Pape François : biographie courte du souverain pontife argentin

Pape François : biographie courte du souverain pontife argentin Ancien archevêque de Buenos Aires et cardinal, Jorge Mario Bergoglio est devenu pape le 13 mars 2013.

Biographie courte du Pape François - De son vrai nom Jorge Mario Bergoglio, il est né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires, en Argentine. Après avoir été archevêque de Buenos Aires et cardinal, il est élu pape de l'Église catholique le 13 mars 2013. En succédant à Benoît XVI, le pape François, dit "le pape des pauvres", devient le 266ème pape et est également le premier pape non européen depuis le XIIIème siècle.

Jeunesse et formation du pape François

Enfant d'immigrés italiens, le pape François a deux frères et deux sœurs, mais seule Maria Elena est encore vivante lors de son élection papale. Le 25 décembre 1936, il est baptisé par le père Enrique Pozzoli, qui devient plus tard son directeur spirituel. En 1949, il étudie au collège salésien "Wilfrid Baron" dans la ville de Ramos Mejia, puis obtient un diplôme de technicien en chimie à l'école industrielle E.N.E.T. . Pendant ce temps, pour subvenir à ses besoins, il fait des ménages dans une usine locale et est également videur dans une boîte de nuit mal fréquentée à Cordoba (Argentine). Alors fiancé à une jeune femme, il est dans une profonde réflexion qui l'amène à rompre ses fiançailles et entrer dans les ordres. En effet, il fréquente l'église San José du quartier Flores (Buenos Aires) puis, en 1953, il côtoie l'expérience "de la miséricorde de Dieu", pendant une confession, et a "une révélation divine pour entrer dans les ordres", cite l'AFP. De fait, le 11 mars 1958, il commence un noviciat de la Compagnie de Jésus. Il poursuit sa formation spirituelle au Chili, puis retourne à Buenos Aires en 1963 pour y étudier la philosophie. Le jeune homme enseigne quelque temps la littérature dans un collège à Santa Fe puis à Buenos Aires. Jorge étudie ensuite la théologie à San Miguel. Le 13 décembre 1969, Monseigneur Ramon José Castellano, archevêque de Cordoba, l'ordonne prêtre. 

Sa carrière en homme d'église

En 1971 et 1972, le futur pape François fait son Troisième An (troisième année de formation d'un jésuite) à Alcala de Henares, en Espagne. Il est ensuite nommé maître des novices du Colegio Maximo San José, une institution jésuite de San Miguel, et le 22 avril 1973, il fait profession solennelle. Le 31 juillet 1973, il est nommé provincial (il a autorité sur les jésuites et les ministères de sa zone) des jésuites d'Argentine pour six ans. Après la dictature de 1976 à 1983, il devient recteur de la faculté de théologie et de philosophie de San Miguel, tout en restant professeur de théologie. Dans le même temps, il est curé de la paroisse Saint-Joseph de San Miguel. A travers ses homélies, le futur pape François fait quelque peu de la politique, dénonçant la corruption des politiciens et la crise des valeurs dans le pays. Par la suite, il a des problèmes avec son ordre, à cause de sa manière de diriger l'école. Il part donc en Allemagne, à Francfort, pour écrire une thèse à la faculté de philosophie et théologie de Sankt Georgen. N'étant pas à son aise, il retourne en Argentine, où il devient prêtre de quartier et confesseur à Cordoba. 

Le 20 mai 1992, le futur pape François est nommé évêque auxiliaire de Buenos Aires par le pape Jean-Paul II, à 55 ans. Le 3 juin 1997, il est fait coadjuteur du même archidiocèse. L'année suivante, le 28 février, il devient archevêque de l'archidiocèse de Buenos Aires, suite au décès du cardinal Antonio Quarracino. Puis le 21 février 2001, il est institué cardinal-prêtre par Jean-Paul II au titre cardinalice, ce qui le rattache au clergé romain et de fait, au clergé du pape, évêque de Rome, de San Roberto Bellarmino. En 2005, il aurait été dans la course pour être élu pape, mais le choix s'est porté finalement vers Joseph Ratzinger, devenu Benoît XVI. Le cardinal Bergoglio est élu président de la commission de rédaction du document final, appelé "document d'Aparecida", lors de la Ve conférence générale du Conseil épiscopal latino-américain qui a eu lieu au sanctuaire d'Aparecida au Brésil, le 15 mai 2007. Etant président de la conférence des évêques d'Argentine, il effectue sa visite "ad limina" (une visite que doivent faire les évêques tous les cinq ans à Rome), le 14 mars 2009. Jorge Bergoglio est également membre de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, de la Congrégation pour le clergé, de la Commission pontificale pour l'Amérique latine et du Conseil pontifical pour la famille, au sein de la Curie romaine

