James Franco pointé du doigt par Scarlett Johansson

James Franco pointé du doigt par Scarlett Johansson Après de nombreux témoignages concernant des abus de position de pouvoir de la part de James Franco à l'encontre de femmes, Scarlett Johansson a fait référence à l'acteur dans un discours lors de la Marche des femmes.

[Mis à jour le 22 janvier 2018 à 11h04] Le week-end du 20 au 21 janvier 2018 a marqué deux journées d'intenses mobilisations sociales aux Etats-Unis à l'occasion de la "Marche des femmes". A Los Angeles, l'actrice Scarlett Johansson a pris la parole dans un discours qui a fait référence à une affaire récente de harcèlement sexuel commis par un collègue de Hollywood. Sans jamais le nommer, la comédienne a pointé du doigt James Franco, qui portait le pins de l'association Time's Up lors de la cérémonie des Golden Globes. "Comment une personne peut-elle publiquement soutenir une association qui vise à aider les victimes de harcèlement sexuel pendant qu'en privé elle tente d'abuser de son pouvoir sur des personnes qui n'en ont pas ? Au passage, je souhaite récupérer mon pins !" Johansson a précisé par la suite au Los Angeles Times qu'elle parlait bel et bien de James Franco.

L'affaire James Franco

Les femmes ayant pointé du doigt les agissements passés de James Franco au moment de sa victoire aux Golden Globes ont pris le temps de répondre aux questions du LA Times qui leur donne la parole dans une longue enquête. Sarah Tither-Kaplan, élève du Studio 4 (école d'acteurs et réalisateurs créée par Franco), explique qu'elle a "l'impression qu'il y avait de l'abus de pouvoir, une culture d'exploitation les femmes inconnues, une culture des femmes vues comme remplaçables." La jeune actrice s'est vue proposer un rôle dans le film The Long Home où elle devait jouer nue.

Pensant que ce rôle pourrait lui permettre de lancer sa carrière, elle accepte la proposition mais découvre très vite des conditions de travail peu orthodoxes. Sur le tournage, plusieurs femmes sont sélectionnées pour une scène orgiaque où James Franco doit simuler du sexe oral sur chacune d'elle. D'après plusieurs sources, dont Tither-Kaplan, l'acteur a systématiquement retirer les protections de plastique posées sur le sexe des actrices avant de jouer sa scène.

Sur ce même tournage, d'autres femmes ont été choisies pour une scène non prévue dans le script où elles devaient danser nues autour de James Franco. L'une d'entre elle s'est exécutée de mauvaise grâce. On lui a demandé de rentrer chez elle le lendemain. Sarah Tither-Kaplan explique son sentiment de l'époque : "J'ai pensé assez vite qu'on ne dit pas non à ce mec."

"Il y avait souvent des rôles qui nécessitaient de jouer nues"

Hillary Dusome raconte également son expérience au LA Times. "J'ai eu l'impression que j'avais été choisie pour mon dur labeur et mon mérite, et quand je me suis rendu compte que c'était parce que j'avais une jolie poitrine, il m'est apparu assez clair que ce n'était pas le cas. Je ne pense pas qu'il a commencé à enseigner en ayant des mauvaises intentions en tête, mais il a pris un mauvais chemin et a fait du mal à beaucoup de gens en route."

Par ailleurs, le Studio 4 promettait à ses élèves de recevoir des offres de casting exclusives pour les mettre le pied à l'étrier dans l'industrie. "Il y avait souvent des opportunités pour du travail ou des rôles qui nécessitaient de jouer nu" explique Devyn LaBella. De jeunes actrices sans agence pour les représenter pouvaient donc être menées à penser qu'elles devaient forcément accepter ces conditions de travail afin de se mettre le pied à l'étrier dans l'industrie.

"Le rapport de force était problématique"

La situation de Violet Paley est plus compliquée car elle a eu une relation quelque temps avec James Franco. Toutefois, elle explique que "le rapport de force était vraiment problématique" et qu'elle a vécu une expérience où elle a ressenti de la pression sexuelle de la part de l'acteur. Dans une voiture, l'acteur lui a demandé de lui faire une fellation. "J'étais en train de lui parler et soudain son sexe était sorti. J'étais vraiment nerveuse et je lui ai dit 'On peut faire ça plus tard ?' Il essayait de me pousser la tête vers le bas et je voulais pas qu'il me déteste donc je l'ai fait."Très mal à l'aise, la jeune femme a finalement prétexté de voir quelqu'un pour pouvoir se sortir de la situation. Rétrospectivement, la jeune femme explique qu'elle aurait géré la situation différemment. "Je dirais 'Non, arrête, sors de ma voiture.'"

