Le plaisir d'adapter
Stanley Kubrick
adapte
avant tout les livres qu'il aime. Le cinéma
est une manière pour lui de réinterpréter
l'histoire.
La
preuve avec
Barry
Lyndon réalisé en 1975
d'après le roman de William Makepeace Thackeray.
D'ailleurs, selon le cinéaste, "Ce roman
me plaisait, c'est tout ce que je peux dire
! Barry Lindon s'est trouvé dans cette terre
mystérieuse du désir de créer." Stanley Kubrick
écrit lui-même le scénario, restant fidèle
au livre mais en y incorporant toutefois quelques
modifications. La principale concerne la narration. Le livre est écrit à la première personne
tandis
que dans le film, elle est à la troisième afin de créer un ton très neutre et distancié. D'autre part, certaines
séquences, et parmi les plus marquantes du
film, ont été imaginées par Kubrick. Par exemple,
la scène du duel dans le pigeonnier ne figure
pas dans le roman, de même que la scène de
la chute à cheval du jeune Bryan.
Cinéaste
/ écrivain : une étroite collaboration
Passionné, Kubrick n'a pas seulement
les idées pour les adaptations, il
souhaite aussi travailler avec leurs auteurs.
Le meilleur exemple est 2001 L'Odyssée
de L'Espace, adaptation du roman, "La
Sentinelle" de Clark. Stanley Kubrick
est à l'initiative du projet. Connaissant
l'uvre de l'écrivain, le cinéaste le contacte. Le scénario du film, ainsi
que le livre correspondant, ont été écrits
conjointement par Arthur C.Clarke et Stanley
Kubrick. En revanche, l'écrivain
conserve la paternité du livre, et le cinéaste
celle du scénario. Le film ainsi que le
livre ont été construits en parallèle. Par
exemple, le roman est basé sur certains
rushs quotidiens du film. Et paradoxalement,
l'uvre originale propose des points de désaccord
avec le scénario comme par exemple le fait
que Bowman possède des pouvoirs surhumains.
Au delà des
conventions : un choix manifeste pour Stanley
Kubrick
Kubrick réalise en 1962 Lolita,
adapté du roman de Nabokov. Bon nombre de
personnes lui reprochent d'avoir "trahi"
l'esprit du roman de Nabokov même si ce dernier a
lui-même participé à l'adaptation. Mais
pour beaucoup, il met en exergue l'univers
de l'écrivain : un conte moral dont
le fil conducteur est centré autour de trois destins tragiques,
et parmi lesquels un seul est acceptable : celui de l'héroïne.
À sa sortie, le film fait scandale dans
les milieux puritains. A cause de la censure,
Stanley Kubrick est obligé de couper
plusieurs scènes. Le cinéaste a déclaré
par la suite que s'il avait su ce qui allait
se passer, il n'aurait pas tourné ce film.
Mais cela ne l'empêche pas de continuer
à réaliser des films.
En 1971, Kubrick
réalise l'adaptation d'Orange
Mécanique, roman d'Anthony
Burgess. L'histoire brise les conventions
en abordant le problème du conditionnement
et du lavage de cerveau. Avec ce film, le
cinéaste s'impose et démontre
qu'il est capable de déstabiliser
les esprits conventionnels.
Sur treize longs métrages, onze
sont des adaptations littéraires.
Le cinéaste s'est donc inspiré
des mots pour créer des images. Un
style qu'il maîtrise et qui lui confère
sa renommée.
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