Mastication, reniflements, ces petits bruits vous rendent fous ? Vous êtes peut-être misophone

Mastication, reniflements, ces petits bruits vous rendent fous ? Vous êtes peut-être misophone Plus d'un Français sur 10 est touché par la misophonie. Vous en faites peut-être partie.

Votre collègue s'agite sur son clavier, votre ami mastique un chewing-gum, votre enfant se ronge les ongles et tous ces bruits vous agacent profondément. Et si vous souffriez de misophonie ? Ce terme apparu dans les années 2000 reste encore très méconnu. Etymologiquement, il vient du grec "misos" qui signifie "aversion" et "fonos" pour "bruit". 

La misophonie est alors décrite par la fondation pour l'Audition comme une "aversion intense et irrationnelle envers des sons ou bruits spécifiques". Physiquement, elle serait provoquée par une hyperactivation du cortex insulaire inférieur, une région cérébrale qui permet habituellement d'orienter l'attention sur ce qui se passe autour de soi. 

Les bruits qui affectent le plus souvent les personnes atteintes de misophonie sont les ronflements, les bruits nasaux, les grincements de dents, les aspirations et même parfois la simple respiration. Ce qui différencie les personnes atteintes de misophonie de celles seulement un peu dérangées par le son c'est la puissance de la réaction. Les misophones sont souvent sujets à la panique ou à la détresse : des cris et des pleurs peuvent être constatés. La personne n'arrive alors plus à se concentrer sur autre chose et se sent comme obnubiler par le bruit. Elle peut aussi éprouver une profonde colère vis-à-vis de la personne qui émet ce son. A force de tenter de s'écarter des bruits, il y a un risque de repli sur soi et d'isolement.

La misophonie reste difficile à diagnostiquer. Les psychiatres s'appuient alors sur une échelle d'évaluation bien spécifique : la Amsterdam Misophonia Scale, une version adaptée de celle utilisée pour mesurer les TOC. La misophonie peut être détectée à partir de 12 ans en moyenne. Sans prise en charge, les misophones constatent souvent au fil des années que la liste des bruits insupportables s'allongent. En dehors d'un suivi, il est aussi conseillé de combattre le trouble en évitant, par exemple, de fuir en mettant des bouchons d'oreilles ou des écouteurs et en préférant adopter des techniques de relaxation.

La part de personnes qui en souffriraient serait assez importante. Une étude publiée en 2023 au Royaume-Uni avait recensé que 18,4% des Britanniques seraient touchés. En France, selon handicap.fr, cela serait à hauteur de 15% mais à différents degrés.