Israël est-il vraiment capable de poursuivre son offensive sur Gaza "seul" ?

Israël est-il vraiment capable de poursuivre son offensive sur Gaza "seul" ? Joe Biden a menacé de suspendre la livraison de certaines armes à Israël, après des incursions de Tsahal à l'est de Rafah. En réponse, Benjamin Netanyahu a assuré qu'il continuerait à combattre "seul", sans l'aide des Etats-Unis.

"Si nous devons tenir seuls, nous tiendrons seuls. Je l'ai déjà dit, s'il le faut, nous combattrons avec nos ongles", a affirmé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, jeudi 9 mai, dans un communiqué. Une déclaration en réponse à l'avertissement le plus sévère des Etats-Unis depuis le début du conflit : le président américain Joe Biden a menacé pour la première fois de suspendre la livraison de certaines armes à Israël, dont Washington est le premier soutien militaire. En cause, l'opération militaire à Rafah, au sud de la bande de Gaza. "S'ils entrent à Rafah, je ne leur livrerai pas les armes qui ont toujours été utilisées (...) contre des villes", a déclaré le locataire de la Maison Blanche dans un entretien avec la chaîne CNN diffusé le mercredi 8 mai. La semaine dernière, les Etats-Unis avaient déjà suspendu la livraison à Israël "de 1.800 bombes de 2.000 livres (907 kg) et de 1.700 bombes de 500 livres (226 kg)", une suspension confirmée ce jeudi par un haut responsable américain. 

Israël a-t-il "suffisamment d'armement" ?

Mais l'Etat hébreu a-t-il les capacités de poursuivre son offensive sur Gaza et Rafah "seul" ?  Tsahal affirme avoir les armes nécessaires pour mener à bien son objectif sur la bande de Gaza, en incluant Rafah. L'armée "a suffisamment d'armement pour accomplir sa mission à Rafah", a assuré jeudi le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée. Le 2 mai, déjà, Benjamin Netanyahu avait estimé que les juifs devaient être capables de se "défendre seuls" car "personne ne (les) protégera". 

Au sein du gouvernement israélien, les voix s'élèvent pour soutenir la position de Benjamin Netanyahu.  Le ministre israélien des Finance Bezalel Smotrich, placé à l'extrême droite de l'échiquier politique et en faveur d'une offensive sur Rafah, a assuré que son pays "obtiendrait une victoire totale dans cette guerre malgré le recul du président Biden et l'embargo sur les armes". Même son de cloche pour le ministre de la Défense, Yoav Gallant. "Je m'adresse aux ennemis d'Israël aussi bien qu'à nos meilleurs amis : l'Etat d'Israël ne peut être assujetti, les forces armées et l'appareil de défense non plus", a-t-il déclaré, lors d'un discours à l'occasion d'une cérémonie, jeudi 9 mai. Et d'ajouter : "Nous resterons fermes, nous parviendrons à nos objectifs : nous frapperons le Hamas, nous frapperons le Hezbollah et nous obtiendrons la sécurité".

Malgré la menace des Etats-Unis, Israël a poursuivi son offensive et ses frappes sur Rafah. Depuis le 7 mai, Tsahal a déployé des chars dans Rafah, où se trouvent 1,4 millions de Palestiniens, et pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte, où se trouvait la principale porte d'entrée pour les convois d'aide humanitaire. Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, "a exprimé le soutien des Etats-Unis à la réouverture du point de passage de Rafah et à la poursuite de l'acheminement d'une aide humanitaire qui est urgente" par la voix de son porte-parole. Mais pour l'ambassadeur d'Israël à l'ONU, Gilad Erdan, la menace et la position de Joe Biden sont "difficiles à entendre et très décevantes".