Les grosses colères des sportifs Michel Hidalgo et le cheikh koweitien

Coupe du monde de foot 1982 : la France affronte le Koweït pour son 2e match de poule et mène déjà 3-1. A la 78e minute, Alain Giresse se présente seul face au gardien et marque. L'arbitre accorde le but.

Seul problème, au moment où Giresse s'est avancé pour tirer, un coup de sifflet a retenti des tribunes, laissant croire aux défenseurs koweïtiens que l'arbitre arrêtait le jeu. Ceux-ci refusent de reprendre le match.

Le cheikh Fahid Al-Ahmad Al-Sabah, frère de l'émir du Koweït et président de la Fédération de football dans son pays, demande à ses joueurs de quitter le terrain et descend même des tribunes pour s'adresser à l'arbitre et exprimer sa colère. C'est la zizanie sur le terrain ! M. Stupar, l'arbitre de la rencontre, est complètement dépassé.

"La police espagnole m'a empêché de rentrer sur le terrain, parce que j'avais eu un problème avec elle avant"

Michel Hidalgo, le sélectionneur français, est indigné par cette intrusion. Il voit carrément rouge quand l'arbitre russe accède à la demande du cheikh et... annule le but ! Il pénétre alors lui aussi sur la pelouse pour aller parler à l'arbitre. Mais le sélectionneur se fait repousser par une horde de CRS espagnols !

Après 15 minutes d'interruption, le match reprend dans la confusion par un entre-deux. Maxime Bossis rendra finalement justice à son équipe en inscrivant un "vrai" 4e but, à la 89e minute de jeu.

Dans une interview au magazine So Foot en juin 2004, Michel Hidalgo revient sur cet épisode de la Coupe du monde : "Moi ma colère, ce n'était pas contre le cheikh : je ne pensais pas que l'arbitre allait refuser le but. Moi, c'est la police espagnole, qui m'a empêché de rentrer sur le terrain, parce que j'avais eu un problème avec elle juste avant. Avant le match, un jeune Français avait grimpé par-dessus le grillage pour courir sur la pelouse avec un drapeau tricolore [...] La police l'a emmené au 3e étage du stade, où il y avait une prison. J'ai alors dit : "Si à 15h, au moment où le match commence, vous ne sortez pas ce gosse de prison, on n'entrera pas sur le terrain". C'est cette histoire qui m'avait échaudé".

Arbitre radié, cheihk blamé

Pour cette "conduite anti-sportive", le cheikh recevra un "blâme" de la FIFA. La sanction aurait pu être plus sévère si l'instance internationale avait entendu les propos du cheikh : "Je dis merde à la FIFA, elle est pire que la mafia." Ambiance...
Ce match fera une autre victime : l'arbitre russe M. Stupar, radié par la FIFA.