Sa victoire aux Golden Globes déchaîne les passions

Récompensé du titre de meilleur acteur dans un film dramatique pour sa performance dans le film The Disaster Artist, qu'il réalise également, James Franco portait un pin's Time's Up lors de la cérémonie. Time's Up, c'est le nom d'un mouvement créé afin de combattre les inégalités entre les femmes et les hommes mais aussi le harcèlement sexuel. Sur Twitter, des femmes ont ironisé quant au port de cette mention sur le costume de l'acteur qu'elles ont accusé de harcèlement et d'agression sexuelle. C'est le cas notamment d'Ally Sheedy, comédienne qui a travaillé avec Franco dans une pièce de théâtre à New York. Dans une série de tweets durant la diffusion de la cérémonie, la jeune femme s'étonnait qu'un homme, Seth Meyers, anime la remise de prix mais aussi que "James Franco a le droit d'entrer". Par la suite, elle s'étouffait en découvrant que celui-ci avait été récompensé : "James Franco vient de gagner. S'il vous plaît ne me demandez jamais pourquoi j'ai quitté l'industrie du film et des séries." Un autre tweet était également classé avec le hashtag #MeToo, signe qu'elle a elle aussi été victime de harcèlement et/ou d'agression sexuelle.

"Tu m'as pris le visage pour l'approcher de ton pénis découvert"

Ally Sheedy n'est pas la seule puisque plusieurs autres femmes se sont attaqué au pin's de James Franco, symbole selon elles de l'hypocrisie de l'acteur. "Demandez vite à Franco la différence entre un attouchement sur mineur et du harcèlement sexuel. Je voudrais sincèrement pouvoir entendre ses pensées." Une autre commente : "C'est... gonflé de la part de James Franco de porter le pin's Time's Up." Sarah Tither-Kaplan a également interpellé l'acteur : "Hey James Franco, sympa ton pin's Time's Up aux Golden Globes, tu te souviens quand tu m'as dit il y a quelques semaines que les scènes nues que j'ai tournées dans deux de tes films pour 100 dollars la journée n'étaient pas de l'exploitation puisque je les avais faites sous contrat. Il est temps de parler de ça !"

Dernier témoignage remarqué sur Twitter, celui de Violet Paley : "Tu te souviens de la fois où tu m'as pris le visage dans une voiture pour l'approcher de ton pénis découvert ou de la fois où tu as proposé à l'une de mes amies de 17 ans de te rejoindre dans ta chambre d'hôtel ? Alors que tu avais déjà été surpris à faire ce genre de proposition à une autre fille de 17 ans ?" Ce n'est pas la première fois que James Franco est pointé du doigt pour ses méthodes de séduction douteuses. En 2014, il avait déjà été accusé d'avoir essayé de séduire une mineure.

Des témoignages démentis par James Franco

Sur le plateau du talk-show de Stephen Colbert, James Franco est revenu sur les accusations dont il fait l'objet. A commencer par les accusations assez vagues de l'actrice Ally Sheedy, qui a supprimé ses tweets depuis. "Tout d'abord je n'ai aucune idée de ce que j'ai fait à Ally Sheedy. Je l'ai dirigée dans une pièce à Broadway, je n'ai vécu que des bons moments avec elle. J'ai un respect total pour elle. Je ne sais pas du tout pourquoi elle était en colère. Elle a supprimé le tweet. Je ne peux pas parler pour elle, je ne sais pas."

En ce qui concerne les autres femmes qui l'ont pointé du doigt, James Franco affirme que "les choses que j'ai entendues ne sont pas exactes, mais je soutiens les gens qui s'expriment et qui peuvent avoir une voix, parce qu'ils n'en ont pas eu pendant si longtemps." Par ailleurs, il annonce : "dans ma vie je suis fier de prendre la responsabilité des choses que j'ai faites. Je dois le faire pour maintenir mon bien-être, je le fais à chaque fois que je sais que quelque chose de mauvais doit être changée. Je me fais un devoir de le faire. "Si j'ai fait quelque chose de mal, je vais réparer ça, je dois le faire."