L'Internaute > Nantes >
Urbanisme
TOUR DE BRETAGNE
 
Juillet 2006

L'avis de Luc Stanescou, architecte : «La tour est à reconquérir ! »

Luc Stanescou, architecte qui avait fait de la tour de Bretagne son sujet de diplôme à l'Ecole d'Architecture de Nantes, nous apprend que derrière ses lignes droites, le bâtiment cache un système architectural très complexe.

  Envoyer à un ami | Imprimer cet article  

Comment l'idée de construire une tour à Nantes est-elle née ?
Paris se dotait de la tour Montparnasse, pourquoi pas Nantes ?
La petite surface de la place de Bretagne se prêtait à ce type de construction. L'envie première était d'y construire un vaste parking sur 16 étages. Mais il est ensuite apparu qu'il était plus rentable de faire un parking souterrain sous la place de Bretagne et d'installer des commerces et bureaux dans la carapace de la tour. Les plans ont ainsi évolué jusqu'au commencement des travaux en 1971. Au fil du temps, le projet a continué de se modifier et on lui a notamment rajouté une dizaine d'étages. En outre, d'une forme rectangulaire, elle est devenue carrée. La rampe envisagée pour le premier programme du parking est toujours visible.

Est-ce une tour typique des années 70 ?
Elle partage sa couleur bronze typique avec la tour Montparnasse.
Sa forme carrée s'inscrit aussi dans le style des buildings construits à cette époque en France ou encore aux Etats-Unis. Toutefois, la tour est essentiellement composée de béton alors que de l'autre côté de l'Altantique on construisait déjà des immeubles en métal, matière plus légère et malléable. Mais au-delà de son aspect extérieur, la tour de Bretagne incarne surtout cet urbanisme grandiloquent des années 70. Une véritable folie des grandeurs régnait. Le monde se rêvait en grand. Grandes autoroutes, grands immeubles, grands projets, grandes villes. Une tour se voulait être à la hauteur de l'essor qu'allait prendre la métropole nantaise.

L'architecture de la tour est-elle aussi monotone qu'on le pense ?
Pas du tout ! Son aspect lisse et cubique cache au contraire un système architectural presque complexifié à outrance. Elle est par exemple bâtie sur un système d'équilibre très particulier. La tour ne repose pas sur le sol mais sur une table en béton de trois mètres d'épaisseur soutenue par quatre piliers qui s'enfoncent du rez-de-chaussée jusqu'au sous-sol. De même, toutes les façades de la tour ne font que recouvrir sa structure centrale. Elles ont été rajoutées pour cacher le système de retraitement de l'air qui habille la tour.

Photo L'Internaute Magazine / Ludovic Simon
"Paris se dotait de la tour Montparnasse, pourquoi pas Nantes ?"
Photo L'Internaute Magazine / Ludovic Simon

L'architecture de la tour a-t-elle eu une influence sur son attractivité ?
D'une certaine façon, oui. Prenons par exemple le système de retraitement de l'air. Il a été conçu pour permettre la non-ouverture des fenêtres de la tour, une idée qui apparaissait sans doute à l'époque comme une prestation haut de gamme. En réalité, l'entretien que nécessite cette aération a surtout eu pour conséquence de faire monter en flèche les charges des loyers de la tour, ce qui est encore le cas aujourd'hui. Le paradoxe, c'est qu'à l'époque, plutôt que d'installer dans la galerie de la tour de grandes enseignes comme la Fnac et la Redoute, l'implantation de petits commerçants qui eux ne pouvaient assumer le prix des loyers a été privilégiée. C'est une des raisons pour lesquelles la galerie marchande de la tour n'a jamais vu le jour…

Selon vous, pourquoi les nantais la regardent-ils d'un si mauvais œil ?
Je pense que la tour n'est pas appréciée des nantais parce qu'elle ne s'offre pas à eux. J'ai eu l'occasion de travailler quelques mois à l'intérieur. J'ai été émerveillé de la vue qu'elle offrait et du plaisir que l'on pouvait ressentir à y travailler. La tour Montparnasse est davantage aimée des parisiens car au moins ils peuvent y admirer la vue, déjeuner, profiter de ses avantages. La tour de Bretagne ne dialogue pas avec les nantais. C'est un comble pour une tour qui se veut au centre de tout ! Il est dommage de ne pas envisager une évolution véritable de la tour pour rendre par exemple la terrasse du dernier niveau accessible au grand public.

Et si vous aviez carte blanche pour la ré-imaginer…


La tour n'est pas à raser mais à reconquérir ! Elle a tellement la possibilité d'être un bâtiment extraordinaire. Si je n'avais aucune limite pour la ré-imaginer, j'axerais mon projet sur une cohabitation d'usage et de temporalité. Il y aurait des logements et des commerces ouverts à des heures différentes. J'aimerais voir cette tour vivre la nuit. Il y aurait évidemment un immense belvédère. Côté look, je retravaillerais la coiffe pour l'élancer et donner l'image d'une tour disparaissant dans les nuages. Je dissocierais également la tour en plusieurs parties pour laisser davantage la lumière la traverser.


» Lorsqu'il était étudiant à l'Ecole d'architecture de Nantes, Luc Stanescou avait réalisé son dossier de diplôme sur la tour, un ouvrage intitulé " 144. Opération tour de Bretagne".

EN IMAGES Les plus belles photos de Nantes, vu du haut de la Tour de Bretagne
17 photos

Magazine Nantes Envoyer | Imprimer Haut de page
Votre avis sur cette publicité
Voir un exemple

Voir un exemple



Toutes nos newsletters

Sondage

Selon vous, dans combien de temps le FCNA va remonter en Ligue 1 ?

Tous les sondages