Attentat Goutte d'Or, Paris 18 : la famille de l'homme abattu à Barbès aurait confirmé son identité

Attentat Goutte d'Or, Paris 18 : la famille de l'homme abattu à Barbès aurait confirmé son identité GOUTTE D'OR - L'identité de l'homme armé abattu devant un commissariat du 18e arrondissement de Paris n'est pas encore confirmée. Il s'agirait de Tarek Belgacem, ou Tarek Belkacem, d'abord connu sous le nom de Sallah Ali.

[Mis à jour vendredi 8 janvier 2016 à 20h45] Un "individu isolé" avance le procureur de Paris. Les motivations de l'homme qui a attaqué un commissariat du quartier de Barbès, à Paris le 7 janvier, restent encore à éclaicir. Jeudi matin, un jeune individu a agressé un policier avec une arme blanche, dans l'intention de rentrer dans le bâtiment, avant d'être abattu. Les forces de police ont pensé avoir affaire à un kamikake, des fils dépassant d'un petit dispositif faisant croire à une ceinture d'explosifs. L'enquête, en cours, devrait permettre de comprendre les intentions réelles de l'assaillant et, surtout, de confirmer ou non son identité.

Car ce vendredi 8 janvier, de fortes incertitudes demeurent : sur les documents retrouvés sur le corps, pas de papier d'identité, mais une lettre avec un nom, non communiqué officiellement pour l'heure. Il s'agirait d'un Tunisien, Tarek Belgacem selon des sources proches de l'enquête citées par l'AFP et de Tarek Belkacem selon M6. Le document indiquerait également un surnom musulman commençant par Abou, d'après Le Monde.  C'est cette piste qui pourrait être priviligiée : la famille de Tarek Belgacem aurait contacté les services français pour confirmer qu'il s'agit bien de l'homme abattu par la police, selon les informations de MYTF1News et de l'AFP.

Auparavant, les médias avaient affirmé que l'assaillant du commissarait du 18e arrondissement avait été identifié et qu'il s'appelait "Sallah Ali". Les empreintes digitales relevées sur le corps correspondraient à celles d'un individu arrêté en 2013 dans le sud de la France pour vol, qui s'était présenté comme un Marocain né en 1995. "Il n'est "pas du tout certain" que l'identité déclarée par cet homme "soit réelle", a pour autant affirmé ce vendredi matin le procureur de Paris, François Molins sur France Inter. Finalement, Sallah Ali et Tarek Belgacem pourrait être une seule et même personne. Cet homme aurait simplement décliné une fausse identité lors de son arrestatione en 2013. BFMTV s'est procuré une photo prise à l'époque :

Ce que l'on sait de Sallah Ali

L'individu, d'abord identifié comme Sallah Ali, serait connu des services de police pour une affaire de vol en réunion commis en 2013 dans le sud de la France, à Sainte-Maxime. A l'époque, il s'était présenté à la police comme un SDF, né au Maroc en 1995. Le journal Nice Matin est allé à la rencontre du maire de Sainte-Maxime, qui se souvient du vol : "C'était un sans domicile fixe qui squattait sur Cogolin. Il avait été arrêté pour un vol de lunettes par les services de gendarmerie. [...] C'était de la petite délinquance. Je ne sais pas s'il avait été condamné. On ne l'a jamais revu ensuite", explique-t-il. Selon les informations du Parisien, le jeune homme entendu par la police en 2013 a indiqué qu'il s'était rendu dans plusieurs pays d'Europe, dans les mois qui ont précédé son arrestation, notamment en Italie et en Allemagne. La police avait alors enregistré ses empreintes dans le Fichier automatisé des empreintes digitales (FAED). C'est par ce biais que le lien a été établi avec l'homme abattu hier à la Goutte d'Or.

Un "individu isolé" selon le procureur

Selon François Molins, l'assaillant serait plutôt un "individu isolé". "On peut se trouver confronté à des actes très organisés avec des logistiques et des coordinations importantes [...] et à côté, des gens qui vont passer à l'acte de manière isolée, soit sur fond de déséquilibre psychique, soit tout simplement parce qu'il veulent appliquer des mots d'ordre de meurtre permanents", a-t-il ajouté. Le procureur a par ailleurs donné un élément factuel de l'enquête, annonçant que la puce dont était dotée le téléphone de l'assaillant était "allemande".

Une photo du corps de l'homme abattu a rapidement circulé sur Twitter (nous avons préféré la flouter) :

Attaque à Paris 18 : terroriste ou déséquilibré ?

