Une nouvelle menace se propage chez les élèves, un professeur alerte sur la catastrophe au collège et au lycée
Pour eux, comprendre ou rédiger un texte n'est pas toujours une évidence. 10% des adultes ont des difficultés avec l'écrit, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Mais une nouvelle menace pèse sur la maîtrise de la lecture et de l'écriture et elle est assez évidente : le recours aux IA et en particulier aux robots conversationnels.
Alain Bentolila, professeur à l'université de Paris, linguiste et spécialiste de l'illettrisme, s'en inquiète dans le quotidien La Libre. Pour lui, les élèves se sont déjà rapidement habitués à l'utilisation de ChatGPT et en ont tiré une fausse croyance, qu'il résume ainsi : "N'écrivez plus, ne créez plus ! Recopiez ! Vous ferez de toute façon moins bien !"
Désormais facilement accessible, l'intelligence artificielle bouleverse en effet le rapport à l'apprentissage. Le risque est que les élèves ne se laissent plus le temps d'apprendre et de se tromper avant de maîtriser un sujet, selon l'universitaire. "Toute attente, tout délai imposés par un tâtonnement souvent laborieux les exaspéreront et pourront les mettre dans une colère souvent rentrée et paralysante. Pour la plupart, ces élèves rendus fragiles seront incapables de faire l'effort de construire des réponses par le dialogue et l'argumentation", explique-t-il.

Le risque le plus grand est que les enfants se découragent, en se disant qu'ils n'écriront jamais aussi bien que les IA. "L'idée même d'une écriture singulière, en quête d'originalité, est bafouée par ChatGPT. [...] De ce point de vue, ChatGPT est notre ennemi juré ; il est une menace pour nos enfants, pour nos élèves", tranche le linguiste. Notons qu'Alain Bentolila a néanmoins été plusieurs fois critiqué (voire démenti) pour son analyse de l'école et de son évolution (ici, ici, ou encore là).
Reste que les élèves ont bel et bien tendance à porter un regard négatif sur leurs connaissances, comme le signale l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP). Certains développent une culpabilité de ne pas bien écrire ou bien s'exprimer. Un complexe qui renforcerait cette pratique qui se développe à grande vitesse dans les écoles ou les collèges : se tourner d'entrée vers l'IA et sa base de connaissances, pour éviter de se confronter à la feuille blanche, de faire appel à ses propres savoirs, de mettre en place une réflexion personnelle, avec sa propre expression écrite.
La principale raison pour laquelle les jeunes de la génération Z (13-17 ans) utilisent un chatbot alimenté par l'IA est d'obtenir une aide dans leurs devoirs scolaires, indique en outre une étude menée par YPulse. Un vrai problème pour les enseignants, surtout pour les travaux effectués à la maison. "Les élèves chemineront sur la voie de la passivité car ils se seront habitués à se contenter de réponses immédiates, évidentes et définitives", redoute encore Alain Bentolila.