Election 2022 au Brésil : des débats électriques mais médiocres entre Lula et Bolsonaro

Election 2022 au Brésil : des débats électriques mais médiocres entre Lula et Bolsonaro ELECTION BRESIL. Lula et Bolsonaro n'ont pas convaincu lors du premier débat de l'entre-deux-tours mais ils ont une nouvelle occasion pour défendre leur programme ce vendredi 28 octobre, deux jours avant la présidentielle au Brésil. Sauront-ils convaincre ?

Il n'y a pas de campagne sans débat et les candidats à l'élection présidentielle au Brésil le savent bien. Pourtant aucune confrontation organisée entre les différents prétendants à la présidence n'a brillé par son niveaux et ils sont les seuls à blâmer, en particulier Lula et Bolsonaro. Si lors des trois débats qui se sont tenus avant le premier tour les deux favoris de l'élection ont pu être déstabilisés voire handicapés par la présence d'autres concurrents et les innombrables attaques qui les visaient, ils n'ont plus d'excuses pour justifier leur médiocre performance durant l'entre-deux-tours. Les électeurs comme la presse ont été déçu du débat télévisé du 16 octobre et attendent mieux du dernier duel entre les deux candidats ce vendredi 28 octobre. Est-ce que Lula et Boslonaro préfèreront de nouveau s'étendre sur la critique du bilan ou du programme de l'adversaire plutôt que la défense de leurs propres projets présidentiels ? La dernière fois les insultes et provocations avaient fusé durant les presque deux heures de débat, Lula avait été qualifié de "honte nationale" et de "roi des fausses informations" tandis que Bolsonaro avait été traité de "petit dictateur". 

Un deuxième et dernier débat avant l'élection présidentielle

Deux débats été annoncés durant la campagne d'entre-deux-tours et après la confrontation du 16 octobre, un dernier duel est prévu ce vendredi 28 octobre 2022 entre Lula et Bolsonaro. Les deux candidats ont une dernière chance de débatte de leurs idées et surtout de convaincre les électeurs de les préférer par rapport à l'adversaire à seulement deux jours du scrutin du second tour. Ce débat télévisé et diffusé sur la chaîne la plus regardée du pays, TV Globo, est donc plein d'enjeux pour les prétendants à la présidentielle mais à moins d'une surprise, le duel devrait ressembler à celui organisé il y a deux semaines. D'abord, les conditions devraient être semblable : le rôle des journalistes limité à la modération et l'animation mais exempté de tout fact-checking et les candidats devraient pouvoir se déplacer à leur guise sur le plateaux. 

Si le forme devrait être identique ou presque c'est aussi le cas du fond, à moins d'une grande surprise et d'un changement de tactique brutal de la part des candidats. Depuis le début de la campagne, tous les débats se sont plus souvent résumés en une succession d'attaques qu'en combat d'idées et de projets constructif. Reste que le débat sera très suivi ce vendredi après le goût de déception qu'a laissé celui du 16 octobre et le refus de Lula de participer au débat du 21 octobre sous prétexte d'une i"ncompatibilité avec son calendrier de campagne".

Entre Lula et Bolsonaro, des débats présidentiels stériles ?

Le débat du 16 octobre n'a pas fait avancer la campagne présidentielle de l'élection brésilienne. Alors que Lula et Bolsonaro ont chacun eu presque une heure de temps de parole, ils ont préféré la gaspiller en échangeant des attaques maintes fois répétées lors des meetings plutôt que de prêter attention aux préoccupations des électeurs. Les sujets de fonds sont pourtant nombreux durant l'élection présidentielle alors que le Brésil traverse une crise socio-économique, environnementale et démocratique. Certains ont bien été mis sur la table par les animateurs et modérateurs du débat mais les échanges ont cruellement manqué de profondeurs. Alors que les programmes notamment économiques des candidats restent flous sur certains points, ni Lula, ni Bolsonaro n'a profité du débat pour présenter et défendre sa future politique. Aucune solution nouvelle pour tenter de sortir le Brésil de la crise n'a été évoquée à gauche comme à l'extrême droite, les deux candidats se reposant sur des promesses d'augmentation des aides ou du salaire minimum. Même constat sur les autres sujets importants que sont la protection de l'environnement et de l'Amazonie ou la place du Brésil dans la politique internationale, point sur lequel Lula a fustigé le bilan du président sortant et assuré de "rouvrir le Brésil au monde".

Qui de Lula ou Bolsonaro a gagné le débat présidentiel ?

Impossible de nommer un vainqueur sur le fond, la forme ayant pris le dessus durant le duel entre Lula et Bolsonaro. Sur le plateau, les deux candidats se sont plutôt vus sur un ring et les attaques se sont succédées. Lula a pris la main lors de la première moitié du débat en tenant Bolsonaro responsable de "négligences" et de la catastrophe sanitaire causée par la crise du Covid-19 au Brésil, durant laquelle 680 000 personnes sont mortes du virus. Le candidat de la gauche a aussi attaqué le président sortant en le qualifiant de "petit dictateur" souhaitant mettre à mal l'indépendance et l'institution judiciaire. 

Les rapports de force se sont ensuite inversés quand Jair Bolsonaro a touché la corde sensible du Parti des Travailleurs : les affaires de corruption. Alors que Lula a botté en touche, le président sortant a enchainé sur les rapports du candidat adverse avec les gouvernements autoritaires de gauche des pays voisins du Brésil. La balance est finalement revenue à l'équilibre à la fin du débat mais Lula a marqué un point de plus en jouant la carte de la provocation subtile et en obligeant le candidat du Parti libéral à se tirer une balle dans le pied. Alors que deux jours avant le débat Lula avait accusé Bolsonaro de comportements et de tendances pédophiles après les propos ambigus du chef de l'Etat sur des jeunes adolescentes Vénézuéliennesdans une interview accordée le 14 octobre, le candidat de la gauche a décidé d'orner sa veste d'une broche portant le logo de la lutte contre les abus sexuels d'enfants et d'adolescents. La président sortant s'est senti obligé de répondre aux accusations et de se défendre mais a remis le souvenir de sa sortie malheureuse dans les mémoires, ce qui a pu le desservir.