Abraracourcix est inspiré d'un personnage historique célèbre qui n'est même pas gaulois (et personne ne le sait)

Abraracourcix est inspiré d'un personnage historique célèbre qui n'est même pas gaulois (et personne ne le sait) Abraracourcix, personnage des aventures d'Astérix, n'est pas inspiré d'un chef gaulois. C'est une toute autre figure qu'Uderzo a choisi de détourner avec humour.

Astérix et Obélix sont partis pour de nouvelles aventures, avec la sortie d'un album inédit écrit et dessiné de nouveau par le duo Fabcaro et Didier Conrad. Les deux Gaulois, de retour en librairie, arpentent la Lusitanie, dans laquelle on reconnait notamment la capitale portugaise, Lisbonne. Dans cette histoire, un ancien esclave, déjà vu dans Le Domaine des dieux, va débarquer au village des irréductibles gaulois pour leur demander leur aide. C'est un clin d'oeil direct au travail d'Uderzo et Goscinny.

Ce dernier se nomme "Boulequiès". Dans les aventures d'Astérix, les noms ne sont jamais choisis au hasard. Abraracourcix, par exemple, le chef du village, a un nom qui vient de l'expression "tomber à bras raccourcis sur quelqu'un", soit se jeter avec brutalité sur quelqu'un. C'est en fait ici un renversement de l'expression "avoir le bras long" car il n'est pas un chef craint, mais plutôt sans cesse humilié.

Ce qui est indissociable de ce personnage, c'est son bouclier, sur lequel il est souvent porté. Derrière cette image se cache, en réalité, une référence historique. Porter le chef ainsi est une coutume mérovingienne, importée en Gaule au Ve siècle. C'est donc un anachronisme, sachant que l'histoire se passe au 1er siècle avant J-C. Abraracourcix n'est donc pas, comme on pourrait le penser, inspiré d'un chef gaulois ayant existé, mais se rapporte plutôt à une autre grande figure, qui n'est pas gaulois : le mérovingien Clovis, premier roi des Francs, qui a unifié presque toute la Gaule et s'est converti au christianisme.

Clovis était souvent représenté porté par des guerriers sur un pavois, grand bouclier des Francs, avec la main sur son épée. Il s'agit d'une pratique mérovingienne identifiée par les Historiens. On retrouve cette image dans l'Histoire de France d'Ernest Lavisse, qui a été réutilisée dans les manuels scolaires. C'est aussi dans cette position qu'a été dessiné le personnage d'Abraracourcix dans sa première apparition dans l'histoire Astérix le Gaulois.

Sa silhouette et son comportement viennent volontairement casser cette ressemblance. Malmené par son épouse Bonemine, ce personnage ne cesse de se ridiculiser. L'un des gags récurrents des albums sont ses chutes répétées de son bouclier. Il tombe le plus souvent quand il est gagné par l'attrait du pouvoir, comme dans La Zizanie, le quinzième album, où il s'invente un destin de sénateur. Le chef du village y dénombre pas moins de six chutes du haut de son pavois.

Abraracourcix est ainsi souvent ramené au fait qu'il est semblable aux autres. "Abraracourcix nous renvoie d'abord à la figure héroïque de Clovis, sauf que tout de suite on va la déconstruire", avait commenté Nicolas Rouvière, maître de conférence à l'université de Grenoble et critique de bande dessinée français, auprès de Radio France.

S'il s'agit d'une représentation très comique, le personnage reste le symbole de la souveraineté gauloise face à l'envahisseur romain. Son bouclier est, en effet, désigné comme ayant appartenu à Vercingétorix, chef gaulois qui a perdu la bataille d'Alésia en 52 avant J-C face à l'armée de Jules César.