ils ont pris soin de moi et ils ont appelé la police, qui est arrivée dix minutes après. Les pompiers étaient arrivés un peu avant. J'ai vraiment cru que j'allais y laisser ma vie. C'est mon esprit de guerrière, de combattante ainsi que le judo qui m'ont sauvé. J'ai pu résister à ses coups, qui ont été nombreux. Je n'avais jamais fait face à une telle violence, je n'avais jamais reçu de coups au visage comme ceux-là. Je ne le souhaite à personne. Aujourd'hui, je parle pour les femmes qui sont mortes dans de telles situations, car elles n'avaient pas les moyens physiques de faire face. Je suis reconnaissante envers le judo, et envers la vie que je vois différemment désormais. Je suis heureuse d'être en vie ce soir, et triste du dénuement de l'audience de l'autre jour.
Les faits selon Alain Schmitt
L'ancien judoka Alain Schmitt donne sa version des faits. pic.twitter.com/pVOOXbzAfa
— CNEWS (@CNEWS) December 2, 2021
Depuis, les deux protagonistes de l'affaire ne cessent de se renvoyer la balle. Dernière déclaration en date, la conférence de presse d'Alain Schmitt ce mercredi 2 décembre. "Elle m'a dit: 'ça fait deux heures que je t'attends. Elle était recroquevillée dans le lit, me tournait le dos. Je l'ai vite entendue soupirer, marmonner. Je me suis dit que c'était les prémices d'une tempête. Je me suis assis, j'ai repris mes affaires, j'ai commencé à m'habiller et j'ai entendu quelqu'un courir dans la chambre, c'était elle. Elle ouvre la porte en furie. J'avais commandé un VTC qui est arrivé quelques minutes plus tard. Elle me dit: 'tu n'es qu'un pauvre lâche, tu m'abandonnes, t'es une merde'. Elle se remet dans son lit. Je lui dis au-revoir mais elle me dit: 'dégage, sale lâche'. Elle m'a serré contre elle par la nuque, elle me dit 'Alain, attends, je fais tout ça parce que je t'aime de trop'. Je me suis dégagé, je me suis cogné contre le radiateur. Je me suis levé pour aller récupérer mes affaires. Quand j'ai voulu ouvrir la porte, elle saute devant, glisse avec les pieds par terre, elle a la tête dans le porte, puis, elle rampe dehors, elle crie au secours, c'était terrifiant, je ne savais pas quoi faire, elle est remontée en cognant dans les murs. Je suis descendu le VTC et la police est arrivée. Ils m'ont demandé si c'était moi, si j'étais concerné, j'ai dit : 'oui'. Je suis allé voir un médecin et j'ai été coupé du monde pendant plusieurs joueurs." Il assure n'avoir porté "aucun coup". Il confie avoir demandé à porter plainte. Il promet n'avoir "jamais frappé une femme de sa vie".
Une photo choquante
Durant l'audience, l'entraîneur a livré le récit d'une bagarre aux allures de "tornade" alors que Margaux Pinot indique avoir eu peur. La judokate a d'ailleurs publié une photo de son visage tuméfié sur les réseaux sociaux.
Dans la nuit de samedi à dimanche, jai été victime dune agression à mon domicile par mon compagnon et entraîneur.
— Margaux Pinot (@MargauxPinot2) December 1, 2021
Jai été insultée, rouée de coups de poings,
ma tête a été frappée au sol à plusieurs reprises. Et finalement étranglée. pic.twitter.com/Ghbwg8NVQy
"C'était pas un combat de judo, c'était des coups de poing" a expliqué la judokate alors que l'entraîneur plaide non coupable. "J'ai jamais frappé une femme de ma vie, c'est n'importe quoi ". Le tribunal est passé "à côté d'un certain nombre d'éléments à charge", comme ces voisins qui ont entendu ses appels au secours, et chez qui elle s'est réfugiée, a regretté Me Stéphane Maugendre, l'avocat de la judokate à l'issue de l'audience.
Alain Schmitt demande de stopper les "calomnies"
Interrogé sur L'Equipe, l'entraîneur cherche à se défendre. "Je suis au plus mal. Je n'en peux plus de ces calomnies, j'ai très mal vécu ce temps passé en cellule, ces trois nuits sans pouvoir dormir. L'audience a été très tardive et éprouvante. Je ne pensais pas que ça m'arriverait un jour de me retrouver ainsi dans le box des prévenus. J'ai été relaxé mais j'ai toujours la boule au ventre. Je pensais qu'une fois que la justice serait rendue, on me laisserait tranquille. Mais ça ne s'arrête pas, sur les médias, les réseaux sociaux. Rien n'est contrôlé. Je reçois des messages d'intimidation, des menaces de mort : "Va crever en enfer gros fils de pute", " crève enculé", " tu vas le payer connard". Et ce n'est pas fini je pense. Notre relation était très compliquée et il n'y avait que deux solutions, comme je l'ai dit pendant l'audience : qu'elle parte du club ou que je m'en aille. J'ai choisi de partir pour un nouveau challenge et ma décision n'est pas respectée parce que je me fais insulter. Pourtant, je n'ai pas l'impression d'abandonner quelqu'un mais plutôt d'avoir toujours aidé dans ma vie, dans ma carrière."
Sur l'antenne de BFM TV ce 2 décembre, son avocat a pris sa défense, affirmant qu'il n'a jamais frappé Margaux Pinot. "M.Schmitt n'a jamais reconnu avoir porté des coups à aucun moment de ses auditions tout au long de cette procédure, c'est extrêmement important de le rappeler, a déclaré son avocat, ce jeudi. S'il y a eu une confusion, elle concerne les déclarations des policiers primo-intervenants qui, eux, disent – on ne sait d'où ils sortent cette phrase - qu'il reconnaît une dispute et une bagarre. Il a expliqué la même chose au cours de sa première et deuxième auditions en garde à vue, à savoir qu'il a essayé de retenir de Margaux Pinot qui s'était jetée sur lui. C'est un point extrêmement important. Deuxième point, j'ai entendu qu'il y avait eu des coups et des violences réciproques alors que non, il n'a porté aucun coup sur Madame Margaux Pinot."
Un nouveau jugement en appel dans l'affaire Pinot ?
Interrogé sur l'antenne de BFM TV ce 2 décembre, l'avocat de la judokate a confirmé qu'elle souhaitait en changer et qu'il a demandé au procureur de faire appel. "Elle a décidé de changer d'avocat. Ça se comprend, elle a été déçue non pas du travail que j'ai fait pour elle, ni de ma plaidoirie mais de la décision rendue mardi soir à 0h30. Je comprends Margaux, elle est déçue et estime que changer d'avocat lui permettra peut-être d'être entendue par la cour d'appel de Paris (...) Le tribunal a décidé de le relaxer en écartant des éléments objectifs du dossier, poursuit-il. On sait que dans ce genre d'affaires de violences intra-familiales, c'est la parole de l'un contre celle de l'autre et c'est au tribunal d'aller chercher des éléments objectifs puisque les déclarations sont des éléments subjectifs. J'estime que ces éléments objectifs permettaient de confirmer la version de Margaux. Le tribunal en a décidé autrement. La justice est comme cela et il y a la possibilité de faire appel. J'ai demandé au procureur de la République de Bobigny de faire appel, ce qu'ils ont décidé de faire extrêmement rapidement, dès midi le lendemain de la décision."