Alors que certains parlent déjà d'un attentat déjoué, Christiane Taubira, interrogée sur iTélé jeudi soir, restait elle aussi prudente. "Ce qui apparaît très clairement de ce qui est connu de cette personne (c'est qu'elle) n'a aucun lien avec la radicalisation violente, aucun", a-t-elle déclaré. La garde des Sceaux a ajouté : "une ceinture d'explosif factice, ces cris, cette allégeance dans la poche, ce sont des signes qui peuvent le raccorder à un réseau, mais en même temps cela peut être des signes de déséquilibre. L'enquête fera la clarté de tout cela". La ministre de la Justice n'écarte pas la piste d'un acte isolé, oeuvre d'un déséquilibré : "c'est une ambiance extrêmement lourde et des personnes qui ont des fragilités psychologiques - je ne dis pas que c'est le cas de cette personne - peuvent agir aussi de cette façon". D'ailleurs un policier dont les propos ont été rapportés par MYTF1News palait déjà d'un "homme en état de démence".

L'homme aurait prêté allégeance à Daesh

Le communiqué du procureur de la République, diffusé en milieu d'après-midi jeudi, précisait que "l'identité de l'individu n'est toujours pas connue". En plus de son arme, il détenait un téléphone portable ainsi qu'un "papier sur lequel figurent le drapeau de Daesh et une revendication manuscrite non équivoque en langue arabe". D'après Le Parisien , la revendication évoque "des actes pour venger les morts en Syrie" et mettrait en évidence que l'individu avait prêté allégeance à Al-Baghdadi, le leader de l'organisation Etat islamique. 

Une enquête est menée par la section anti-terroriste du parquet de Paris pour le chef de tentative d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprises terroriste. "L'identification est en cours et tout sera fait pour en apprendre plus sur les motivations de ce geste", a promis Bernard Cazeneuve. "Le procureur communiquera des informations dès que possible".

Que s'est-il passé jeudi devant le commissariat de Barbès ?

L'homme s'est présenté devant le commissariat du quartier de la Goutte d'Or, armé d'un hâchoir, vers 11h30 jeudi 7 novembre. Il a été abattu après avoir tenté de s'introduire dans le le bâtiment. Selon le communiqué du procureur de la République, l'homme, armé d'une feuille de boucher, a crié "Allahou Akbar" tout en tentant d'agresser un policier qui se tenait à l'accueil. Le dispositif d'explosifs qu'il portait s'est révélé factice. Il s'agirait en réalité d'une "pochette entourée de scotch dont dépassaient des fils électriques", selon des sources policières citées par un journaliste du Monde. Les faits se sont produits un an jour pour jour après l'attentat qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015.

Sur BFMTV, plusieurs témoins interrogés ne corroborent pas la version des policiers. Selon eux, l'homme aurait levé les mains en l'air et n'aurait pas crié Allah Akbar. "Le monsieur s'approchait juste vers les policiers. Il n'était ni armé, ni rien du tout. Ils lui ont demandé : 'recule, recule, recule'. Il a reculé en levant les mains. Il a levé les mains, d'un coup il est revenu vers eux et ils ont tiré trois fois sur lui". Même son de cloche pour un autre témoin qui affirme : "ils étaient tous chauds pareil, que ce soit le policier où le monsieur". Pour lui, "il n'y avait pas (de couteau)". Il conclut : "Il n'a pas crié Allah Akbar".

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui s'est rendu sur place dans l'après-midi a précisé que "la personne qui a fait cette agression a trouvé la mort après que les policiers ont été obligés d'ouvrir le feu". Selon les informations du Figaro, les deux policiers en faction devant le commissariat ont d'abord demandé à l'individu de reculer. "L'homme a continué d'avancer tout en cherchant quelque chose dans sa doudoune", a raconté une source policière. L'un des deux policiers aurait alors tiré cinq fois. "L'homme s'est écroulé mais était encore vivant", a avancé une source du Figaro. L'individu serait en réalité mort de la suite de ses blessures alors qu'un périmètre de sécurité était établi autour de lui après que les policiers aient vu le faux dispositif d'explosifs. Selon Le Parisien, un policier a été blessé. Le Figaro précise qu'il souffre simplement d'acouphènes.

Ce vendredi 8 janvier, au lendemain de l'attentat à Barbès, et une année jour pour jour après l'attentat de Paris qui avait coûté la mort à une partie de la rédaction de Charlie Hebdo, le maire PS du 18ème arrondissement Eric Lejoindre, s'est exprimé dans un communiqué.  Dans cette lettre adressée aux habitants de la Goutte d'Or, il explique s'être rendu sur les lieux de l'attaque immédiatement après en avoir été informé et salue le travail des forces de sécurité présentes sur place : "les procédures de sécurité ont été appliquées avec rapidité et efficacité (…) je tiens aujourd'hui à saluer et à remercier l'ensemble des professionnels qu'il s'agisse des personnels des écoles ou des crèches ou des autres services publics qui ont fait preuve d'un très grand professionnalisme". Et il a également rappelé son soutien à "ceux qui nous protègent" sans pour autant donner plus d'informations sur l'avancée de l'enquête ni sur le nom de l'assaillant, qui n'a toujours pas été confirmé.