ACTUALITE
Avril 2007
Duel Sarkozy-Royal : un avant-goût du débat
Une tradition, un enjeu
S'il n'est pas une obligation - Jacques Chirac l'a démontré en refusant de débattre avec Jean-Marie Le Pen en 2002 -, le débat télévisé de l'entre-deux-tours est devenu une tradition. Et un moment très attendu de la campagne, qui, pour les candidats, représente un enjeu de taille. François Mitterrand a, en 1981, demandé que des règles strictes encadrent le débat, non seulement pour les temps de parole de chaque candidat, mais également pour le décor, le choix du réalisateur, la disposition des interlocuteurs, etc.
Un avant-goût du débat
Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal s'affronteront donc le 2 mai (et non pas, comme le veut la tradition, le deuxième mardi de l'entre-deux-tours, qui tombe cette année le 1er mai ), à 20h50, sur TF1 et France 2, ainsi que sur toute chaîne qui en fera la demande. S'il s'agit de leur premier débat présidentiel, il en est de même pour Patrick Poivre d'Arvor et Arlette Chabot, qui s'essaieront pour la première fois à cet exercice. Alain Duhamel, qui avait, en 1995, animé le débat entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, a en effet été "privé d'antenne" par France Télévision jusqu'à la fin de la campagne, après avoir déclaré, lors d'une réunion organisée à Sciences-Po en novembre 2006, qu'il soutiendrait François Bayrou. Le 23 avril, les candidats ont reçu, à leur QG de campagne, une lettre précisant la Charte de bonne conduite à respecter, élaborée avec Robert Namias, directeur de l'information de TF1, Arlette Chabot, directrice de la rédaction de France 2, et les équipes des candidats. Elle établit notamment que le temps de parole des débatteurs est de 45 minutes pour ce débat qui, en tout, devrait durer environ deux heures. Le réalisateur, également choisi par concernation entre tous les participants, sera Jérôme Revon. Habitué à des cérémonies d'un autre genre - César, Victoires de la musique ou Molière -, il évoluera cette fois dans un décor "sobre et lumineux", qui comportera pour tout mobilier une table et quatre chaises, sous l'objectif de six caméras.
La longue liste des interdictions
Les règles les plus strictes concernent les organisateurs du débat. Patrick Poivre d'Arvor et Arlette Chabot auront l'interdiction de poser aux candidats des questions directes et nominatives. Le réalisateur Jérôme Revon, lui, celle de montrer des plans de coupe d'un candidat pendant que l'autre répond. Les téléspectateurs n'auront donc pas droit aux sourires ironiques, expressions choquées ou sourcils froncés des finalistes. Mais les fameuses petites phrases, elles, ne devraient pas manquer. Car Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, à deux mètres l'un de l'autre, pourront s'interrompre, s'interpeller ou se contredire. Ce qu'ils ont déjà eu l'occasion de faire, en 1993, lors d'un premier débat tendu autour des élections législatives. Ségolène Royal, agacée par les attaques de Nicolas Sarkozy, l'avait alors sommé de la "laisser respirer". Comment les candidats se préparent-ils à ce grand moment de la campagne ? Selon leurs équipes, le cadre strict et l'enjeu qu'il représente ne les impressionneraient guère. Au QG de campagne de Ségolène Royal, on affirme que "la candidate n'a pas encore eu le temps de se préparer, mais ce n'est ni sa première télé, ni son premier débat". Rue d'Enghien, la réponse n'est pas très différente : "Nicolas Sarkozy ne fait rien de spécial, il continue à travailler, à rédiger des argumentaires." Verdict le 2 mai.
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Maria Pia Medina Luna, L'Internaute / Actualité
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