En une phrase, Dominique Pélicot a mis hors d'elle sa fille, convaincue d'avoir été violée
Elle se considère comme "la grande oubliée" du procès des viols de Mazan". Caroline Darian accuse son père, Dominique Pélicot, de l'avoir droguée et a l'intime conviction que ce dernier l'a violée lorsqu'elle était enfant. Des accusations qui s'appuient sur des photos retrouvées dans l'ordinateur de l'homme accusé d'avoir violé sa femme sédatée et de l'avoir livrée à d'autres hommes : les clichés montrent une enfant endormie, nue ou en lingerie. Ils ne sont pas sans rappeler certaines photos de Gisèle Pélicot prise à son insu dans des tenues légères, mais ne sont pas aussi explicites que ceux illustrant les viols subis par la mère de famille.
Les accusations de Caroline Darian n'ont pas été retenues au procès des viols de Mazan, mais elles ont plusieurs fois été abordées par l'intéressée qui a assisté au procès, par sa mère qui est la victime et par son père qui est l'accusé. Si la femme de 45 a tenté de faire avouer à son père le viol qu'elle pense avoir subi, le mis en cause a toujours nié avoir fait du mal ou abusé de ses enfants. "Je maintiens que je n'ai jamais touché mes enfants et petits-enfants que j'aime énormément", a-t-il encore déclaré devant la cour d'assises l'homme de 71 ans lors de sa dernière prise de parole, le mardi 19 novembre. L'avocat de Gisèle Pélicot et Caroline Darian, Me Camus, lui avait avant cela demandé de "fournir une explication [...] sur ces photos et ce fichier 'ma fille à poil' effacé'".
Dans un discours semblable à celui qu'il tient depuis le début du procès concernant sa fille et un possible abus sexuel, Dominique Pélicot a déclaré ne pas avoir souvenir d'avoir fait ses photos et a soutenu ne jamais avoir touché Caroline Darian ou un autre de ses enfants. "Si je l'avais fait, je le dirais. Je le dis droit dans les yeux, je ne l'ai jamais touchée", a-t-il affirmé depuis son box s'adressant parfois directement à sa fille : "Franchement Caroline je ne t'ai jamais rien fait..."
Il a donné la même réponse ce mercredi 20 novembre après que son avocate, Me Zavarro, l'a informé que des aveux ne changeraient rien à sa peine. Une défense identique qu'il a cette fois accompagné de l'expression de ses sentiments pour sa fille et du souhait d'être cru un jour : "Même si elle ne m'aime plus, je l'aimerai toujours. Je sais ce que j'ai fait et ce que je n'ai pas fait. [...] Le seul espoir que j'ai, c'est qu'elle puisse avoir la preuve que je n'ai jamais rien fait."
Des paroles auxquelles Caroline Darian n'accorde aucun crédit. "Tu mens, tu mens, tu n'as pas le courage de dire la vérité", a répondu la quadragénaire qui a fait de la lutte contre la soumission chimique, dont a été victime sa mère et qu'elle pense avoir subi, son combat depuis quatre ans. En début de semaine elle avait déjà pointé les mensonges de son père : "Tu ne me regardes pas comme un père regarde sa fille, mais de manière incestueuse. Mais tu n'auras jamais le courage de dire la vérité" lui avait-elle encore lancé.
Dominique Pélicot en demande du soutien de sa fille
Les derniers échanges entre Caroline Darian et Dominique Pélicot ont été frustrants ou las selon le point de vue des protagonistes, mais violents pour tous. Ils sont même devenus explosifs après une phrase prononcé par l'accusé. Alors qu'un avocat de la défense lui a demandé qui il aimerait voir pour être épauler durant sa détention, l'homme a dit qu'il choisirait de voir sa fille. Il a ajouté être prêt à "donner [sa] vie à [sa] fille pour qu'elle ne pense pas ce qu'elle pense [de lui]".
En réponse, Caroline Darian lui a promis la solitude : "Tu mourras dans le mensonge. Tu es seul dans le mensonge". Et d'ajouter, lui reprochant de n'avoir jamais avoué les potentiels abus qu'elle lui reproche après les "moult occasions" qui se sont présentées : "Jamais je n'irais te voir. Tu finiras seul comme un chien." "On finit toujours tout seul" a répondu Dominique Pélicot. Mais c'est sa fille, qui reste sans réponse quant aux violences qu'elle pense avoir subi, qui a remporté la joute : "Toi particulièrement".