Comment l'opposition se mobilise contre la réélection de Vladimir Poutine

Comment l'opposition se mobilise contre la réélection de Vladimir Poutine L'élection présidentielle russe débute ce vendredi 15 mars et se déroulera jusqu'à dimanche 17 mars. Les opposants au régime s'organisent pour se faire entendre, mais Vladimir Poutine est d'ores et déjà assuré d'être élu.

L'élection présidentielle en Russie débute ce vendredi 15 mars et durera trois jours. Vladimir Poutine est assuré d'être élu pour un troisième mandat consécutif, les deux seuls candidatures d'opposition sérieuses ayant été écartées par la Commission électorale. Mais même si les résultats de l'élection sont connus d'avance, l'opposition s'organisent pour se faire entendre. 

Ioulia Navalnaïa, veuve de l'opposant Alexeï Navalny devenue figure de l'opposition après le décès de son mari, appelle à suivre le mouvement "Midi contre Poutine". Le principe : aller voter le dernier jour du scrutin, dimanche, à midi. Une initiative qui avait été lancée par Maxim Reznik, ancien membre du Conseil municipal de Saint-Pétersbourg, puis relayée par Alexeï Navalny avant son décès. Plusieurs femmes de soldats russes actuellement au combat en Ukraine soutiennent elles aussi cet appel. "A midi, le taux de participation est déjà élevé, il y a beaucoup de monde et il est tout simplement impossible d'identifier ceux qui votent contre Poutine", expliquait Navalny en février pour rassurer les opposants à Vladimir Poutine et les inciter à prendre par à l'action symbolique sans craindre de représailles.

D'autres actions s'organisent, comme celle de "s'habiller aux couleurs du drapeau anti-guerre, en bleu et en blanc". Une idée de Mikhaïl Khodorkosvki, ancienne première fortune de Russe, qui avait été emprisonné pendant 10 ans pour "escroquerie" et "évasion fiscale". Tout comme Ioulia Navalnaïa, l'ancien homme d'affaires appelle également à écrire le nom d'Alexeï Navalny sur le bulletin de vote.

Des actions symboliques mais sans conséquence sur le scrutin

Des actions symboliques qui n'auront aucune conséquence directe sur les résultats du scrutin. Lesquels sont "fabriqués" et donc contrôlés par les autorités russes grâce à "différentes technologies qui, à différents moments de l'élection, assurent le vote" explique Anna Colin Lebedev, politologue spécialiste des sociétés post-soviétiques à franceinfo. Elles pourraient également, selon l'opposition, falsifier des procès-verbaux faits après le dépouillement, ou encore procéder à un bourrage d'urnes. 

Jusqu'à présent, il y a toujours eu un opposant à Vladimir Poutine lors des élections présidentielles russes. Il s'agissait d'un "candidat utile", toléré, voire désigné par le Kremlin et dont le score était toujours faible. Mais cette fois-ci, les trois candidats autorisés à participer (Leonid Slutsk, Nikolai Kharitonov et Vladislav Davankov) sont tous en accord avec le régime du Kremlin, ne remettent jamais en question les décisions de Vladimir Poutine et soutiennent la guerre en Ukraine. D'ailleurs, aucun débat électoral n'est prévu, une première depuis que Vladimir Poutine est au pouvoir. Autre fait inédit : il n'y aura pas d'observateur indépendant dans les bureaux de vote. "Ce sera l'élection la moins transparente de l'histoire de la Russie", selon l'ONG Golos, qui a dû fuir le pays.

Malgré cette absence d'opposition à Vladimir Poutine parmi les candidats à la présidentielle russe, Maxim Katz, un opposant politique en exil et ancien chef adjoint de la campagne d'Alexeï Navalny de 2013, appelle à voter pour Vladislav Davankov. "Davankov représente ce qu'il y a de plus libéral en Russie actuellement. S'il obtient plus de 5% et prend la seconde place, cela veut dire qu'une partie de l'électorat anti-guerre se mobilise et cherche une réponse politique", selon le directeur de l'Observatoire franco-russe Arnaud Dubien, interrogé par BFMTV. Mais l'appel est loin de faire l'unanimité et même s'il était suivi, il aurait peu de chance de renverser Vladimir Poutine.