Hollande candidat ? Un discours pour préparer 2017 et un bon mot qui fera date

Hollande candidat ? Un discours pour préparer 2017 et un bon mot qui fera date Le président de la République passe à l'offensive, certainement en vue d'une candidature pour 2017, en retrouvant les allants et les formules du candidat qu'il fut en 2012...

Des phrases définitives, des bons mots et quelques premiers satisfécits sur l'action accomplie depuis son accession à l'Elysée. Il y avait bien longtemps que François Hollande n'avait pas tenu un discours aussi offensif. Le moment était parfaitement choisi par son équipe de communication : le président a pris la parole lors du colloque de la Fondation Jean Jaurès, ce mardi 3 mai à Paris, dont le thème principal était "la gauche et le pouvoir". L'occasion pour le chef de l'Etat de réactiver l'argument selon lequel l'action des socialistes à la tête du pays, aujourd'hui comme auparavant, n'est ni illégitime ni un accident de l'histoire : "Ce n'est jamais parce que la gauche est au pouvoir que c'est difficile, mais c'est parce que c'est difficile que la gauche est au pouvoir". Un bon mot qui fera date, mais que François Hollande a prononcé à la tribune avec gravité.

Car il ne faut pas s'y tromper, l'aspect hiératique de l'exercice a été soigneusement pensé, mis en scène. François Hollande a rédigé un discours imaginé pour - au moins - deux objectifs : d'abord, réaffirmer que sa présidence est celle d'un homme de gauche. L'inflexion sociale-libérale, marquée par l'arrivée de Manuel Valls, ne change rien des engagements pris il y a 4 ans par le candidat socialiste. "Je ne m'étais pas trompé de diagnostic, il fallait d'abord redresser, ensuite redistribuer". D'ailleurs, le président entend très prochainement baisser les impôts pour les Français les plus en difficulté. "En fonction des marges et seulement en fonction des marges dont nous pourrons disposer, il conviendra de poursuivre cette politique de réforme, de justice et de baisse des prélèvements pour les Français les plus modestes", a-t-il avancé.

Concernant la loi Travail, pas de doute, François Hollande y voit une réforme de gauche, qui devrait moderniser le marché de l'emploi : "C'est un texte de progrès, qui a trouvé plus que son équilibre, qui a trouvé justement le sens qui, à un moment, a pu lui manquer". Et d'ajouter : "C'est un compromis dynamique et juste, comme tout ce que nous avons fait depuis 2012". "Dialogue social", "compromis", "concertation", des mots que le président répète à l'envi, faisant des méthodes employées sous son quinquennat l'une des marques de son action. Car voilà le deuxième objectif de ce discours : dresser les premiers bilans, en insistant sur les exergues positives, usant de terminologies qui évacuent les nuances. "Dans quel pays d'Europe y a-t-il eu autant de progrès depuis 4 ans ?" s'est-il ainsi interrogé, ajoutant : "La France est un des rares pays qui assure sa sécurité de façon souveraine, sa voix est indépendante, son influence est grande. [...] Le chemin que j'ai ouvert n'est pas la seule direction mais c'est celle qui permet de moderniser pour protéger".

Et pour anticiper les remarques sur ces jolie formules de campagne et sur les promesses non tenues, François Hollande ajoute : "Pour celles et ceux qui s'abreuvent aux 60 propositions, je veux les rassurer : il reste un an". Et puisque, à ce stade du discours, personne n'est dupe sur le fait que le président n'est pas venu simplement apporter sa contribution heuristique au débat du jour, il s'adresse directement à ses futurs adversaires de 2017. "La nostalgie qui peut saisir certains de nos concitoyens est un renoncement. [...] Il y a ceux qui veulent tout défaire. Ça leur prendra du temps, car nous avons fait beaucoup".