Le plus souvent, ce n'est pas la douleur qui permet de
déceler un cancer : une tumeur n'est en elle-même
pas douloureuse. C'est un groupement anarchique de cellules
inorganisées. Comme elle ne peut constituer de réseau nerveux,
la tumeur n'a donc aucune sensibilité. Pour qu'un cancer fasse
mal, il faut donc qu'il touche, irrite ou comprime une partie
sensible du corps humain, c'est-à-dire une zone innervée.
Il arrive toutefois que l'on détecte un cancer grâce à la
douleur, mais c'est rare, car c'est une manifestation en
général tardive.
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Les cellules cancéreuses,
en gris, se développent de façon
anarchique, jusqu'à former un amas,
la tumeur. Celle-ci fait mal si elle touche
ou irrite des cellules nerveuses.
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Symptômes :
saignements, gênes, irritations
Si ce n'est donc pas la douleur, quels sont les symptômes
qui accompagnent un début de cancer ? D'abord la tumeur
peut provoquer une hémorragie par les voies naturelles (la
bouche, l'anus, les voies urinaires). Si elle comprime des
organes, elle peut aussi entraîner une gêne pour parler, pour
avaler, pour respirer, pour aller à la selle ou pour uriner.
Une compression tumorale entraîne également des troubles nerveux,
comme une sensation d'irritation, de brûlure, ou une difficulté
pour réaliser certains mouvements. Enfin, un cancer profond
peut s'exprimer par une altération de l'état général, un amaigrissement
et de la fatigue.
Le cancer ne se fait donc (en général) pas connaître par
un mal au ventre ou autre. Signalons toutefois une exception
: la tumeur du cerveau. Ainsi, le mal de tête (céphalée) est
un des premiers signes de tumeur cérébrale : le cerveau est
insensible mais entouré du liquide céphalorachidien, de méninges
et d'os qui eux sont sensibles. En augmentant de volume, la
tumeur bloque la circulation du liquide céphalorachidien et
augmente la pression intracrânienne, ce qui provoque la douleur.
Attention toutefois, ce n'est pas parce que vous avez mal
à la tête que vous avez un cancer ! Et plus
largement, tous les symptômes cités ici ne s'associent,
fort heureusement, pas systématiquement au cancer.
Pourquoi subsiste l'dée que les tumeurs sont douloureuses
? Parce que souvent, quand elles grossissent, les tumeurs
empiètent sur le territoire des organes sains et stimulent
des cellules nerveuses. Dans les tumeurs de l'abdomen, la
douleur est due le plus souvent à l'obstruction mécanique
d'un viscère (intestin, vésicule biliaire, vessie) qui entraîne
des contractions et une dilatation douloureuses des parois.
Quand l'os est atteint, il devient douloureux, bien qu'il
soit peu innervé à l'intérieur, parce que la membrane qui
l'entoure (le périoste) l'est beaucoup.
Plus douloureux à des stades
avancés, mais pas toujours
A ces douleurs s'ajoutent des phénomènes d'inflammation
ou d'infection. De plus, le traitement anticancéreux en provoque
souvent aussi.
Environ 80% des tumeurs primitives des os, 50% des tumeurs
du sein et 10% des leucémies ou des lymphomes sont douloureux.
C'est déjà beaucoup trop, mais tous les cancers
ne sont pas douloureux, même à un stade avancé.
D'ailleurs, la douleur ne signifie pas obligatoirement que
la situation soit avancée ou grave. Le siège de la tumeur
et son agressivité ont plus d'importance que son volume et
son étendue. Selon l'OMS, une douleur modérée ou sévère est
présente dans 60 à 90 % des cancers avancés. Certains malades
n'auront jamais de douleurs spontanées.
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