Dans ce pays, les retraités préfèrent finir leur vie en prison
D'un pays à un autre, les conditions de détention varient. En France, par exemple, la situation des détenus a eu tendance à se dégrader avec le temps. En témoigne le rapport annuel sur l'état des prisons du contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL). Il fait le constat "de records pour la surpopulation carcérale en 2023" avec 77 450 détenus pour 61 570 places de prison.
À l'extrême inverse, le Japon affiche "un taux d'incarcération et un taux d'occupation des prisons parmi les plus faibles des pays développés", indique Prison Insider. S'ajoute une proportion des détenus âgées parmi les plus élevée au monde avec un détenu sur cinq de plus de 60 ans. Et pour cause : de plus en plus de retraités récidivent pour retourner en prison, rapporte CNN. "Ils sont nombreux à revenir à cause du froid ou de la faim", explique Shiranaga, gardienne de la prison pour femmes de Tochigi, au nord de Tokyo.
Au Japon, 25,4% des plus de 75 ans vivent en dessous du seuil de pauvreté, contre 16,1 % pour la moyenne des pays de l'OCDE selon la Fédération Internationale des Petits Frères des Pauvres. Une situation précaire qui augmente le sentiment d'insécurité des plus démunis. C'est pourquoi, lorsqu'il faut choisir entre affronter un monde extérieur seul ou être enfermé avec du monde, ils sont nombreux à choisir la seconde option.

La prison offre en effet des avantages non négligeables pour cette population vieillissante : à l'intérieur, les détenus peuvent se nourrir à leur faim, bénéficier de soins et avoir de la compagnie, ce qui leur manque à l'extérieur. C'est le cas d'Akiyo, une sexagénaire qui purge sa deuxième peine derrière les barreaux. Interrogée par CNN, elle raconte avoir été emprisonnée dans le centre carcéral de Tochigi pour un vol à l'étalage. "Si j'avais eu un mode de vie confortable, je ne l'aurais pas fait ", affirme-t-elle.
Le vol est le délit le plus fréquent chez les personnes âgés, en particulier les femmes. En 2022, il concernait plus de 80% des détenues seniors, selon le gouvernement japonais. Une affluence qui se répercute sur les conditions carcérales habituelles. "Nous devons maintenant changer leurs couches, les aider à prendre leur bain, les nourrir", explique Shiranaga. À ce stade, on se croirait plus dans une maison de retraite que dans une prison remplie de criminels".
Pour autant, les conditions de détentions au Japon sont loin d'être idéales. Selon un rapport de l'ONG Human Rights Watch (HRW), paru en 2023, le système carcéral japonais actuel "ne répond pas aux besoins du nombre croissant de prisonniers âgés". L'organisation dénonce notamment des services de santé insuffisants et l'usage "arbitraire et prolongé" du confinement solitaire.