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(Août 2005)

Stanley Kubrick, quand l'adaptation devient un art

"Spartacus" de Koestler, "Lolita" de Nabokov, "Orange Mécanique" de Burgess, "Shining" de Stephen King ou bien encore "Eyes Wide Shut" d'après Schnitzler, la majorité des films de Stanley Kubrick sont tirés d'adaptations.
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Le plaisir d'adapter

SOMMAIRE
  Du roman au film, les techniques
  Les adaptations réussies
  Da Vinci Code secret
  Stanley Kubrick, roi de l'adaptation
  Portraits de 4 auteurs

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Stanley Kubrick adapte avant tout les livres qu'il aime. Le cinéma est une manière pour lui de réinterpréter l'histoire. La preuve avec Barry Lyndon réalisé en 1975 d'après le roman de William Makepeace Thackeray. D'ailleurs, selon le cinéaste, "Ce roman me plaisait, c'est tout ce que je peux dire ! Barry Lindon s'est trouvé dans cette terre mystérieuse du désir de créer." Stanley Kubrick écrit lui-même le scénario, restant fidèle au livre mais en y incorporant toutefois quelques modifications. La principale concerne la narration. Le livre est écrit à la première personne tandis que dans le film, elle est à la troisième afin de créer un ton très neutre et distancié. D'autre part, certaines séquences, et parmi les plus marquantes du film, ont été imaginées par Kubrick. Par exemple, la scène du duel dans le pigeonnier ne figure pas dans le roman, de même que la scène de la chute à cheval du jeune Bryan.

Cinéaste / écrivain : une étroite collaboration
Passionné, Kubrick n'a pas seulement les idées pour les adaptations, il souhaite aussi travailler avec leurs auteurs. Le meilleur exemple est 2001 L'Odyssée de L'Espace, adaptation du roman, "La Sentinelle" de Clark. Stanley Kubrick est à l'initiative du projet. Connaissant l'œuvre de l'écrivain, le cinéaste le contacte. Le scénario du film, ainsi que le livre correspondant, ont été écrits conjointement par Arthur C.Clarke et Stanley Kubrick. En revanche, l'écrivain conserve la paternité du livre, et le cinéaste celle du scénario. Le film ainsi que le livre ont été construits en parallèle. Par exemple, le roman est basé sur certains rushs quotidiens du film. Et paradoxalement, l'œuvre originale propose des points de désaccord avec le scénario comme par exemple le fait que Bowman possède des pouvoirs surhumains.


Au delà des conventions : un choix manifeste pour Stanley Kubrick
Kubrick réalise en 1962 Lolita, adapté du roman de Nabokov. Bon nombre de personnes lui reprochent d'avoir "trahi" l'esprit du roman de Nabokov même si ce dernier a lui-même participé à l'adaptation. Mais pour beaucoup, il met en exergue l'univers de l'écrivain : un conte moral dont le fil conducteur est centré autour de trois destins tragiques, et parmi lesquels un seul est acceptable : celui de l'héroïne. À sa sortie, le film fait scandale dans les milieux puritains. A cause de la censure, Stanley Kubrick est obligé de couper plusieurs scènes. Le cinéaste a déclaré par la suite que s'il avait su ce qui allait se passer, il n'aurait pas tourné ce film. Mais cela ne l'empêche pas de continuer à réaliser des films.
En 1971, Kubrick réalise l'adaptation d'Orange Mécanique, roman d'Anthony Burgess. L'histoire brise les conventions en abordant le problème du conditionnement et du lavage de cerveau. Avec ce film, le cinéaste s'impose et démontre qu'il est capable de déstabiliser les esprits conventionnels.

Sur treize longs métrages, onze sont des adaptations littéraires. Le cinéaste s'est donc inspiré des mots pour créer des images. Un style qu'il maîtrise et qui lui confère sa renommée.

Plus d'infos sur Stanley Kubrick dans notre rubrique cinéma

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 [Christel Gesbert, L'Internaute]
 
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