Ce qui était autorisé dans Notre-Dame le jour de la "fête des fous" est effarant

Ce qui était autorisé dans Notre-Dame le jour de la "fête des fous" est effarant Notre-Dame de Paris était autrefois le centre de la "Fête des fous". Ce qui était autorisé dans la cathédrale est ahurissant.

Si vous avez lu Notre-Dame de Paris, la Fête des fous n'a sans doute aucun secret pour vous. Cette fête, romancée sous la plume de Victor Hugo, durait dix jours, du 28 décembre à l'épiphanie, une fête catholique commémorant la manifestation de Jésus enfant aux Rois mages. Elle trouve ses origines au Moyen-Âge et serait sûrement dérivée des Saturnales ou des Bacchanales datant de l'époque romaine.

Lors de ces célébrations, la jouissance et le plaisir primaient sur les conventions sociales. Affranchis le temps d'un instant, les esclaves pouvaient donner des ordres à leur maître tandis que les riches quittaient leur toge au profit d'une tunique, un vêtement habituellement porté par les pauvres. 

Lors de la Fête des fous, comme l'a bien expliqué l'historien des moeurs Aubin Louis Millin de Grandmaison, l'ordre social était également renversé symboliquement. Il devenait commun de voir des clercs en train de s'enivrer, de fréquenter des femmes ou de se battre dans les rues. Au cours des festivités, ils nommaient quelqu'un, souvent un profane, pour jouer le rôle du "pape des fous". À l'image de Quasimodo, il était béni et paradé sur un prétendu trône pontifical. Pour parfaire l'illusion, il se couvrait d'ornements religieux et déambulait, une crosse à la main, pour bénir ses adeptes. Sur la tête, il portait une mitre, soit un chapeau triangulaire habituellement réservé aux évêques. 

Son entrée dans la cathédrale était rythmée par le tintement des cloches et les applaudissements de la foule. Dans la foulée, une parodie de messe était donnée sous les acclamations d'un public disparate où se mélangeaient des clercs déguisés en femme, des individus au visage couvert de suie ou arborant des masques affreux. Une fois la cérémonie terminée, l'heure était au charivari. Les lieux était pris d'assaut, la nef de Notre-Dame servait à toutes sortes de jeux. Sous l'effet de l'alcool, certains mangeaient des mets gras et sales sur l'autel ou brûlaient de vieilles savates dans les encensoirs. On chantait, on dansait, le tout dans une ambiance propice aux excès et à l'outrance.

Longtemps tolérée, la Fête des fous a tout de même était visée par des tentatives d'encadrement, comme celle du théologien Pierre de Corbeil, peu amusé face à ces parodies relevant du "sacrilège". La fête disparait finalement au XVIème siècle, emportant derrière elle les mœurs débridées qui avaient fini par dérangé la hiérarchie des clercs.