De Gaulle, le dernier roi de France : l'histoire du premier "monarque républicain"
Ce dimanche 6 décembre, à 16h45, France 5 rediffuse le documentaire De Gaulle, le dernier roi de France, livré en 2017 par Patrick Rotman. Le dernier programme d'un long cycle consacré au général sur France Télévisions. Et pour clôturer cette séquence, c'est une analyse minutieuse des dix dernières années de Charles de Gaulle au pouvoir (1958-1969) qui est proposée, avec en filigrane la naissance de la Ve République et de son représentant, le président de la République. Une sorte de "monarque républicain" que nul autre pays ne connaît encore aujourd'hui. Patrick Rotman parvient dans ce film à montrer, avec force détail, comment la figure du chef de l'Etat, si particulière dans l'Hexagone, a été profondément marquée par la personnalité du héros de la Libération.
On retrouve dans le personnage l'incarnation quasi-obsessionnelle d'une certaine grandeur de la France, qui pèsera sur tous ses successeurs, mais aussi un homme de communication et de formule qui saura parfaitement utiliser la télévision. Entre le "Je vous ai compris !" à Alger et le "Vive le Québec libre !" à Montréal, de Gaulle sera le président des premières interviews présidentielles, des premières grandes conférences de presse et des premières Garden parties à l'Elysée, mettant le chef de l'Etat au centre du jeu. Le documentaire se penche aussi sur le de Gaulle plus secret qui se cachait derrière le guide suprême doté d'un "pouvoir personnel" voire d'un "arbitraire présidentiel". Il montre un homme cultivé et brillant, mais hanté par le doute, parfois désabusé, souvent sévère, voire cruel avec le peuple qu'il entendait diriger. A ce titre, les réflexions du général, issues de ses Mémoires comme de celles d'Alain Peyrefitte, et reproduites en voix off, sont éloquentes.
Le film de Patrick Rotman montre aussi comment, sous l'impulsion de de Gaulle ou par la marche du monde qu'il avait parfaitement anticipée, la France s'est transformée politiquement, économiquement, culturellement, ou sociologiquement. La fin de la guerre d'Algérie en 1962, la première élection au suffrage universel en 1965 (qui mettra de Gaulle en ballotage face à François Mitterrand à la surprise générale), la sortie de l'Otan en 1966, Mai 1968... Tous ces événements viennent alimenter le propos du document, jusqu'au référendum fatal de 1969 que de Gaulle aura sans doute confondu avec un plébiscite. Un dernier péché d'orgueil sans doute.