Ils veulent faire payer les spectateurs du Tour de France - 5 euros pour chaque étape

Ils veulent faire payer les spectateurs du Tour de France - 5 euros pour chaque étape Les spectateurs devront-ils payer pour voir les courses cyclistes sur le bord de la route ? L'option est sérieusement envisagée.

Le cyclisme est l'un des derniers grands spectacles sportifs gratuits. Les principales courses, dont le mythique Tour de France, sont retransmises en direct à la télévision sur les chaînes gratuites de France Télévisions. C'est évidemment la même chose quand on se place au bord de la route pour voir passer le maillot jaune et les champions du Tour. Mais cela pourrait changer !

Le monde du vélo est en effet à la recherche d'argent frais. Les équipes peinent à survivre plusieurs saisons et les sponsors se succèdent. Même l'équipe du vainqueur du Tour de France 2023 Jonas Vingegaard n'est pas épargnée puisqu'elle n'a toujours pas trouvé de nouveau partenaire pour l'année 2024. Une solution évoquée récemment par l'Union Cycliste Internationale (UCI) serait de faire payer les spectateurs pour voir les courses au bord de la route. Une vraie révolution.

David Lappartient, président de l'UCI, a ainsi expliqué, en juin dans un entretien pour Ouest France, que c'était une solution envisageable sur certaines épreuves : "Quand une course se termine par un circuit, c'est tout à fait compréhensible (de faire payer le public). Pour des championnats de France, des épreuves de Coupe de France, je ne serais pas choqué de voir des entrées payantes. La billetterie peut devenir une source supplémentaire de revenus. Quand j'étais président du GP de Plumelec, on avait fait l'entrée à 5 euros. Le public passionné de vélo avait compris que ça nous avait permis d'équilibrer les comptes, de faire vivre un événement pareil. On le fait pour le cyclisme sur piste, le cyclo-cross, pourquoi ne le ferions nous pas sur route ?"

On le comprend, acheter un billet pour voir passer le Tour de France au bord de la route près de chez soi ou sur son lieu de vacances n'est pas au cœur de son projet. Le Français semble plutôt viser de plus petites courses, pas toujours rentables et ayant lieu sur un circuit. D'autres vont toutefois bien plus loin, comme le manager de l'équipe Uno-X, Jens Haugland.

Pour lui, certaines portions bien particulières des tracés pourraient en effet se prêter au paiement d'une entrée, notamment celles qui attirent un large public qui fait parfois des centaines de kilomètres pour voir passer le Tour. "Sur les derniers mètres d'une ascension, si tu ajoutes des écrans géants et du spectacle, c'est un produit attractif. Donc c'est juste de se dire que pour y être, tu dois payer cinq euros. Je ne vois pas de problème avec ça", a-t-il jugé. Les fans du Tour qui suivent plusieurs étapes, parfois à bord de camping-car, verraient alors leurs frais s'allonger.

Pour rappel, aujourd'hui, seuls quelques espaces, notamment dans le secteur de l'arrivée, sont privatisés et destinés à des VIP et des entreprises qui payent cher, voire très cher, pour obtenir une vue d'exception sur la course. Faire payer le spectateur "lambda" serait en soi possible sur certaines grandes arrivées du Tour de France, comme sur les Champs-Elysées ou au sommet de certains cols mythiques. Mais l'image du cyclisme, sport populaire depuis ses débuts au XXe siècle, en pâtirait certainement.

Si le Tour de France est une grosse machine rentable et n'aurait sans doute pas besoin de cet apport, les équipes, elles, verraient certainement d'un bon œil l'apparition d'une nouvelle source de financement, via la redistribution de ces revenus de billetterie. On estime qu'environ 12 millions de personnes se déplacent sur les routes du Tour pendant les trois semaines de la compétition. A 5 euros l'entrée, la manne serait déjà conséquente...

Interrogé sur la question, David Moncoutié, ancien coureur reconverti consultant, se prononce plutôt en défaveur de cette idée :  "Je me dis que cela serait quasiment impossible à mettre en place sur une course en ligne de 190 km. Dans des endroits stratégiques, peut-être…Toutefois, cette ferveur populaire fait partie de certaines courses aussi. On aime cela. Il faudrait trouver le juste milieu et ce n'est pas facile. Le vélo, c'est particulier, on traverse des villages, on emprunte des routes".

Voir passer le Tour de France dans sa ville ou en vacances devrait donc rester gratuit dans l'immédiat, mais certaines courses pourraient bien opter rapidement pour un ticket payant, comme des critériums ou d'autres disciplines du cyclisme. Question de survie.