Cédric Jubillar : coupable ? Ce qu'il a dit sur la disparition de Delphine

Cédric Jubillar : coupable ? Ce qu'il a dit sur la disparition de Delphine Dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, Delphine Jubillar, infirmière et mère de famille, disparaissait mystérieusement. Trois ans plus tard, son mari Cédric Jubillar reste le principal suspect.

[Mis à jour le 20 avril 2023 à 22h32] La disparition de Delphine Jubillar est à ce jour un véritable mystère. Jeudi 20 avril 2023, France 2 diffusait un épisode d'Envoyé Spécial consacré à l'affaire Jubillar dans lequel plusieurs témoins se sont confiés à la caméra. De la mère de Cédric Jubillar, qui assure avoir longuement tenté de lui soutirer la vérité, à un ex-voisin de cellule en prison, chacun a livré sa version des faits et relayé les propos que le principal et unique suspect à ce jour leur aurait confiés. Aujourd'hui incarcéré pour "meurtre sur conjoint" visant sa femme, Cédric Jubillar a toujours nié son implication. Pour autant, de nombreux témoignages l'accablent. 

Pourquoi Cédric Jubillar est-il considéré comme le principal suspect ?

Les actions de Cédric Jubillar ont rapidement interpellé les enquêteurs : le 16 décembre, il signale la disparition de sa femme aux gendarmes, mais se met ensuite à jouer à un jeu mobile dans la matinée. Un choix plutôt étrange pour un mari sans nouvelles pour les juges. Lors de ses auditions, décrite dans Le Point, il parle très vite de sa compagne au passé. Cela conduit les forces de l'ordre à estimer que Cédric Jubillar " n'a jamais vraiment cherché sa femme". Lui a toujours nié en bloc son implication dans cette disparition. Un indice lui a été confronté : une monture de lunettes de sa femme retrouvée disloquée dans leur logement. Un expert mandaté par l'instruction estime que l'objet a été cassé par un effort allant "de l'extérieur vers l'intérieur". L'effort calculé pour casser les lunettes équivaut à l'énergie cinétique "d'une masse de 5 kg projetée à 21km/h". La réponse du suspect?  Delphine a "peut-être fait tomber" ses lunettes. "Elle a peut-être marché dessus, je n'en sais rien. Je ne lui ai pas porté de coups, je n'ai rien fait de mal à Delphine, je suis innocent" clame-t-il. Étant myope, il paraît improbable, aux yeux des enquêteurs, que Delphine soit sortie dans la nuit sans ses lunettes. Un argument balayé par Cédric Jubillar : "Elle est déjà sortie plein de fois sans ses lunettes."

Le téléphone de Delphine Jubillar témoigne d'une activation à 6h52 dans la nuit de sa disparition. Son mari avance qu'il ne connaissait pas le code de ce smartphone. Les indications GPS indiquent que l'objet en cause n'a pas bougé du domicile familial durant la nuit. De plus, pendant les 10 minutes précédant le déverrouillage du smartphone de Delphine, son mari multiplie les appels à sa femme, sans réponse. Mais lors de l'activation de ce téléphone, Cédric n'est plus en action sur son propre téléphone. Pour l'expertise, cette activité "a forcément été le fait d'une activité humaine". "Je suis sûr de n'avoir jamais eu le téléphone de Delphine entre les mains. Comme je vous l'ai dit, je ne lui ai rien fait, je ne l'ai pas tuée" se défend l'ex-ouvrier du bâtiment; cité par L'Indépendant. Sa défense est jugée fragile par les enquêteurs, mais ses avocats estiment surtout qu'aucune preuve matérielle ne l'incrimine dans ce dossier.

Les rendez-vous de Cédric Jubillar avec un psychologue 

Durant son emprisonnement, Cédric Jubillar a rencontré à cinq reprises un psychologue selon Franceinfo. Cet expert décrit le suspect comme un homme "très peu, voire pas déstabilisé ou déstabilisable". Il poursuit : "Il n'a pas varié de position ou de manière d'opérer dans les entretiens successifs. Il n'a pas montré de mouvements d'humeur. Il ne laisse pas prise à la surprise. Il bétonne." Ses discussions permettent de recueillir le point de vue de Cédric Jubillar sur sa relation avec sa femme. Il est décrit comme "sans affect sentimental" particulier par rapport à Delphine Jubillar. 

