Rue de Tivoli à Marseille : la cause du drame se précise

Rue de Tivoli à Marseille : la cause du drame se précise L'enquête sur l'effondrement de l'immeuble de la rue de Tivoli, à Marseille, est requalifiée en homicide involontaire. Quatre corps ont pu être identifiés. Voici ce que l'on sait ce mardi 11 avril.

Sur le total de huit personnes recherchées au 17 rue de Tivoli à Marseille (5ème arrondissement), deux sont encore disparues, six corps ayant été extraits par les secouristes. Les secouristes doivent encore effectuer "des recherches sur les pièces des appartements, plus proches de la chaussée". Lors d'une conférence de presse, ce mardi 11 avril, la procureure de la République a révélé l'identité des quatre premiers corps identifiés ainsi que le requalification de l'enquête en homicide involontaire. 

Dominique Laurens , procureure de la République de Marseille fait déjà savoir que "les experts désignés par le parquet de Marseille ont pu débuter leur travail pour identifier les causes de l'explosion". Les enquêteurs ont fait part d'une forte odeur de gaz au moment de l'explosion sans pouvoir confirmer cette piste pour le moment. Le fils d'une disparue affirme dans une reportage de France 2 qu'une habitante "avait un problème avec le gaz". Le communiqué de la préfecture indique que "l'identification des corps est en cours par l'unité police d'identification des victimes de catastrophes UPIVC basée à Ecully, qui est sur Marseille depuis dimanche". La Provence a déjà publié un premier portrait des 8 habitants de cet immeuble ravagé.

Pour les habitants évacués, la mairie de Marseille a fixé trois conditions afin de les voir regagner leurs domiciles. Premièrement, l'avis des architectes de la ville pour attester de la solidité du logis. L'eau et l'électricité devront être rétablies. Enfin, tout retour ne doit pas gêner les opérations de secours. Les premiers retours pour récupérer quelques affaires ont débuté trois jours après l'explosion. Des policiers sont dépêchés pour accompagner ces délogés". 

200 personnes n'ont pas encore pu rejoindre leur domicile, une cinquantaine a dormi à l'hôtel. Le travail de relogement sera notre priorité, le travail d'accompagnement de ces familles sera notre priorité", a indiqué Olivier Klein, ministre du Logement et de la Ville, à l'Assemblée nationale lors des questions aux gouvernements ce mardi 11 avril. La chambre basse du Parlement a par ailleurs respecté une minute de silence en la mémoire des victimes de l'effondrement d'un immeuble à Marseille ainsi qu'aux victimes de l'avalanche en Haute-Savoie survenue le dimanche de Pâques.

Qui sont les victimes ?

L'identité de quatre victimes a été rendue publique par Dominique Laurens mardi 11 avril. Les familles concernées ont été informées dès dimanche soir au centre d'identification des corps. Il s'agit d'un couple de retraités qui habitait au rez-de-chaussée du 17 rue de Tivoli : Anne-Marie Praxy, 82 ans, et Jacky Parxy 86 ans, ancien boucher. Leur terrasse a permis à une famille de quatre personnes du bâtiment voisin de se réfugier face au danger. Leur voisine, Nicole Gacon, 66 ans, avait profité de sa retraite pour emménager à Marseille. Elle louait ponctuellement des chambres mais le parquet ignore pour le moment si l'appartement était occupé de cette manière ce week-end. Enfin, Antoinietta Vacaaro, 89 ans, vivait au premier étage. Le corps de ces quatre personnes ont été retrouvé sur place.

On sait par ailleurs qui habitait dans le reste du bâtiment, grâce aux informations de La Provence. Le deuxième étage était occupé par un jeune couple : Marion 31 ans, venait de refaire cet appartement avec Michael, web designer. Jacques, 73 ans et Anne-Marie, 74, disposait d'un grand duplex au troisième étage.

La mairie de Marseille vient de mettre à disposition des recueils de condoléances dans sa mairie centrale, au Vieux-Port et dans la mairie du 5ème arrondissement touché par le drame. le maire Benoît Payan y a écrit les mots suivants : "Marseille est en deuil. La souffrance et la peine sont grandes, difficiles, douloureuses, alors qu'un drame s'est produit au cœur de notre ville. Je veux dire aux familles et aux proches que nous sommes ensemble. Marseille partage leur peine leur désarroi, leur tristesse. À vous qui avez perdu un proche, à vous qui commencez votre deuil, je veux dire ma plus profonde affection. C'est la ville tout entière qui est à vos côtés". La mairie a également dévoilé ce mardi matin le lancement d'un appel aux dons. "Pour répondre à l'élan de générosité des Marseillaises et des Marseillais, Benoît Payan a demandé à la mairie du 4e et du 5e arrondissements de recueillir les dons issus de la collecte solidaire et à destination des personnes évacuées. L'hôtel de ville est également ouvert pour recueillir les dons des Marseillaises et des Marseillais", précise le communiqué de la municipalité.

Où a eu lieu l'effondrement à Marseille ?

