Helene Hegemann "Mifti est une fille très sympathique"

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Helene Hegemann © H. Hegemann

Tous vos personnages apparaissent très antipathiques, et Mifti ne fait pas exception. Jamais elle ne semble se révolter et poursuit sa chute inexorablement...

Je trouve qu'au contraire Mifti est une figure très sympathique, pleine d'humour. C'est quelqu'un qui vit ce qu'elle a envie de vivre, tout simplement, et elle prend du plaisir. Je la trouve sincèrement plus sympa que la plupart des gens.

C'est quelqu'un d'assez intelligent pour entreprendre tout ce qu'elle veut, comme des études de médecine par exemple, mais elle ne le fait pas. C'est ce qui m'intéresse. C'est à l'opposé du livre de Christiane Felscherinow ("Moi, Christiane F, 13 ans, droguée, prostituée", NDLR), qui décrit un personnage perdu, qui subit de terribles épreuves et que l'on a envie de plaindre. Mifti, elle, ne subit pas, elle décide de vivre toutes ces épreuves, avec une force que je définis comme une révolte.

Vous faites preuve d'une certaine audace dans la structuration –ou plutôt la déstructuration- de la narration et de l'intrigue. Privilégiez-vous volontairement la forme, le style, au récit ?

Pour moi, c'est le contenu qui sert et qui dicte la forme. Lorsque c'est le contraire, on n'est plus dans l'art mais dans le design. Et ça ne m'intéresse pas.

Comment procédez-vous pour écrire ?

J'écris de manière spontanée, je ne sais toujours où je vais quand j'écris et je suis mes propres intuitions. Cela dit, je trouve toujours cela très déplacé, petit-bourgeois, lorsque les auteurs parlent de leur façon d'écrire. Et cela n'a pas vraiment d'intérêt, je trouve cela arrogant et terriblement ennuyeux.