Son comportement était plus enthousiaste au moment de se pencher sur Séverine, sa dernière compagne rencontrée lors des recherches de Delphine. Cédric Jubillar aurait été surpris et blessé par la demande de divorce de sa femme. Il se défend d'avoir été au courant de sa relation extra-conjugale avant sa disparition. Il se décrit comme peu jaloux. Pour le psy, l'idée du divorce a pu lui rappeler son enfance difficile. Le suspect numéro un dans cette affaire n'a pas connu son père et a été élevé en foyer. Il ferait avec un passé "non digéré" selon l'expert qui "peut laisser penser à la possibilité d'un renversement de position passive en position active-agressive".

Des témoignages accablants pour les parties civiles

"J'en ai marre, je vais la tuer, je vais l'enterrer, personne ne la retrouvera", c'est ce que Cédric Jubillar aurait affirmé à sa mère selon des informations du Parisien. Ses propos prouveraient le changement d'attitude du suspect en apprenant la demande de divorce et l'existence d'un amant. Interrogée par "Envoyé spécial", elle estime que son fils pourrait être responsable de la disparition de Delphine Jubillar : "Ça me coûte de le dire, mais… oui." Confronté à ces mots, son fils a déclaré "en dire souvent" des phrases de ce type et estime cette phrase "banale". Face à sa mère lors d'une audition, il lui a affirmé : "J'ai rien fait, maman."

​​​​​​​L'un de ses anciens codétenus, à la maison d'arrêt de Toulouse-Seysses, a fait savoir aux gendarmes que Cédric Jubillar se serait confié en cellule : "Il m'a dit qu'il n'allait pas être assez stupide pour utiliser sa propre voiture. Il aurait utilisé une voiture blanche" selon "Marco". Ces propos font écho à une précédente piste des enquêteurs : un ami du suspect aurait pu lui prêter son véhicule pour transporter le corps de Delphine. Une voiture a été fouillée, mais aucune trace ADN de la mère de deux enfants n'a pu être retrouvée selon Gala. Cité par Le Parisien, l'ancien compagnon de cellule ajoute : "Même à l'égard de ses enfants, je ne sens jamais l'amour d'un père. Au contraire, il jure contre son fils et dit qu'il a dû se faire laver le cerveau par les personnes qui s'occupent de lui."

​​​​​​​Cédric se serait même épanché sur la nuit de la disparition de Delphine : "Une nuit, il me raconte le moment où les choses se seraient passées. Il est sorti de sa chambre, il a surpris sa femme en train d'envoyer des messages à son 'connard', c'est comme ça qu'il parlait de l'amant, et c'est là qu'il a 'vrillé'. Ce sont ses mots", assure l'ancien prisonnier. Il ajoute que l'ancien peintre se serait moqué de la police qui "n'a même pas retrouvé le couteau", en faisant allusion à une potentielle arme. Aucune trace de sang n'a cependant été retrouvée dans le domicile des Jubillar. Confronté à ses propos, le mari a déclaré : "avoir peut-être dit ça, mais c'était de la rigolade", selon des propos recueillis par Le Point

Louis Jubillar, principal témoin de l'affaire à 6 ans

Auditionné un an après la disparition de sa mère Delphine, le jeune garçon a, selon La Dépêche, décrit aux juges une dispute entre ses parents le 15 décembre 2020 dont il aurait été le témoin visuel. Delphine aurait alors dit à Cédric de manière ferme : "Arrête-toi !", alors que le couple était en instance de divorce. Des propos en contradiction avec les auditions de Cédric Jubillar : il a toujours nié s'être disputé avec sa femme lors de la nuit de sa disparition selon Le Figaro. L'enfant a également confirmé à ce moment-là que sa mère portait bien ses lunettes le soir des faits, contrairement à ceux qu'avait déclaré son père. Interrogé par Franceinfo sur cette audition, l'avocat de Cédric Jubilar s'est indigné : "On ne va pas faire de ce petit l'élément accusateur du dossier." Laurent Boguet, représentant des deux enfants du couple, n'était pas d'accord avec son confrère : "Ces enfants, ils ont besoin de savoir ce qui est arrivé à leur mère, et ils ont besoin de savoir demain comment regarder leur père, qui le restera de toute façon, quoi qu'il advienne." Il confirme les propos de Louis : "Sa mère était en train de s'endormir sur le canapé et pas en tenue pour s'apprêter à quitter la maison. Il a entendu une altercation, avec des mots autour de l'idée que le couple devait se séparer définitivement."