Son lien avec la dictature argentine

Le rôle du futur pape François dans la dictature militaire entre 1976 et 1983 en Argentine reste flou. En 2005, le journaliste et directeur du quotidien "Pagina 12", Horacio Verbitsky, publie "El Silencio" et lance la polémique. En effet, il accuse Jorge Mario Bergoglio d'avoir collaboré avec la junte et de ne pas avoir essayé de faire libérer Franz Jalics et Orlando Yorio, deux jésuites qui travaillaient sous ses ordres à cette époque. La polémique est relancée lorsque Jorge Mario Bergoglio est élu pape. Les accusations sont démenties le lendemain par le Service d'Information du Vatican. Il n'existe actuellement aucun document qui permettrait de lier le pape avec la dictature militaire, puis, selon le Vatican, de nombreux témoignages prouvent que le père Bergoglio a protégé ces personnes. Pour Franz Jalics, l'un des deux jésuites, après avoir discuté avec Bergoglio et concélébré une messe fraternelle, l'histoire est close. Pourtant, l'implication du pape François est toujours controversée. Mais le sociologue de l'université de Buenos Aires, Mallimacci Fortunato a notamment avancé dans la presse argentine que des "témoins ont déclaré que Bergoglio n'a non seulement pas lutté contre la dictature, mais qu'il aurait même contribué à l'enlèvement, la torture ou la disparition de nombreux prêtres et laïcs". Des affirmations qui n'ont jamais été prouvées.

L'élection du nouveau pape

Le pape françois
Le pape François lors de sa première messe d'inauguration au Vatican, le 19 mars 2013 © PICTURE PRESS EUROPE/SIPA

Le 11 février 2013, Benoît XVI renonce à son titre de pape. Le 12 mars 2013, un conclave se réunit pour élire un nouveau pape. Le lendemain, Jorge Mario Bergoglio est élu, la fumée blanche traditionnelle apparaît à 19h06, et les six cloches de la basilique se mettent à sonner. Pontificat sous le signe de la simplicité, il est le premier pape apparaissant au balcon sans ornement liturgique. Situé au balcon de la loge des bénédictions de la basilique Saint-Pierre, le nouveau pape fait sa première bénédiction apostolique "urbi et orbi"  "("A la ville et au monde") et ajoute : "les cardinaux sont allés me chercher au bout du monde". Ensuite, il prie pour Benoit XVI, le désignant "évêque émérite" et récite le "Notre Père", le "Je vous salue Marie" et "Gloire au Père" en italien. Pour finir, il demande à l'assemblée le silence et une prière pour lui avant de donner à nouveau sa bénédiction. Lors de son audience inaugurale, il reçoit Cristina Fernandez de Kirchner, la présidente d'Argentine, qui lui parle de la situation avec le Royaume-Uni, au sujet des Malouines. Sur la place Saint-Pierre au Vatican, le 19 mars 2013, le pape François reçoit les insignes pontificaux, puis fait sa première "messe d'inauguration de l'évêque de Rome". Bartholomeos Ier, le patriarche œcuménique de Constantinople, est présent pour la première fois depuis 1054 et le grand schisme d'Orient

Le pape François engagé contre la pauvreté

La vie du pape François est marquée par l'austérité, lui qui se lève à 4h30, pour terminer sa journée à 21 heures. Le pape est décrit comme un homme timide, humble, tout en retenue. Un religieux qui n'est pas expansif, préférant la modestie. Il fuit volontiers le faste et est fidèle à sa grande cause : la pauvreté. En effet, lorsqu'il est nommé archevêque en 1998 en Argentine, le futur pape privilégie la vie dans un appartement modeste plutôt que dans un somptueux palais, auquel il a pourtant droit. Il voyage alors en transports en commun. De même, lorsqu'il est fait cardinal-prêtre en 2001 par Jean-Paul II, il se rend à cette cérémonie à pied, tout simplement. A cette occasion, il refuse que ses compatriotes viennent à Rome et ordonne que l'argent récolté pour payer les billets d'avion soit distribué aux pauvres. A l'hôpital Francisco Muniz de Buenos Aires, il lave les pieds de douze patients malades atteints du sida, affirmant à la presse que la "société oublie les malades et les pauvres". De plus, durant sa carrière en Argentine, Jorge Bergoglio s'est rendu régulièrement dans les bidonvilles, à la rencontre de la misère. Il s'y est même installé un temps, pour soutenir un prêtre menacé par des trafiquants de drogues. De quoi prendre rapidement le surnom de "pape des pauvres". Ces anecdotes font d'ailleurs écho à ses premiers jours en tant que pape. En effet, au soir de son élection, le 13 mars 2013, le pape François refuse de monter dans une voiture avec chauffeur, préférant se glisser dans le minibus emprunté par les cardinaux pour se rendre à la maison Sainte Marthe. Le nom choisi par le 266e pape, "François", n'est d'ailleurs pas anodin. Il renvoie notamment à Saint François d'Assise, ce religieux d'origine italienne qui, issu d'une famille aisée, avait fait le choix de la pauvreté, se mêlant aux lépreux et allant jusqu'à faire l'aumône.

