Puvis
de Chavannes, une voie singulière au siècle de l'impressionnisme |
| | Amiens
célèbre l'un des plus grands peintres muralistes français de la seconde moitié
du XIXème siècle, Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898). Ce peintre n'est
pas un inconnu dans la capitale picarde. Car si ses uvres ornent les murs de
la Sorbonne, du Panthéon ou encore de l'hôtel de ville de Paris, quatorze d'entre
elles sont exposées en permanence dans l'escalier d'honneur et les galeries de
réception du musée de Picardie à Amiens.
A
travers cette exposition intitulée "Puvis de Chavannes, une voie singulière au
siècle de l'impressionnisme", le musée de Picardie a souhaité faire découvrir
ce peintre en replaçant son uvre dans son contexte de création. Parmi les 300
uvres exposées, il y a bien évidemment les fresques murales épiques et décoratives
qui firent la notoriété de l'artiste mais également des peintures, des
dessins, des estampes et des sculptures. Cette exposition confronte en effet cet
adepte du format monumental à ses influences, à ses contemporains mais
aussi à ses disciples. La marque romantique des "pères" Cette
exposition dévoile en premier lieu un Puvis de Chavannes imprégné du courant artistique
majeur qui traverse l'époque dans laquelle il vit. A ses débuts, il se jette dans
un "romantisme à tous crins", pour reprendre ses propres termes. Cela s'explique
entre autre par la formation qu'il suivit auprès de grands maîtres des années
1830-1850. C'est en effet dans les ateliers d'Henry Scheffer, de Thomas Couture
ou d'Eugène Delacroix que l'homme apprend les bases du métier de peintre. Géricault,
Chassériau et Ingres lui ouvrent quant à eux la voie des grandes peintures décoratives.
Il
observe beaucoup la manière dont les autres peignent. Il travaille essentiellement
la manière de poser des personnages relevant de la tradition picturale dans des
paysages des plus réalistes et il réalise de nombreux nus de femme vue de dos
à la manière du peintre Jean-Dominique Ingres. C'est ainsi qu'il se lance dans
la réalisation de tableaux dominés par des aplats, des absences de profondeur
et la matière rugueuse et mate. Il utilise très régulièrement le procédé du "marcottage
pictural", c'est-à-dire qu'il répète un sujet considéré comme abouti dans une
autre toile.
Une carrière aux influences multiples La partie
centrale de l'exposition insiste sur l'émergence de la carrière du peintre Puvis
de Chavannes. Elle débute véritablement en 1846 lors d'un voyage en Italie. C'est
là-bas qu'il découvre l'école vénitienne du XVIème siècle et plus particulièrement
les fresques de Giotto, de Piero della Francesca ou de Véronèse.
A
son retour, il se lance dans la décoration murale comme en témoigne "Le Retour
de chasse", uvre qu'il réalise pour la maison familiale de son frère
en Bourgogne. Il commence alors à se faire remarquer dans le monde artistique.
Son style s'affirme progressivement à partir des années 1860. Il cherche l'harmonie
des lignes et des tons et souhaite faire corps avec la paroi pour l'animer et
la mettre en valeur. Il se forge ainsi un style unique entre réalisme et éclectisme
qui le conduit en 1874 à l'église Sainte-Geneviève, futur Panthéon. Les grandes
toiles marouflées qu'il réalise lui offrent un large succès.
Il se voit
même confier à la fin de sa vie la décoration de la bibliothèque publique de Boston.
Lors de son décès en 1898, sa réputation est telle que de nombreux artistes s'inspirent
de ces travaux.
Une empreinte marquée dans le temps Puvis
de Chavannes est considéré comme l'un des précurseurs des avant-gardes. Son style
inspira de nombreux peintres comme Séon, Lagarde ou Paul Gauguin. Il devint sans
vraiment le savoir, l'un des fondateurs du Symbolisme. Dans les baigneuses de
Cézanne, on retrouve le rôle primordial du rythme de ses compositions, leur clarté
et leur équilibre. Van Gogh, Picasso ou Matisse s'intéressèrent également à l'artiste
tout comme des sculpteurs comme Bourdelle ou Maillol.
Cette exposition
emmène le visiteur à la découverte de ce peintre qui marqua son temps et dévoile
un Puvis de Chavannes précurseur de l'art moderne. |