"Le rugby est un inépuisable réservoir de formes et de compositions..."

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Depuis quand vous êtes vous lancée dans la peinture ?

Je peins depuis une vingtaine d'années. J'ai d'abord commencé par des gouaches abstraites, puis j'ai abordé l'huile qui m'apporte beaucoup de plaisir avec sa richesse de matières, son onctuosité et la profondeur de ses teintes, tout en continuant le dessin (encre, collage). Je peins par séries sur des thèmes qui m'inspirent, les "paysages intérieurs", les "fragments d'atelier", "série noire", "abstractions oniriques", "autour du carré", les "grands décombres", "parfum de femme", que je traite dans plusieurs techniques, des tableaux à l'huile, des dessins à l'encre et des collages.

	Héros d'un soir, espoir, 2001, huile sur toile, 100x81 cm. Photo © Marine Assoumov

Comment vous êtes vous retrouvé à peindre des tableaux sur le thème du rugby ? Combien de toiles avez-vous réalisé jusqu'à présent ? Et de quelle manière réalisez-vous vos œuvres ?

En 1995, à l'occasion de la commande d'une fresque pour une ville près de Toulouse, j'ai commencé à travailler sur les joueurs de rugby. J'aimais le spectacle des matchs, cet embrouillamini de corps parfois comique, ce renouvellement du jeu (à tout instant il se passe quelque chose de passionnant à regarder !) et parce que c'était un clin d'œil à la région du Sud-Ouest, si amoureuse du rugby. Ce thème, exubérant de couleur, de mouvement et de gaieté, s'est révélé pour moi d'une richesse extraordinaire.

D'habitude, chaque série me prend quelques années de peinture et ensuite, je l'abandonne pour aborder un nouveau thème plus stimulant. J'ai continué à travailler le rugby car c'est un inépuisable réservoir de formes et de compositions, verticale avec la touche, horizontale avec les mêlées, de corps isolés ou entassés en blocs compacts. A ce jour, j'ai peint des centaines de collages, d'encres et de tableaux à l'huile, de tous formats, sur les "joueurs en corps à corps" : des visages en gros plan aux grappes de joueurs en mêlée, des jaillissements des corps pendant la touche, du dégagement de la mêlée à la course vers l'essai. J'ai dû peindre 200 tableaux sur le rugby, sur un total de 1700 ... et je ne compte pas les dessins, plus nombreux encore. J'ai regardé beaucoup de matchs, j'ai étudié longtemps la gestuelle si particulière de ce sport, et j'ai accumulé des milliers de croquis avant de pouvoir "ressentir" le rugby de l'intérieur, de me l'approprier et de pouvoir le traduire dans des peintures intériorisées et éloignées de l'anecdote. J'ai une création très prolifique, je travaille énormément parce que j'adore peindre et être surprise par mes propres œuvres : il y a toujours une part de hasard, et l'humeur du jour influence ma façon de peindre. Dans les huiles, je cherche la profondeur de la matière et de la couleur, je les travaille longuement, je superpose plusieurs couches de peinture pour avoir une pâte, je les abandonne puis je les retrouve avec un enthousiasme renouvelé. Il me faut plusieurs mois pour peindre une toile, mais j'en ai plusieurs en chantier simultanément dans mon atelier.

	Travail au noir, 2006, encre et collage sur papier, 65x50 cm Photo © Marine Assoumov

Au contraire, l'essence du dessin, c'est la rapidité : je trace mes dessins à l'encre d'un seul trait en cherchant l'épure du mouvement. Quant au collage, c'est une technique plus lente qui laisse plus de place au hasard. Je pars d'un dessin à l'encre et j'ajoute de la gouache, des fragments de papier colorés extraits de magazines ou de publicités abandonnées, et des mots imprimés travaillés à l'imprimante et agrandis à la photocopieuse. Je joue sur le sens des mots et le décalage avec l'image, j'aime que mes peintures aient un côté ludique, qu'il y ait à voir et à lire pour le spectateur.

Parmi vos œuvres, y en a-t-il une qui ressort du lot ou qui vous tient plus particulièrement à cœur ?

Sentimentalement, c'est la première toile que j'ai peinte sur le rugby, car j'ai senti qu'elle allait être suivie par beaucoup d'autres. D'ailleurs, je la garde précieusement à l'atelier, sans la montrer en exposition ! J'ai aussi un petit faible pour la dernière toile que je suis en train de peindre, encore en devenir et riche de tous les possibles.

	Bandeau blanc, 2003, huile sur toile, 25x25 cm. Photo © Marine Assoumov

Vous exposez en ce moment au Musée du Stade de France. Qu'est-ce que cela vous fait ? Avez-vous créé des toiles spécialement pour ce grand rendez-vous ?

Je suis très heureuse d'avoir été choisie pour exposer au Musée du Stade de France pendant la Coupe du monde car c'est un lieu prestigieux pour un grand événement du Rugby, et qui cette fois-ci a lieu en France ! En outre, la salle d'exposition est grande et belle, et cela m'a permis d'accrocher une trentaine de grandes huiles, de collages et de bannières (toiles verticales de 2 m sur 1 m), que j'ai peintes spécialement pour ce rendez-vous car elles sont très décoratives pour un grand espace. J'ai aussi peint quelques nouveaux tableaux pour l'occasion, notamment "à Tue et à toi" pour le carton d'invitation.

Justement, est-ce que la Coupe du monde de rugby influence l'achat de vos toiles ? A combien s'élève le prix de vos tableaux ?

J'espère que la Coupe du Monde va me faire mieux connaître des amateurs de rugby ... et de peinture. Le prix de mes œuvres est variable selon la technique et le format, d'une centaine d'euros (petit dessin encadré) à quelques milliers d'euros (pour une très grande huile sur toile de 2 m sur 1,60 m).

Pour le côté sportif, êtes vous fan de rugby ? Quel joueur appréciez-vous plus particulièrement ?

Oui, j'adore le rugby. Le rugby est un sport collectif, où tous les joueurs apportent leur contribution, chacun à leur manière. C'est difficile d'en distinguer un plus particulièrement.

Avez-vous d'autres projets en cours ?

J'ai bien sûr d'autres expositions prévues, sur le rugby notamment mais aussi sur d'autres thèmes en galerie.

En savoir plus : http://www.peinture-rugby.fr
http://www.marine-assoumov.com

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