Un pape jésuite, une première

Jorge Mario Bergoglio choisit de devenir Jésuite. Cela signifie qu'il fait partie de la Compagnie de Jésus, une obédience dévouée à la papauté. Pour intégrer cet ordre, les études sont longues. Le futur pape François étudie ainsi pendant une quinzaine d'années plusieurs matières, dont la théologie, la philosophie et la psychologie. Ordonné prêtre en 1969, ce n'est qu'à l'âge de 37 ans qu'il achève son parcours initiatique, en prononçant son dernier vœu, celui d'allégeance au pape. Conformément à la tradition jésuite, Jorge Mario Bergoglio est donc un intellectuel. Un érudit, qui, outre le français, l'anglais, l'espagnol et le portugais, parle couramment l'italien, qui est la langue de ses parents, mais aussi l'allemand et évidemment le latin. Durant son temps libre, il aime lire les œuvres de Jorge Luis Borges et de Dostoïevski, mais feuillette aussi la presse. Il est également amateur d'opéra et de football.

Le pape François semaine d'audience
Le pape François lors de sa semaine d'audience en 2019 © Silvia Loré/Sipa USA/SIPA

Mariage des prêtres, des homosexuels et avortement... Son avis

Le "pape des pauvres" n'est pas un pape réformiste. Sur de nombreux sujets de société, le pape François partage les positions de ses prédécesseurs, qu'il s'agisse de la question de l'avortement, de la contraception, de l'ordination des femmes ou du mariage homosexuel. François apparaît donc comme un pape conservateur. Ainsi, lorsque le projet de loi sur le mariage homosexuel a été débattu en Argentine, Jorge Mario Bergoglio s'est fermement opposé à cette réforme, qualifiant le mariage entre deux personnes de même sexe de "recul anthropologique". Il s'est aussi dressé contre le droit accordé aux transsexuels de changer d'état civil en Argentine. De plus, pour le pape, l'avortement est un problème d'éthique et non religieux. Il y est opposé, même en cas de viol, et considère que c'est une privation du "premier des droits de l'homme", celui de la vie, et qu' "avorter c'est tuer quelqu'un sans défense" et ce n'est "jamais une solution". Enfin, il est aussi opposé au mariage des prêtres, de même qu'à celui des hommes mariés qui souhaitent devenir prêtre. Même si la question a été débattue par manque de prêtres en fonction, le pape est catégorique, cela ne se passera pas sous sa fonction. Sur ces thèmes, le pontificat du pape François n'adopte donc pas de positionnement révolutionnaire. Jorge Mario Bergoglio a cependant pris position en 2012 contre des prêtres argentins qui refusaient de baptiser des enfants nés hors mariage, qualifiant ces curés d' "hypocrites".

Russie, Ukraine, Japon... Ses relations internationales

Avec le pouvoir actuel en Argentine, le pape François a entretenu des relations tendues. Au rang de ses détracteurs figure aussi une partie de l'opinion publique britannique. Ainsi, en 2011, le futur pape, prenant clairement position dans le conflit qui oppose le Royaume-Uni à l'Argentine sur les Malouines, a ainsi affirmé que "les Malouines appartiennent à l'Argentine". Les 30 et 31 mars 2019, pour son 28e voyage apostolique, le pape est en visite au Maroc. Sous le signe de l'espérance, il répond à l'invitation du roi Mohammed VI, afin de dialoguer sur l'islam et la problématique des migrations. Après l'entrevue, le saint homme se rend à l'Institut de formation des imams, ce qui est une première pour un pape dans un pays à 99% musulman, et ses 30 000 à 35 000 catholiques. Le dernier pape à avoir visité le Maroc est Jean-Paul II, en 1985.

