Trois morts durant la canicule : pour quelle raison ? Deux versions s'opposent

Trois morts durant la canicule : pour quelle raison ? Deux versions s'opposent Deux personnes sont mortes "à la suite de malaises liés à la chaleur" selon le gouvernement. Un troisième décès pourrait également être imputé à la canicule. Des enquêtes sont en cours.

La France étouffe sous une vague de chaleur intense. Ce mardi 1er juillet a été la journée la plus chaude de la semaine. Seize départements ont été placés en alerte rouge canicule, la sixième fois seulement depuis sa création en 2004. Les premières conséquences sont déjà visibles. Lors d'une conférence de presse ce mercredi 2 juillet, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a déclaré que "plus de 300 personnes ont été prises en charge en urgence par les pompiers" et que deux personnes sont mortes "à la suite de malaises liés à la chaleur".

La première victime est un homme de 35 ans, salarié d'une entreprise de travaux publics à Besançon (Doubs). Ce lundi 30 juin, il venait de quitter un chantier en voiture lorsqu'il a été pris d'un arrêt cardio-respiratoire. Ses collègues, inquiets, ont aussitôt immobilisé le véhicule au bord de la RN57, près du parc des expositions Micropolis, pour appeler les secours et le sortir du véhicule. La police s'est également rendue sur place. 

"Il se plaignait de la chaleur depuis le matin", rapportent les sapeurs-pompiers du Doubs, auprès de France 3 Bourgogne-Franche-Comté. Pris en charge très rapidement par le SMUR, l'homme a été transporté dans un état grave au CHU Jean-Minjoz. Malgré les efforts des équipes médicales, il n'a pas pu être réanimé. Le parquet de Besançon a ordonné une autopsie, réalisée ce mardi, mais elle "n'a pas permis de déterminer les causes de la mort" selon eux. Des analyses complémentaires sont en cours. Par ailleurs, l'inspection du travail a été saisie. Ce décès survient à la veille de l'entrée en vigueur de nouvelles obligations pour les employeurs, imposées par un décret du 27 mai 2025, visant à mieux protéger les salariés exposés à la chaleur. Ces mesures sont effectives depuis le 1er juillet.

Un homme sans-abri retrouvé mort

Toujours à Besançon, un homme a été découvert en état de "raideur cadavérique" devant une église, selon les pompiers du Doubs, ce mardi 1er juillet. L'homme, âgé d'environ 50 à 60 ans, serait sans domicile fixe. Son décès a été constaté en début de matinée par le SMUR et une enquête est en cours pour établir les circonstances du drame. La municipalité de Besançon a exprimé sa tristesse : "Un homme est décédé ce matin, très certainement en lien avec la canicule en cours. Nous sommes très attristés de cette nouvelle, et apportons toutes nos condoléances".

Les personnes sans abri sont parmi les plus exposées en période de canicule. L'association Entourage rappelle : "Contrairement aux idées reçues, les personnes sans domicile fixe n'attendent pas l'hiver pour mourir, puisque 30% des morts à la rue ont lieu entre juin et septembre et seul 1% des décès hivernaux sont dus à l'hypothermie". En Île-de-France, "un effort colossal" a été fait pour protéger "plus de 500 personnes en situation très précaires" des fortes chaleurs, a annoncé la présidente du conseil régional, Valérie Pécresse sur France 2. Il ont été mis à l'abri dans des structures climatisées : "Dans cette situation de chaleur extrême, si les personnes ne sont pas mises à l'abri il peut y avoir des conséquences mortelles", a-t-elle justifié.

Un septuagénaire est décédé à Grenoble

Un troisième décès a été constaté à Grenoble ce même jour. Un homme de 71 ans a été retrouvé sans vie dans sa chambre à la résidence "Les Alpins". La police nationale a évoqué un décès "peut-être dû à la chaleur" mais selon les informations de Ici Isère, le décès n'est pas forcément imputable à la canicule. "Le certificat du médecin indique un décès de cause naturelle. La personne était suivie pour une pathologie nécessitant des passages infirmiers quotidiens", indique la ville de Grenoble.

Ces décès ne sont peut-être que les premiers d'une longue série. En 2024, les trois épisodes de canicule avaient entraîné 3 711 morts directement lié à la chaleur, soit 2 % de la mortalité estivale totale, selon Vie Publique. Un chiffre déjà bien en deçà de l'année précédente : 5 167 morts en 2023. Alors que la chaleur s'installe, l'inquiétude monte. "On recense plus de décès depuis une quinzaine de jours", confie justement Pierre-Marie Tardieux, le chef des urgences de Nice auprès du Parisien. Si le phénomène reste sous contrôle pour l'instant, la mémoire collective reste marquée par la canicule de 2003, qui avait causé la mort de 15 000 personnes en France. Un scénario que les autorités espèrent à tout prix éviter.

Pour autant, il est "trop tôt" pour tirer un bilan de la canicule, d'après Catherine Vautrin, ministre du Travail et de la Santé. "Je me garde de tirer la moindre conclusion, les conséquences sur les organismes on ne les a pas encore vues, (...) dans les jours qui viennent nous verrons les conséquences, notamment sur les plus vulnérables (...) Il est trop tôt", affirme-t-elle ce mercredi sur BFMTV.