Racisme "anti-blanc" : un mot qui divise

Racisme "anti-blanc" : un mot qui divise Terme d'extrême droite pour les uns, réalité dans certains quartiers pour les autres, ce qu'on appelle le racisme "anti-blanc" aurait fait des victimes supplémentaires selon un avocat parisien interrogé par le site Atlantico.

En quelques heures à peine, l'article a fait l'objet d'une surveillance accrue des modérateurs et d'un avertissement en bas de page contre les "propos calomnieux, violents ou injurieux". Le site Atlantico vient de donner la parole à un avocat, Stéphane Maitre, qui affirme qu'un de ses clients a été victime de "racisme anti-blanc". L'homme, présenté comme "Monsieur Leterme", avait acheté un logement à Savigny-le-Temple il y a quelques années pour y vivre avec sa famille. Celle-ci aurait été "ostracisée" dans un quartier "habité par une forte communauté maghrébine". Le 30 juin 2010, à la suite de violences dans le quartier, la famille devra même être "exfiltrée" de son domicile par les policiers "sous un torrent de menaces et d'injures racistes anti-blanc" rapporte l'article. Ayant obtenu une maigre réparation, ils auraient été contraints de fuir leur lieux d'habitation selon l'avocat.

Dans son interview, Me Maitre s'indigne que l'affaire ait été jugée "dans le silence médiatique". Il faut dire que ce qu'on appelle souvent le "racisme anti-blanc" fait débat dans les médias, dans les associations et dans la classe politique. Doit-on où non utiliser publiquement cette expression pour qualifier des faits ou même parler d'un fait de société ? Terme clairement attaché à un vocabulaire d'extrême droite pour les uns, il s'agit pourtant d'une réalité pour les autres, quand les derniers estiment qu'il n'existe qu'une seule forme de racisme, quelles que soient les victimes visées et la couleur de leur peau.

Politiques et associations divisés

Fin 2012, Jean-François Copé provoquait la polémique en reprenant l'expression à son compte dans un livre puis dans plusieurs meetings. "Un racisme anti-blanc se développe dans les quartiers de nos villes où des individus - dont certains ont la nationalité française - méprisent des Français qualifiés de 'gaulois' au prétexte qu'ils n'ont pas la même religion, la même couleur de peau ou les mêmes origines qu'eux", affirmait le leader de l'UMP (Le Figaro Magazine du 28 septembre 2012). Une affirmation suivie d'un discours à Draguignan le 6 octobre 2012, dans lequel il donnait l'exemple de "quartiers où les enfants ne peuvent pas manger leur pain au chocolat car c'est le ramadan".

Sur le terrain judiciaire et associatif, le terme "racisme anti-blanc" est aussi très débattu. En avril 2013, un homme était jugé au palais de justice de Paris, dans une affaire qui avait déjà relancé la polémique. En septembre 2010, il aurait violement agressé un autre individu, âgé de 28 ans, Gare du Nord, à Paris. Refus de donner une cigarette, bagarre, coups à terre, étranglement, balafre avec un tesson de bouteille... L'agression aurait été accompagnée des insultes "sale Français", "sale Blanc", "blanc-bec". Le parquet a requis le 25 avril quatre ans de prison, dont trois fermes, à l'encontre de l'auteur présumé de l'agression. Le jugement a été mis en délibéré au 21 juin.

Mais l'originalité de cette affaire est la division manifeste qu'elle a provoquée parmi les associations de lutte contre le racisme. La Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) s'est portée pour la première fois partie civile lors du procès. Une validation de l'expression "racisme anti-blanc" ? Mario Pierre Stasi, avocat et président de la commission juridique de la Licra avoue qu'il "n'aime pas ce terme" mais admet qu'il "n'en voit pas d'autres". Le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) semble quant à lui peiner à définir sa ligne. Soutien de la Licra il ya quelques années dans ce combat, il a récemment indiqué que le "racisme anti-Blancs" était un "avatar" du racisme et de la radicalisation de certains discours, provoquant une polémique et des divisions en interne. SOS Racisme, plutôt proche du PS, refuse de reprendre le terme à son compte, estimant que la notion de "racisme" tout court se "suffit à elle-même". Enfin, la Commission nationale des droits de l'homme (CNCDH), s'inquiète que le terme puisse diffuser l'idée d'un hypothétique racisme "anti-Français", donc accentuer les tensions en pointant du doigt les autres communautés...

La dernière étude "sérieuse" sur la question date de 2008. L'Ined, l'Institut national d'études démographiques, confirmait alors que 10 % des personnes issues de la "population majoritaire" disaient avoir "subi des discriminations" ces 5 dernières années, dont 18 % concernaient "l'origine". 16 % disaient même avoir déjà été victimes d'une "situation raciste" dans leur vie.

EN VIDÉO - Le Conseil français du culte musulman a annoncé mardi 8 janvier 2013 qu'il allait retirer sa plainte contre le président de l'UMP, Jean-François Copé, déposée après ses déclarations controversées sur le "pain au chocolat".

""Pain au chocolat": le CFCM retire sa plainte contre Copé"