Le pape François s'est également rendu à Madagascar, début septembre 2019. Là-bas, il a dénoncé la déforestation excessive, la corruption, l'exclusion et la pauvreté, demandant aux autorités la création d'emplois qui respectent l'environnement. Madagascar est en effet l'un des pays les plus pauvres du monde, où 9 personnes sur 10 vivent avec moins de deux dollars par jour. Il a aussi visité le Japon, fin novembre 2019, un pays qu'il souhaitait voir depuis sa jeunesse. Pour le pays du Soleil levant, son message prône le désarmement nucléaire : "Sous peu, je visiterai Nagasaki et Hiroshima où je prierai pour les victimes du bombardement affreux de ces deux villes et je me ferai l'écho de vos propres appels prophétiques pour le désarmement nucléaire". Il prie également pour les victimes du tsunami de mars 2011, et a une pensée pour les "chrétiens cachés" qui se sont transmis la religion catholique, sans prêtre, pendant deux siècles : "Ces 'chrétiens cachés' ont gardé la foi pendant des générations grâce au baptême, à la prière et à la catéchèse ! Ce sont d'authentiques Eglises domestiques qui resplendissaient dans ce pays, peut-être sans le savoir, comme un miroir de la famille de Nazareth". 

En 2022, la question s'est posée d'une visite du pape en Russie et en Ukraine. Le 2 juillet 2022 dans une interview pour Reuters, le pape François a estimé le voyage à Kiev "possible". A ses yeux, le plus important est de se rendre en Russie "pour essayer d'aider d'une manière ou d'une autre" ; il a précisé qu'il aimerait "aller dans les deux capitales". Pour celui qui multiplie les "appels à la paix", tout en refusant de condamner officiellement l'invasion russe en Ukraine pour ne pas ostraciser Moscou, une visite dans les deux capitales serait un renforcement de la symbolique pacifique qu'il souhaite prôner, sans être contraint de prendre parti. Aucune date n'a pour l'heure été communiquée sur cet éventuel déplacement.

La lettre du pape sur la signification de la crèche

Le 1er décembre 2019, le pape François publie une lettre apostolique "Admirabile signum" sur la valeur de la crèche et sa signification. "Le merveilleux signe de la crèche, si chère au peuple chrétien, suscite toujours étonnement et émerveillement", tel est le début de la lettre du pape. Il décrit la tradition familiale qu'on apprend dès l'enfance comme "un Évangile vivant", et souhaite que cette tradition "tombée en désuétude, [...] puisse être redécouverte et revitalisée". Il soutient aussi le fait d'étendre l'installation de cette coutume sur les lieux de travail, les écoles, les prisons, les hôpitaux ... Le pape salue également l'initiative de Saint François, qui mit en place la première crèche vivante pour Noël à Greccio, en 1223.

Twitter, Instagram... Un pape connecté

Le pape François est présent sur le réseau social Twitter, via le compte @Pontifex. Ses buts sont d’évangéliser à travers des tweets et de se rapprocher de la jeunesse. Chaque tweet est publié en neuf langues. En mars 2016, il s'inscrivait également sur Instagram sous le nom de Franciscus et déclarait alors : "Je commence un nouveau chemin, pour parcourir avec vous les voies de la miséricorde et de la tendresse de Dieu".

Citations du pape François

  • "Tuer au nom de Dieu est une aberration, il faut croire avec liberté, sans offenser, sans imposer, ni tuer"
  • "Il semble que mes frères cardinaux soient allés me chercher au bout du monde" (lors de son élection)
  • "Le changement climatique constitue l'un des principaux défis actuels pour l'humanité"
  • "Je demande à chaque personne de ce monde de ne pas oublier sa dignité que nul n'a le droit de lui enlever"
  • "Le climat est un bien commun, de tous et pour tous"
  • "Interrompre une grossesse, c'est comme éliminer quelqu'un. est-il juste d'éliminer une vie humaine pour résoudre un problème ?" (lors de son audience hebdomadaire sur la place Saint-Pierre, au Vatican, le 10 octobre 2018)

Pape François : dates clés

17 décembre 1936 : Naissance du pape François
Né à Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio et ses parents ne savent pas encore quel est le destin qui l'attend. Le jeune argentin ne se doute pas qu'il va régner sur le monde catholique. 
13 décembre 1969 : Ordonné prêtre
Quelques jours avant son 33e anniversaire, il est fait prêtre par Monseigneur Ramon José Castellano.
20 mai 1992 : Nommé évêque auxiliaire
Le pape Jean-Paul II le nomme évêque auxiliaire de Buenos Aires.
21 février 2001 : Fait cardinal-prêtre
Continuant à monter les échelons grâce au pape Jean-Paul II, celui-ci le fait cardinal-prêtre au titre de cardinalice. Cela fait de lui un cardinal rattaché au clergé romain, et ainsi au clergé du pape, qui est l'évêque de Rome. 
13 mars 2013 : Élu pape
Le pape Benoît XVI renonçant à son titre, un nouveau pape doit être élu. Le choix se porte sur Jorge Mario Bergoglio. Élu, ce dernier devient le "pape des pauvres" et prend le nom de "François". 

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