Dans la nuit du samedi 8 au dimanche 9 avril, à 0h40 du matin, un immeuble d'habitation s'est effondré au 17, rue de Tivoli, dans le 5e arrondissement de Marseille. Un effondrement provoqué par une explosion dont la cause reste, pour l'heure, inconnue, une fuite de gaz figure parmi les hypothèses de travail. Il s'agit d'un quartier situé en plein cœur de la ville, et connu pour ses bars et ses restaurants. La chute de ce bâtiment a entraîné, quelques heures plus tard, dans la matinée de dimanche, l'effondrement d'un immeuble adjacent situé au numéro 15 de la rue de Tivoli. L'autre bâtiment adjacent au 17, rue de Tivoli, situé au numéro 19 de cette même rue, est également fragilisé. Au total, 206 personnes ont été évacuées par précaution des immeubles alentour, rapporte BFMTV. Au moment où l'immeuble s'est effondré, un incendie s'est déclenché sous les décombres, compliquant les recherches des marins-pompiers.

Quel est le bilan de l'effondrement ?

Après l'effondrement de l'immeuble situé au 17, rue de Tivoli à Marseille, dans la nuit de samedi à dimanche, "six corps sans vie" ont été retrouvés dans les décombres durant les opérations de sauvetage, Au moins deux personnes sont toujours portées disparues. Cinq personnes habitant dans l'immeuble adjacent au 17, rue de Tivoli, situé au numéro 15 de cette même rue, ont par ailleurs été blessées. La procureure de la République a expliqué mardi 11 avril que "les recherches deviennent de plus en plus périlleuses. Le centre de commandement de secours prend les décisions." Elle a ajouté que "les décombres continuent d'être fouillés à la main car il y a un danger très important au niveau de la stabilité de l'immeuble du numéro 19." Pour l'identification des corps, "plusieurs spécialistes sont présents. Ils utilisent l'ADN, les traces capillaires qu'ils additionnent aux travaux des experts en odontologie (les dents NDLR)", selon la magistrate.

Quelle est la cause de l'effondrement ?

L'effondrement de l'immeuble du 17, rue de Tivoli a été provoqué par une déflagration. "À cette heure, impossible d'indiquer les causes de cette explosion", a indiqué la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, dimanche en conférence de presse. Une piste menant au premier étage vient d'être annoncée ce mardi 11 avril. "Le compteur de gaz du premier étage où vivait une octogénaire, 'un compteur particulier, un Gazpar, l'équivalent d'un compteur Linky pour le gaz) est en cours d'exploitation pour vérifier s'il y a eu une consommation anormale dans les 24 heures précédant l'explosion. Sa cuisinière venait d'être changées récemment pour passer à l'électrique. Il a peut-être constaté des difficultés liées à l'utilisation du gaz par la résidente", selon la procureure de la République.

"Seul le premier étage et le rez-de-chaussée étaient équipés en gaz, le reste des bâtiments fonctionnait au tout électrique" a-t-elle précisé. Le fils d'Anne-Marie Praxy a fait part aux caméras de France 2 que cette femme "perdait la tête, elle était devenue sénile. Elle perdait tout chez elle. Elle égarait les clés, elle égarait les chéquiers". Selon lui, ses parents avaient acheté une cuisinière électrique à leur voisine "pour éviter ces problèmes récurrents avec le gaz". Mais selon lui, "elle l'a débranchée et elle continuait à utiliser sa vieille gazinière au gaz. Légalement, personne n'avait un moyen de faire quoi que ce soit." Le parquet n'a pour le moment pas réagi à ces déclarations.

"Les trois immeubles concernés ne sont pas visés par des arrêtés de péril, ce ne sont pas du tout des immeubles insalubres", a-t-elle précisé, confirmant une information du maire de Marseille, Benoît Payan. L'élu socialiste tente ainsi d'éviter toute comparaison avec la catastrophe de la rue d'Aubagne survenue en novembre 2018. Cette chute de deux immeubles était survenue à cause de l'état insalubre de bâtiments en partie géré par la mairie de Marseille. L'explosion au gaz "fait partie des pistes" étudiées, a précisé la procureure de la République, sans avancer aucune certitude sur les causes du drame. Le parquet de Marseille a ouvert dimanche une enquête pour "blessures involontaires" avant de la requalifier ce mardi matin en "homicide involontaire", confiée à la Direction territoriale de la police judiciaire (DTPJ) de Marseille. "Les magistrats du parquet de la section des pôles spécialisés assurent le suivi de cette enquête", explique le parquet. L'hypothèse de l'explosion au gaz est "en cours d'exploitation". "Les témoignages d'odeur de gaz n'ont pas pu être vérifiés en l'état", selon Dominique Laurens.

Les photos de l'effondrement

De nombreux personnels de secours (marins-pompiers, policiers, personnels de la sécurité publique) sont à pied d'œuvre, alors que l'incendie les empêche de fouiller dans les décombres.

L'effondrement d'un immeuble d'habitation dans le centre de Marseille, dans la nuit du samedi 8 avril à ce dimanche 9 avril, a fait au moins six morts, dont les corps ont été retrouvés dans les décombres durant la nuit suivante et lundi.

Effondrement d'un immeuble dans le centre de Marseille  © Sipa

D'autres immeubles de la rue ont été évacués par mesure de sécurité. Leurs résidents ont été accueillis dans des écoles en urgence.