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DOSSIER
 
14/07/2006

"Le Centre Pompidou Metz aura son identité propre"

Le Centre Pompidou, le plus parisien des centres culturels de la capitale, va s'implanter à Metz. Comment est née cette idée ? Pourquoi Metz ? Christine Raffin, Vice-Présidente de la Communauté d'Agglomération de Metz Métropole, a répondu à nos questions.

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"Ce projet est l'un des derniers maillons qui fera sauter cette image grisâtre dont souffre encore Metz."

D'où est venue l'idée d'un deuxième Centre Pompidou ?
C'est la rencontre de deux ambitions parallèles, nées à la fin des années 90. Celle de la ville de Metz voulant donner une place plus importante à la culture pour le développement général de la ville. Et celle du Centre Pompidou souhaitant sortir de l'espace parisien, comme le faisaient déjà les grandes fondations américaines.

Que signifie créer "un deuxième Centre Pompidou" ?
Créer un Centre Pompidou Metz, c'est reprendre un
un label, un concept bien défini, celui de collections très importantes (50 000 pièces au Centre Pompidou dont seulement 2 000 sont exposées), renouvelées chaque saison. C'est aussi un souci de sensibilisation du public à l'art contemporain et le croisement avec d'autres disciplines (musique, danse). C'est ce concept ouvert et original qui sera proposé à Metz, avec un auditorium, un centre de ressources, des lieux de rencontres.

Quelles relations entretiendront les deux centres ?
Le Centre Pompidou Metz est une décentralisation de celui de Paris (la première au monde), mais il aura une identité à part entière et sa direction propre. Reste à définir son statut juridique. Pour les expositions, le centre de Metz puisera dans les collections du centre parisien. Mais il montrera aussi d'autres objets, d'autres formes d'art. On ne sera pas toujours dans la chronologie Paris puis Metz, cela pourra être l'inverse, ou uniquement Metz et pas du tout Paris, ou Metz et un autre musée…

"A Bilbao, dix ans après l'implantation du Musée Guggenheim, la ville est redynamisée."

Pourquoi Metz ?
Quand le Centre Pompidou a déclaré officiellement qu'il voulait s'implanter en province, des villes comme Nancy, Montpellier, Caen ou Lille se sont montrées intéressées. Mais le choix de Metz a été maintenu pour deux raisons : d'une part, la position centrale de Metz sur deux corridors européens (Nord-Sud et Est-Ouest), et la proximité d'une zone densément peuplée autour du Rhin. D'autre part, la Ville avait les moyens, contrairement à d'autres, de s'engager dans ce projet financier lourd.

L'arrivée du TGV Est l'année prochaine a-t-elle été un élément important dans le choix de Metz ?
Pas vraiment, car le souci du Centre Pompidou n'est pas de faire venir des Franciliens à Metz, le Centre ayant déjà un large rayonnement sur Paris, mais au contraire de capter un autre marché, plus à l'Est, et de se développer dans une zone de l'Europe où il n'y a pas beaucoup de grands centres d'art contemporains (il faut en effet aller en Suisse, à Bâle ou au nouveau Musée d'Art Moderne Grand-Duc Jean à Luxembourg).


Quel impact en attendez-vous pour l'agglomération de Metz ?
Un impact culturel tout d'abord, que nous avons déjà évoqué. Mais aussi un impact urbain, car le Centre Pompidou Metz sera l'élément fort d'un quartier nouveau qui s'ouvre sur près de 50 hectares dans le centre ville, en lisière de la gare (qui sera réaménagée pour accueillir le TGV Est). Il s'agira d'un quartier d'habitats, de commerces et de bureaux, avec des équipements collectifs comme le Centre
Pompidou bien sûr, mais aussi une nouvelle médiathèque centrale, un Palais des congrès et un grand hôtel.

Au niveau économique, on peut s'attendre à un impact positif en termes d'activité et d'arrivée de nouvelles populations, attirées par cette offre culturelle et la qualité de vie du quartier.
Enfin, ce projet est l'un des derniers maillons qui peut faire sauter cette image triste et grisâtre dont souffre encore Metz, qui bien qu'elle n'ait jamais été une ville industrielle, est vue comme une ville militaire, où il fait froid... une ville de l'Est !


Qu'ont donné les autres expériences de décentralisation culturelle dans le monde ?
La première expérience de décentralisation culturelle a sans doute été celle du Musée Guggenheim, à Bilbao. Bilbao est une ville un peu plus importante que Metz, mais c'est aussi une ville de vieille industrie, avec d'importants problèmes économiques. Dix ans après l'ouverture du Musée Guggenheim, la ville est transformée. On observe la renaissance d'une vie économique importante. Ca a été la même chose en Grande-Bretagne avec la Tate Gallery, qui s'est implantée à Birmingham. Une ville qui est aussi, curieusement, une ville de vieille industrie. Ces expériences profitent donc aux villes, mais aussi aux grands musées qui doivent rentrer dans le circuit économique général pour devenir compétitifs, comme une entreprise qui ouvrirait des filiales.

A Metz, la Maison du projet présente le futur Centre Pompidou. © Centre Pompidou Metz
"L'idée pour le Centre Pompidou est de gagner un nouveau marché à l'Est, français et européen."

Que pensez-vous de l'architecture du futur Centre ?
Le projet choisi est très achevé, avec ses parvis, ses grandes salles, ses trois galeries qui se croisent et s'ouvrent sur les différents quartiers de la ville, et ce très beau "chapeau chinois" qui en fait une construction séduisante et originale. Et qui rappelle les apports de la culture asiatique à notre univers européen.

Renzo Piano, architecte du Centre Pompidou de Paris, a-t-il participé au concours d'architecture pour le Centre Pompidou Metz ?
Non, mais l'idée n'est pas non plus de faire un Centre Pompidou bis. Car si nous souhaitons reprendre le concept de ce centre d'art contemporain, qui est un concept pérenne et puissant, nous ne sommes pas pour autant dans l'imitation.

Quelles sont les prochaines étapes du calendrier ?
On en est actuellement au choix des entreprises pour la construction, choix qui devrait intervenir en septembre, pour commencer les travaux dans la foulée, avec une première pierre symbolique en octobre ou novembre. Si on est raisonnable, on compte deux ans de travaux. Quant au quartier de l'Amphithéâtre, il prendra forme peu à peu autour du Centre Pompidou Metz.

Les élections à venir peuvent-elles remettre en cause le projet ?
Il est évident que pendant la période électorale, le projet sera un argument pour les uns ou pour les autres, mais il est un fait qu' il a été voté à l'unanimité à la Communauté d'Agglomération de Metz. Il ne devrait donc pas y avoir de changement de programme.


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EN IMAGES Le Centre Pompidou Metz au futur
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