Procès Samuel Paty : la collégienne qui avait accusé le professeur donne sa version des faits
Déjà condamnée à 18 mois de prison avec sursis pour dénonciation calomnieuse, l'adolescente qui avait partagé auprès de son père un mensonge selon lequel Samuel Paty aurait fait sortir les élèves musulmans de sa classe pour montrer des caricatures du prophète Mahomet en 2020 a été entendue comme témoin par la cour d'assises spéciale de Paris, ce mardi 26 novembre 2024. Pour rappel, à l'époque, elle n'était pas présente au cours en question, elle a donc menti. Aujourd'hui, elle a donné sa version des faits devant les magistrats et la famille du professeur, disparu quatre ans plus tôt.
"On se retrouve ici à cause de mon mensonge"
"Je tenais à m'excuser pour mon mensonge. Auprès de ma famille aussi. Parce qu'on se retrouve ici à cause de mon mensonge. Si mon père a fait une vidéo, c'est en partie à cause de mon mensonge", a-t-elle déclaré à la barre. "Aujourd'hui, je me plains de ne pas avoir vu mon père depuis quatre ou cinq mois, mais vous vous n'avez pas vu Samuel Paty depuis quatre ans", poursuit-elle.
Si l'adolescente n'a pas assisté au cours durant lequel Samuel Paty a dévoilé les caricatures, elle a bien été exclue, deux jours plus tôt, le 5 octobre 2020, "car je perturbais le cours", explique-t-elle. Le 7 octobre, elle effectue son retour en classe. "Deux jeunes filles de ma classe me disent qu'elles ont vu des caricatures la veille et que ça les a choquées", raconte-t-elle. C'est alors que la folle rumeur est lancée, le mensonge est lâché auprès de ses parents.
"J'ai détruit votre vie"
Rapidement, son père - Brahim Chnina - relaye le message de la jeune fille auprès de ses contacts, dont Abdelhakim Sefrioui, un prédicateur islamique. Le père de la collégienne publie ensuite des vidéos ciblant Samuel Paty, avant que Sefrioui ne publie à son tour une vidéo appelée "l'islam et le prophète insulté dans un collège public". C'est à travers cette vidéo que le terroriste Anzorov aurait appris l'existence de Samuel Paty. Brahim Chnina risque désormais jusqu'à 30 ans de prison pour association de malfaiteur terroriste. Aujourd'hui âgée de 17 ans, l'ancienne élève du collège dans lequel enseignait Samuel Paty a assuré n'avoir "jamais eu de problème" avec lui. "J'ai détruit votre vie", a-t-elle déclaré à la famille du professeur assassiné.