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John McCain © Official Senate
Portrait
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Depuis le 30 janvier et sa victoire en Floride, John Sidney McCain
III est le favori des républicains pour l'élection américaine.
Parfois présenté comme le candidat "par défaut" des conservateurs
qui peinent à définir une stratégie pour "l'après-Bush",
son âge pourrait jouer en sa défaveur : s'il entrait
à la Maison Blanche en novembre, il deviendrait le président le plus âgé
des Etats-Unis à 73 ans. Républicain mesuré, il a cependant adopté
une stratégie de "rupture" avec George Bush qui pourrait s'avérer
payante en novembre.
Sa politique étrangère
John McCain est une personnalité difficile à classer dans le paysage de
la droite américaine. Une image qu'il cultive jusqu'à l'intégrer
à son programme. En politique étrangère, il est l'un
des seuls candidats à utiliser l'Irak comme argument électoral et à refuser
un calendrier de retrait. "Le fait est, nous sommes en train de réussir
en Irak", a-t-il déclaré avant le "Super Tuesday". "Si nous faisons ce
que Mme Clinton a indiqué, et que nous levons le drapeau blanc de la reddition,
[
] alors Al-Qaïda aura gagné". Il reste aussi partisan de "la guerre contre
le terrorisme" et d'une politique sévère contre "l'Axe du mal"
(Corée, Iran), que beaucoup d'Américains soutiennent.
Mais cela n'a pas empêché cet ancien pilote de guerre, emprisonné et torturé
pendant 5 ans au Vietnam, de critiquer ouvertement la stratégie menée
en 2003 par l'Administration américaine, jusqu'à demander la démission
de Donald Rumsfeld. Il s'est également mis à dos une bonne partie des
républicains proches de George W. Bush en déposant au Sénat un amendement
contre la torture dans les prisons en Irak ou à Guantanamo.
Son programme économique
Dans le domaine économique aussi, John McCain a montré son indépendance
vis-à-vis de l'administration Bush. Il a voté l'année dernière contre
les réductions d'impôts, préconisées par le président, pour ne pas creuser
le déficit budgétaire. Cependant, peu à l'aise sur ce terrain, comme il l'a
parfois laissé entendre lui-même, il est revenu sur sa position en janvier
dernier. En approuvant, comme la quasi-totalité des candidats républicains,
le plan de relance de George W. Bush après la crise des subprimes. Il a regretté
toutefois que les mesures n'aillent pas plus loin, notamment en matière d'abaissement
fiscal.
John McCain avait annoncé dans son programme vouloir limiter le lobbying
dans le financement des campagnes électorales. Le manque de soutien financier
qui s'en est suivi aurait pu le mettre hors course. Depuis, il s'est rapproché
du sénateur démocrate du Connecticut Joe Lieberman, candidat malheureux à
la vice-présidence avec Al Gore en 2000. Rejeté par le parti pour ses positions
sur l'Irak, ce dernier lui a donné officiellement son soutien en décembre
et a inspiré une partie de son programme économique. Ensemble, ils ont déposé,
en mai 2004 au Sénat, un projet de loi visant à imposer des réductions
d'émissions de gaz à effet de serre. Un rapprochement manifeste au protocole
de Kyoto, qui lui a valu le soutien d'Arnold Schwarzenegger.
Enfin, face à la crise de l'immobilier, McCain préconise un contrôle renforcé
et des punitions sévères à l'encontre de Wall Street.
Sa politique intérieure
Opposé au mariage gay, à l'avortement, au contrôle des armes à feu ou
encore à la suppression de la peine de mort, John McCain affiche un programme
conservateur en termes de politique intérieure. S'il affiche sa foi (protestante)
comme tous les candidats à la présidentielle, il est cependant celui qui
prend le plus de distance avec la religion, contrairement au mormon
Mitt Romney et au baptiste Mike Huckabee. Il est par exemple favorable à
la recherche sur les cellules souches d'embryon, ce qui lui vaut les critiques
du monde religieux.
Très investi sur les questions sociales, le couple McCain-Lieberman veut
élargir la couverture maladie pour la rendre plus accessible (45 millions
d'Américains ne sont pas assurés). Il propose aussi de mieux encadrer les
compagnies d'assurance et les laboratoires pour protéger les consommateurs.
C'est finalement sur l'immigration que le candidat se démarque le plus
du camp républicain. Partisan d'un contrôle renforcé aux frontières, il a
néanmoins déposé en 2006 une loi prévoyant de régulariser les clandestins.
Une réforme libérale de l'immigration aux antipodes de celle de Bush.
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le programme de Hillary Clinton