ONU, la bataille de de Gaulle (1944-1945) : comment la France s'est fait une place parmi les grands

ONU, la bataille de de Gaulle (1944-1945) : comment la France s'est fait une place parmi les grands Ce dimanche 22 novembre 2020, à 22h25, France 5 rediffuse dans la Case du siècle le documentaire "ONU, 1944-1955, la bataille de De Gaulle". Ou comment le général a arraché une place pour la France parmi les 5 membres de l'élite mondiale...

Depuis 1945, la France est l'un des cinq membres permanents à siéger au Conseil de sécurité de l'ONU, avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Russie et la Chine. Un privilège qui permet, entre autres, à Paris d'apposer son véto sur les résolutions du Conseil et qui fait de l'Hexagone l'un des cinq grands responsables de l'ordre mondial et diplomatique. Ce privilège pourrait pourtant passer comme une anomalie aujourd'hui, alors que d'aucuns s'épanchent sur le déclin français, avéré ou présumé. Mais cette position est avant tout le résultat d'un des grands combats du général de Gaulle. Une bataille diplomatique et militaire décisive, après la Libération de Paris et même un peu avant, pour que la France obtienne ce statut et revienne dans la cour des grands. Le documentaire ONU, 1944-1955, la bataille de de Gaulle raconte cet incroyable tour de force sur France 5, dans la Case du siècle, ce dimanche 22 novembre 2020 à 22h25. Réalisé par Philippe Saada et sorti une première fois en 2018, le film est rediffusé à l'occasion d'un cycle de France Télévisions consacré aux 50 ans de la mort de celui qui libéra la France en 1945, avant de la diriger pendant 10 ans, de 1958 à 1969.

ONU, 1944-1955, la bataille de de Gaulle prend un premier point d'ancrage en 1944, quand la France dévastée commence son titanesque chantier de redressement après cinq années de guerre et d'Occupation qui ont considérablement terni son image. Quand la création de l'Organisation des Nations unies est lancée, sur les cendres encore fumantes de la Société des Nations, personne n'envisage un instant que Paris puisse avoir une place parmi les futurs grands décideurs de ce monde. D'autant que l'ONU est le grand projet du président américain Franklin Roosevelt, qui juge que la France ne mérite pas sa place au premier rang après la débâcle de 1940 et la collaboration et qui déteste de Gaulle cordialement. La France est d'ailleurs laissée à l'époque minutieusement à l'écart des vainqueurs, comme en témoigne l'absence du général de Gaulle à la conférence de Yalta, en février 1945.

Comment l'absent de Yalta s'est fait une place dans le concert des nations

Alors que Roosevelt, Churchill et Staline posent devant les photographes dans la cité balnéaire de Crimée et s'appliquent à régler le sort de l'Europe seuls, de Gaulle, lui, va s'employer à se faire une place dans ce club très fermé. Contrairement aux apparences et à l'image que Yalta a pu véhiculer, le combat du "Grand Charles" est alors proche de son aboutissement, il lui manque simplement un point de bascule. Le général a méticuleusement construit l'image et l'idée même de la France libre dès 1940, depuis Londres, puis en s'appuyant sur les territoires colonisés d'Afrique, particulièrement depuis Brazzaville et ensuite depuis Alger en 1943. Quand l'ONU se dessine, cela fait donc des années qu'il s'emploie à incarner cette autorité que les Anglo-Américains auront peine à reconnaitre.

Entre la fin de l'année 1944 et le début de l'année 1945, de Gaulle va donc jouer des coudes pour arriver à son objectif. Le documentaire décrit par le menu son opération séduction auprès de Winston Churchill, avec qui les relations se sont tendues à la Libération, sa complicité avec Eisenhower, allié américain aux positions plus conciliantes que celles de Roosevelt, son voyage en Russie où il va rencontrer Staline et montrer aux Américains et aux Anglais qu'il faudra compter sur lui dans les prémices de la guerre froide... De Gaulle va aussi bénéficier de l'enlisement (certes provisoire) du front à l'est de la France à la fin de l'année 1944. L'occasion de montrer que l'armée française fait bel et bien partie des libérateurs. La libération de Strasbourg et plus généralement la bataille d'Alsace, achevée avec la victoire sur la poche de Colmar en février 1945, sera décisive militairement et diplomatiquement. Menée par le général de Lattre alors qu'Eisenhower aurait préféré reculer face à la contre-offensive allemande, elle va militairement replacer la France dans le jeu. L'Hexagone va alors payer "l'impôt du sang", avec plusieurs milliers de morts, comme l'indique le documentaire. Une sorte de droit d'entrée dans le club des vainqueurs...

C'est sur ces années de guerre encore bouleversées et sur les années suivantes que le film ONU, 1944-1955, la bataille de de Gaulle revient, décrivant la lutte diplomatique, serrée, intense et difficile que le général de Gaulle, alors chef du gouvernement provisoire, appuyé par ses diplomates et un certain nombre de personnalités, a conduite pour obtenir qu'en fin de course, la France soit un des membres de la police mondiale.