L'Internaute > Week−end
 LIVRE  
(Mai 2004)

Polar : quand le genre fait genres

Comparution de tous les genres qui font un bon polar.
Envoyer à un ami | Imprimer cet article

Comment pourrait-on comparer le style d'Agatha Christie à celui de James Ellroy ? Pourtant diamétralement opposés, ces auteurs ont tous deux mérité leurs étiquettes de maîtres du polar. On le voit, le terme "polar" est une expression un peu trop générique qui regroupe une multitude de sous-genres : le roman à énigme, le suspense, le thriller psychologique... Chacun de ces sous-genres à ses univers, ses codes propres et bien sûr ses auteurs références. L'Internaute vous propose un petit récapitulatif non exhaustif des genres clés du mouvement polar.

Le roman-énigme
Le roman-énigme est la figure du polar la plus classique, et fut autrefois l'une plus répandues. C'est en effet avec le roman-énigme que le polar va s'inscrire dans les moeurs, il était aussi appelé "roman-jeu" ou "roman-problème". Il fait son apparition au milieu du XIXe siècle avec des auteurs comme Edgar Allan Poe ou Sir Arthur Conan Doyle (avec le personnage mythique du détective Sherlock Holmes) et passe par une période faste jusqu'à la mort d'Agatha Christie en 1976, où le genre commence à se raréfier.

La règle suprême de ce genre est que le lecteur et le héros du roman aient des chances égales de débusquer le coupable ou d'élucider une énigme. Sa trame classique est de présenter un fait (vol, meurtre, etc.) et de ne soulever le voile du mystère qu'à la fin, après avoir distillé tout au long de l'intrigue les éléments nécessaires à sa résolution, inattendue mais toujours logique.

Le roman noir
Né après la première Guerre Mondiale, le roman noir fait son apparition en même temps que la Prohibition aux Etats-Unis et les premiers effets de la corruption moderne. Dans un ordre social désormais bousculé, le roman noir restitue le milieu sombre des gangsters. Contrairement au roman à énigme, il se soucie peu du mystère et préfère laisser une place bien plus importante à la tension dramatique. Les maîtres du genre sont Elmore Leonard, John Harvey, Donald Westlake...

Le hard boiled
Le genre hard boiled ("dur à cuire") est né dans une sorte de continuité logique d'avec le roman noir. Contrairement aux genres vus précédemment, le héros type d'un hard boiled est un homme solitaire et violent, parfois désabusé et qui, pour arriver à ses fins, est prêt parfois à contourner la loi. La limite entre le héros et le milieu qu'il combat est parfois mince. Des auteurs comme Horace McCoy, Martin Brett, Raymond Chandler ou encore James Ellroy ont donné leurs lettres de noblesse au hard boiled.

Le thriller ou le roman à suspense
Le thriller reste une catégorie un peu "fourre-tout" dans laquelle les genres se mélangent. Son seul but est de maintenir une certaine tension dramatique jusqu'à la fin du roman, comme l'ont fait avec talent Boileau et Narcejac, Mary Higgins Clark, Stephen King ou Maurice Dantec pour les contemporains.

Le thriller psychologique
C'est vraisemblablement le cinéma qui donne l'impulsion au genre suspense / thriller psychologique. Dans ces romans, il n'y a pas vraiment d'énigme. On s'interesse plus au criminel qu'à son crime, en dressant son portrait psychologique par l'analyse de son mobile ou de ses réactions. Patricia Highsmith est un des fers de lance du thriller psychologique (grâce au Talentueux M. Ripley), tout comme l'écrivain Thomas Harris, célèbre papa de Hannibal.


Le roman d'espionnage
Né pendant la première et la deuxième Guerre Mondiale, le genre a connu un nouvel essor avec la montée en puissance du communisme et les craintes face aux nouvelles énergies atomiques. Le roi du roman d'espionnage reste Ian Fleming grâce à la saga James Bond, même si Gérard de Villiers ou Frederick Forsyth sont aussi des références.

 
 [Johann Liard, L'Internaute]
 
Magazine Week−End
Envoyer | Imprimer
Haut de page