DIRECT. La Chapelle-sur-Erdre : le suspect "radicalisé", un attentat ?

Une enquête a été confiée à la section de recherches de la gendarmerie de Nantes, après l'attaque au couteau survenu à la Chapelle-sur-Erdre vendredi matin. Le pronostic vital de la policière grièvement blessée par l'assaillant, atteint de "graves problèmes psychiatriques", n'est pas engagé.
- Le déroulement des faits. Ce vendredi 28 mai, une policière a été attaquée au couteau, blessée à plusieurs reprises au bureau de la police municipale de la Chapelle-sur-Erdre, près de Nantes. Les faits se sont produits aux alentours de 10h20. Suite à l'agression, le suspect s'est emparé du revolver dont disposait la policière municipale et a pris la fuite. "En quittant les locaux de la police municipal, il a croisé un second policier qui a tenté de le maîtriser. L'individu lui a porté des coups de couteau, bloqués par le gilet pare-balles du policier", a précisé le procureur de la République de Nantes dans la soirée. L'auteur de l'attaque s'est ensuite enfui à bord d'un véhicule situé à proximité du commissariat. Les gendarmes ont retrouvé le véhicule accidenté et vide quelques centaines de mètres plus loin.
- L'interpellation de l'auteur. Après avoir fui les lieux de l'attaque, l'auteur s'est réfugié "dans un appartement occupé par une jeune femme, qu’il a séquestrée pendant environ 2h30", a indiqué le procureur de la République de Nantes. L'homme s'est ensuite mis au balcon de l'appartement et ouvert le feu sur des gendarmes, qui ont répliqué. Il a ensuite quitté l'appartement et s'est retrouvé face aux forces de l'ordre. "L’individu a pris son arme et a mis en joue les gendarmes en face de lui, à trois reprises", a détaillé le procureur de Nantes. Ces derniers, qui ont riposté, ont touché l'attaquant à l'abdomen. Après plusieurs tentatives de réanimation, l'homme est décédé des suites de ses blessures. La traque a duré plus de trois heures. Le GIGN a déployé une équipe d'intervention sur place. Au total 250 gendarmes ont été mobilisés.
- Les victimes. La policière agressée de plusieurs coups de couteau est une policière municipale, âgée de 46 ans, qui exerce dans la commune depuis plus de vingt ans. Elle a été touchée au niveau de la cuisse, mais aussi de la main et du bras, et est actuellement hospitalisée. Le procureur de la République de Nantes a précisé dans la soirée que son pronostic vital n'est pas engagé. Deux gendarmes ont aussi été blessés au moment de son interpellation, l'un atteint par une balle au genou, le second au niveau du coude.
- L'auteur de l'attaque. Le suspect a été interpellé et touché par balles avant de décéder des suites de ses blessures. C'est un homme, qui avait pris la fuite avec le revolver de la policière, en plus de son couteau. Selon une source proche de l'enquête citée par Le Parisien, il s'agit d'un homme d'une quarante d'années connu pour des troubles psychiatriques. L’homme a d’abord été incarcéré en 2013, après un vol à main armé en récidive avec séquestration. Après une tentative d’évasion, il est à nouveau condamné en 2016. C’est la qu’il se radicalise, avec une pratique rigoriste de la religion. Un diagnostic de "schizophrène sévère" est également effectué. L'homme est placé dans une cellule individuelle avant d’être libéré le 22 mars 2021. BFM TV indique également que le suspect a été rencontré à 3 reprises par le service pénitentiaire d’insertion et de probation et a présenté les justificatifs de soins auprès du centre médico-psychologique. Il était également accompagné par une association en lien avec le service pénitentiaire d’insertion et de probation. Selon le procureur de Nantes, l'auteur "participait activement au suivi judiciaire, collaboratif parfaitement aux mesures judiciaires et aux obligations qui lui étaient prescrites, et aussi qu’il suivait scrupuleusement les soins qui lui étaient imposés".
- Un attentat ? Une enquête a été confiée à la section de recherches de la gendarmerie, supervisée par le parquet de Nantes, pour "tentative de meurtre sur la policière municipale, séquestration sur la jeune femme à son domicile et tentative de meurtre sur les militaires de la gendarmerie", mais pas le parquet antiterroriste pour l'heure. Toutefois, le suspect aurait été signalé par le passé comme "radicalisé" et le procureur de Nantes a précisé que la situation pouvait évoluer, certains éléments n'étant pas encore à la disposition des enquêteurs. En tout, "25 enquêteurs sont mobilisés sur cette enquête", a indiqué de son côté le commandant de la section de recherches de Nantes.
- Réactions. Emmanuel Macron a adressé une "pensée" a la policière blessée et à ses collègues, et est resté depuis ce matin en contact avec le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Ce dernier, présent sur les lieux de l'attaque à la Chapelle-sur-Erdre, a salué le courage de la policière municipale victime de l'attaque, "qui a su se protéger comme elle pouvait" et "qui survivra à ses blessures". Il a également remercié les forces de l'ordre qui ont réagi à l'attaque et permis l'interpellation du suspect. "Les forces de l'ordre représentent la nation et sont la cible d'ultraviolence et (...) nous devons tous dans un esprit républicain leur assurer tout notre soutien," a ajouté le ministre. Le maire de la Chapelle-sur-Erdre a lui aussi salué la rapidité de l'intervention des gendarmes et des pompiers. Marine Le Pen a de son côté posté plusieurs tweets de réaction à cet évènement, s'interrogeant sur le profil de l'assaillant présumé : "Comment un individu connu pour radicalisation, connu pour avoir voulu s'en prendre à des policiers, pouvait-il être dehors, libre de nuire? Le gouvernement doit maintenant apporter des réponses à cette situation intolérable". "Énormément d'émotion, de la tristesse aussi évidemment et une pensée particulière pour la policière qui a été blessée et pour les gendarmes qui ont également été blessés," déclarait quant à lui l'élu MoDem de Loire-Atlantique, Luc Geismar. La présidente LR de la région Loire-Atlantique Christelle Morançais a de son côté évoqué "sa colère" face à cette agression de la policière municipale.