Yann Cucherat (Gymnastique) "On a la chance d'aller aux Jeux donc il faut lâcher les chevaux !"
Le gymnaste devrait disputer ses quatrièmes JO cet été à Londres. Objectifs sportifs, souvenirs olympiques, esprit d'équipe... Yann Cucherat a répondu en tout simplicité à nos questions.
L'Internaute Magazine : La qualification individuelle aux Jeux de Londres n'est pas encore acquise pour vous. Quand serez-vous fixé sur votre participation ?
Yann Cucherat : Je saurai au mois de juin si je suis retenu parmi les 5 gymnastes de l'équipe de France ou pas. Les prochaines compétitions vont donner un état des lieux assez clair. Il y a déjà 3 ou 4 gymnastes qui sont dans le coup puisqu'ils ont fait des médailles et finales internationales. A moins de grosse blessure, il ne devrait pas y avoir trop de surprises dans la sélection.
Que visez-vous à titre individuel ?
Il y a beaucoup de spécialistes en France qui peuvent ramener des médailles. En ce qui me concerne, j'essaierai d'aller en chercher une aux barres parallèles parce que c'est l'agrès où je me sens le mieux, où j'ai le plus de résultats.
Quel sera l'objectif de l'équipe de France de gym aux JO de Londres ?
L'équipe de France s'est qualifiée à la 10e place, et il y a 12 nations qualifiées. Donc il ne faut pas se leurrer, ça va être très compliqué pour nous d'aller chercher une médaille olympique par équipe. En revanche, être en finale des Jeux, parmi les 8 meilleures équipes mondiales, c'est possible. Faire 5e et 6e c'est quelque chose qui est à notre portée. Maintenant, on va aux Jeux pour revenir avec des médailles donc il faudra forcement être concentré sur des finales individuelles.

Le fait que les Jeux soient une fenêtre médiatique importante pour la gym, est-ce que ça rajoute une pression supplémentaire ?
Je ne crois pas. Avec l'expérience du groupe France, on a pris l'habitude d'être sous pression à l'approche des grands événements. On avait beaucoup plus de pression sur notre qualif olympique puisque tout pouvait s'arrêter du jour au lendemain. Les Jeux, on a la chance de pouvoir y aller, de les vivre, donc là il faut lâcher les chevaux, on fonce, on ne réfléchit pas. Il faut le vivre pleinement, et si ça se passe bien, tant mieux. Il ne faut pas avoir de regrets, c'est ce qui compte. Par contre, il faut se servir de cette fenêtre médiatique, c'est important pour nous, pour sortir de cette confidentialité. On travaille beaucoup, à peu près 25 heures par semaine, on s'entraîne tous les jours, 2 fois par jour. C'est contraignant et difficile. Si on n'arrive pas à "vendre" notre discipline au grand public, aux médias, on aura du mal à exister.
Vous faites partie du team Caisse d'Epargne*. Qu'est-ce que ça vous apporte ?
Beaucoup de fierté. On a été choisis parmi de nombreux sportifs. La Caisse Régionale de Rhône-Alpes a souhaité que ce soit moi. C'est un honneur. Ça permet aux gymnastes d'être un peu mis en lumière. On est un sport assez confidentiel, on travaille dans l'ombre de nos gymnases. Et quand on a des partenaires comme la Caisse d'Epargne qui sont derrière nous, qui nous soutiennent, ça nous donne du crédit et de la motivation. Trouver un partenaire qui nous accompagne aussi financièrement (c'est loin d'être négligeable pour un sport amateur), et au niveau de la communication, du sportif, c'est un réel plus.
Est-ce que vous échangez votre expérience sur la préparation, la façon d'aborder les compétitions, les performances... avec les sportifs des autres disciplines du team ?
"Quand j'aurai raccroché les maniques, ce sont les souvenirs qui resteront, notamment ceux liés aux JO "
Il y a beaucoup de choses qui sont communes. Maintenant, je crois que chaque discipline a des spécificités. Et plus on va dans le haut niveau, plus c'est délicat de copier sur quelqu'un parce qu'on a nos habitudes, nos modes de fonctionnement. Par contre, ce qui est riche d'enseignement c'est de partager des moments de convivialité. Ça crée une grande famille sportive. Et quand on va arriver aux Jeux, dans le village olympique, où on est un peu perdu car tout est grand et grandiose, on va connaître des gens et vivre des choses en commun. Quand j'aurai raccroché les maniques, quand tout le monde aura arrêté sa carrière, ce qui restera seront les souvenirs. Et les souvenirs, ils passent par des moments comme ça. Ce qu'on va vivre aux Jeux, à côté de sportifs qu'on connaît et qu'on va prendre plaisir à suivre sur ces 5 derniers mois de préparation puis aux Jeux, ça restera gravé en nous. C'est bien là l'essentiel.
En tant que spectateur ou téléspectateur, quelles sont vos plus belles émotions olympiques ?
Je me souviens des Jeux de 1992 à Barcelone. J'étais un jeune gymnaste, j'avais 13 ans et Vitaly Scherbo, un gymnaste biélorusse, a fait 6 médailles d'or ! J'avais regardé ça avec beaucoup d'admiration. C'est lui qui m'a donné envie de vivre les Jeux parce que c'était grandiose.
En tant que sportif, je retiendrai Sydney, mes premiers JO. Je débarquais dans cette grande arène et c'est la seule compèt de ma vie où je n'ai pas stressé. J'avais une sorte de libération au moment où je rentrais dans la salle de gym. C'était génial. Et en plus, je m'étais qualifié pour la première fois sur une finale mondiale, de surcroît olympique [la finale réunit les 8 meilleurs gymnastes de la compétition]. Donc c'était forcément un moment d'euphorie pour moi.
Le team Esprit JO de la Caisse d'Epargne
* Esprit JO est un programme d'accompagnement et de mise en avant d'athlètes français dans leur préparation aux Jeux Olympiques de Londres 2012, soutenu par les Caisses d'Epargne. En savoir plus sur le team Esprit JO
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Gwladys Epangue